Vers une mine responsable !!!

On voudrait exploiter du lithium dans l’Allier

En France, “on n’a pas de pétrole, on a du lithium” a affirmé le Président Emmanuel Macron le 26 octobre 2022.[1]

C’était sur France 2.

Il faisait référence à un projet de giga-mine prévu par la société Imerys dans l’Allier. Le site s’appelle Beauvoir. Il est implanté sur la commune d’Echassières.[2]

C’est la première mine de cette envergure sur le territoire national depuis très longtemps.

D’après le Bureau de Recherches géologiques et minières (BRGM), la France disposerait de réserves de Lithium en Bretagne, en Alsace et dans l’Allier. [3]

Mais le site de Beauvoir serait le plus riche.

Grâce à ce site, la France pourrait faire son entrée dans la petite liste des pays producteurs de lithium.

Aujourd’hui, l’essentiel du lithium produit dans le monde vient de 4 pays[4] :

  • L’Australie (46 %) avec 55 000 tonnes
  • Le Chili (24 %) avec 26 000 tonnes
  • La Chine (16 %) avec 14000 tonnes
  • L’Argentine (7 %) avec 6 200 tonnes

Ces chiffres datent de 2022 et représentent la production annuelle de ces pays qui peut bien sûr varier.

Les autres pays producteurs ne dépassent pas les 2000 tonnes par an. Il s’agit notamment du Brésil, du Zimbabwe, des États-Unis, du Portugal et de la Bolivie.

Le cas spécial de la Bolivie

À noter que ce dernier pays dispose de réserves colossales de lithium notamment sous le salar d’Uyuni, le célèbre désert de sel.[5]

Le pays pourrait disposer de près de la moitié des réserves mondiales de lithium.

Mais la Bolivie, consciente de ses blessures du passé et de la rapacité des conquistadors espagnols ayant exploité ses mines d’argent (Potosi) ne souhaite pas ouvrir sa filière aux entreprises étrangères.[6]

Le pays n’a donc pas accueilli sur son territoire les géants de la mine comme Rio Tinto ou d’autres.

La production se fait donc avec des acteurs locaux. La production de lithium serait de 250 tonnes par an environ pour l’instant.[7]

Une mine de lithium entièrement souterraine

Le retour d’une mine d’envergure en France suscite de nombreux débats.[8]

Certains écologistes craignent, en effet, que la mine ne pollue le site et qu’elle ne menace la forêt des Colettes autour du site de Beauvoir.

Mais les géologues et ingénieurs d’Imerys proposent un projet qui pourrait satisfaire tout le monde d’autant que la population locale, habituée aux mines, semble favorable au projet.[9]

La grande innovation de ce projet est que la mine devrait être entièrement sous terre, ce qui n’est pas courant pour les mines de lithium, qui sont à ciel ouvert, en général.  

Les engins de chantier seront donc invisibles de l’extérieur et travailleront dans des galeries souterraines de plusieurs kilomètres et descendant à plus de 400 mètres sous la terre.

Cela permet d’éviter les nuisances sonores ainsi que la poussière liées aux explosions à l’intérieur de la mine.

Chantier et transport 100 % électrique

Sous terre, de vastes chambres de 20 m² seraient creusées dans la roche à l’aide d’explosifs.[10]

La roche serait ensuite extraite à l’aide de chargeuses électriques à partir des chambres puis transportée hors de la mine grâce à des conduites souterraines.

 Enfin, un train spécial prendrait en charge le transport de la roche hors du site minier.

L’empreinte carbone du projet serait 40 % moins élevée que pour des mines similaires situées en Australie.

Ce n’est pas une mine verte pour autant.

Le concept de “mine verte” n’existe pas aujourd’hui. Imerys promet une “mine responsable”.

La France doit devenir un leader mondial du lithium pour assurer notre avenir énergétique !

Le lithium est la clé de notre transition énergétique. 

