Haro sur la Voiture Électrique

Un numéro spécial de Charlie Hebdo

Dans son numéro spécial du 1er juin, Charlie Hebdo évoque ″La dernière arnaque avant l’apocalypse« : la voiture électrique.  Il y est dit, entre autre, que pour extraire 1 Kg de certaines de ces terres rares qui entrent dans la composition des accumulateurs il faut – après avoir déforesté quelques milliers d’hectares (de préférence dans l’hémisphère sud) – extraire 1200 tonnes de roches. Et ça n’est que la partie émergée de ce véritable Electricgate.

Viendra le temps où se poseront les problèmes énergivores de stockage, de recyclage et de retraitement des déchets, avec en toile de fond les contraintes liées à la santé précaire des centrales nucléaires. Soyons-en sûr, à ce moment là, de savants technocrates sponsorisés par des lobbyistes, eux même adoubés par nos chers politiques (ou l’inverse!), trouveront certainement les moyens de créer de nouvelles taxes branchées écologie d’opérette, censées – comme d’habitude – nous convaincre que c’est le prix à payer pour pouvoir nous sortir le cul des ronces.

Alors que les ZFE limitant la circulation des véhicules perfidement estampillés comme les plus polluants, alors que les députés européens viennent de valider la fin de la vente des véhicules essence et diesel à l’horizon 2035, on en pense ce que l’on veut mais à minima l’on se doit de jeter un œil sur ce dossier qui, pour une fois, prend le contrepied des sempiternels discours lénifiants qui prétendent nous convaincre que pour sauver la planète il suffit d’acheter des voitures électriques.

Un numéro à retrouver chez votre marchand de journaux ou ici :

https://abo.charliehebdo.fr/common/product-article

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Un article dans le même hebdo

Il date de juillet 2021 !

L’arnaque de la voiture propre

La voiture propre serait-elle la voiture électrique ? C’est ce que tente de nous convaincre les constructeurs automobiles et le gouvernement. Pourtant ce n’est pas si simple et ça pourrait même être tout l’inverse comme le montre Nicolas Meunier dans son livre « L’arnaque de la voiture propre ».

Un pot d’échappement, ça pue et ça fait du bruit, tout le monde est d’accord. La voiture électrique serait-elle la solution ? C’est ce que nous dit le gouvernement, qui, sous prétexte de « renouveler le parc automobile français en faveur des véhicules propres », a mis en place un « bonus écologique » offrant une réduction pour tout achat d’une voiture électrique. Même le pétrolier Total clame que « le véhicule électrique est l’avenir de la voiture ».

De nombreuses études scientifiques ont pourtant montré que ce n’est pas si simple, et un nouveau livre enfonce le clou : L’Arnaque de la voiture propre, par Nicolas Meunier (éd. Hugo Doc). L’auteur, ingénieur automobile et journaliste à Challenges, décortique toutes les données. Il faut d’abord prendre en compte la construction du véhicule, qui dégage plus de CO2 pour une voiture électrique qu’à essence, notamment à cause des batteries, qui sont généralement produites en Chine, avec de l’énergie issue du charbon. « En tentant de limiter les émissions polluantes locales, on en crée une plus importante au niveau du lieu de production », conclut Nicolas Meunier. Au total, même après plusieurs milliers de kilomètres, il n’est pas du tout évident que la voiture électrique soit moins polluante (et il faudrait ­aussi tenir compte de la production d’électricité : si on intégrait les déchets nucléaires dans le bilan, la voiture électrique remporterait la palme de la pollution !). Il y a aussi les matériaux nécessaires aux cellules électriques, comme le cobalt ou le lithium dont l’extraction est très polluante (en République démocratique du Congo, en Australie, en Amérique du Sud…). Et puis, les voitures électriques se démodent beaucoup plus vite que les modèles à essence ou Diesel, ce que Nicolas Meunier résume de la façon suivante : « Acheter une voiture électrique aujourd’hui, c’est comme acheter un magnétoscope juste avant l’arrivée des DVD. » Chaque nouvelle génération de ces véhicules rend totalement obsolète la génération précédente. Donc, forcément, moins ça dure, plus ça pollue.

On en revient à ce problème qui concerne toutes les voitures, et pas que les électriques : elles sont de moins en moins réparées. Sur ce sujet, il faut lire les livres de Matthew Crawford, étonnant Américain garagiste-intellectuel (ou l’inverse), vu qu’il enseigne la philosophie à l’université de Virginie et qu’il tient en même temps un atelier de réparation de motos. Dans un précédent essai, devenu un classique, Éloge du carburateur, il transformait sa passion des ­moteurs en manifeste contre la société de consommation. Et dans son dernier livre, Prendre la route (éd. La Découverte), il développe une « philosophie de la conduite » permettant de « concilier amour de la mécanique et esprit civique ». Cela passe, entre autres, par la revalorisation des « vieux tacots, une richesse méconnue » car « ce préjugé contre l’ancien a fourni un vernis avant-gardiste à la mentalité du tout-jetable ». Matthew Crawford dénonce aussi l’automatisation des voitures qui entraîne une « atrophie de nos facultés créatrices » en nous « dépossédant d’un ensemble d’aptitudes de responsabilités cruciales ». Plutôt que de faire de la bagnole un produit de consommation sur lequel on perd toute maîtrise et qu’on balance à la première défaillance, il serait bien plus écolo d’entretenir une relation vraiment durable avec elle.

Qu’est-ce qui est plus « propre » : une vieille 4L qu’on bichonne jusqu’à son dernier souffle, pour la garder vingt ou trente ans, ou un véhicule truffé d’électronique que même les garagistes ne réparent plus et qu’il faut changer tous les quatre ans ? Certes, il faut moins de voitures, mais on veut nous faire croire que la solution écologique s’inscrit dans la course à l’innovation, alors qu’il faudrait déjà commencer par réhabiliter la bonne vieille réparation. Or ça, personne n’en parle. Pourquoi ? La réponse est évidente : ça ne fait pas marcher l’industrie automobile.