La France dispose de ressources précieuses, mais le temps presse pour les exploiter et sécuriser notre avenir.

Devenir un leader mondial du lithium, c’est garantir notre indépendance énergétique et réduire notre dépendance aux importations.

Signez et partagez, pour que la France investisse dans cette filière stratégique !

Du kaolin au lithium

Si la population locale n’est pas nécessairement opposée au projet, c’est que le site est déjà une carrière.

Mais jusqu’à présent on y produisait du kaolin.[11]

Ce matériau est utilisé depuis des centaines d’années pour faire de la vaisselle en porcelaine.

Aujourd’hui cette argile blanche sert aussi à faire du papier, des peintures, de la fibre de verre, des cosmétiques et des produits pharmaceutiques.

L’avantage d’avoir déjà des installations industrielles sur place est que cela permet de ne pas avoir à trop déforester le site.

En effet, les nouvelles installations pourront être établies sur les emplacements industriels déjà existants.

De la roche au lithium…

Plus de 5000 tonnes de roches par jour devraient être extraites tous les jours de la mine.

Au sein du site, la roche est véhiculée grâce à des conduites. Pour cela, on l’associe à de l’eau. Cette eau de transport est recyclée à 90 % selon Imerys.

Cette roche subit une première transformation.

On en fait du concentré de mica. Cette opération est réalisée au sein d’une usine située sur le site de la mine.

Puis on passe à la deuxième étape : la conversion.

Le mica est transporté par train vers une usine à 50 km.

Et c’est là que l’on extrait l’hydroxyde de lithium qui servira à faire des batteries pour de très nombreux appareils électriques et électroniques tels que des voitures, des smartphones ou d’autres équipements du quotidien.

Sous-produits et déchets : une gestion complexe

La difficulté d’une mine aujourd’hui, c’est qu’elle produit plus de déchets que de ressources.

La question est donc de savoir comment valoriser au mieux ce qui peut l’être tout en neutralisant les risques liés aux déchets.  

La teneur en lithium de la mine est de 0,9 %.

La mine devrait produire jusqu’à 34 000 tonnes d’hydroxyde de lithium. Sa mise en service est prévue pour 2028.  

Tous les ans, la mine produirait alors 2 millions de tonnes de déchets de roche.

En plus du lithium, la mine donnera du feldspath et du sulfate de potassium deux sous-produits valorisables.

Le feldspath est le nom que les industriels donnent à un groupe de minéraux alumino-silicatés naturels. Ils contiennent du potassium, du sodium, du calcium ou du lithium. C’est un minéral très abondant. Il sert dans la production de céramiques, de verre et même pour la confection de peintures ou d’adhésifs.[12]

Le sulfate de potassium est un minéral courant qui peut servir à la production de matériaux de construction, mais aussi à diverses applications industrielles comme la production de peintures, de pigments ou de dioxyde de titane.[13]

Au total, 140 000 tonnes de sous-produits pourraient être valorisées chaque année.

1,3 million de déchets de roche seront produits lors de l’étape de concentration. Ces roches vont servir à remblayer les galeries de la mine ainsi que la carrière de kaolin.

Lors de la conversion du mica en lithium, entre 600 000 et 800 000 tonnes de déchets traités seront produites.

Ces roches auront été traitées avec de l’acide sulfurique. Elles seront donc toxiques.

Pour l’instant, personne ne sait exactement comment ces déchets seront ensuite stockés.

Penser la filière et le recyclage

La construction de cette nouvelle mine en France, qui intègre un cahier des charges adapté aux exigences de notre temps, est une bonne nouvelle.

Malgré les inquiétudes légitimes que peut susciter ce type de projet, il est important d’avoir le courage de les mener.

Construire une nouvelle mine de lithium en France n’est évidemment pas un projet écologique.

C’est d’abord un projet industriel.

Cela veut dire qu’en parallèle de cette mine géante, peut se développer toute une filière locale.

C’est un atout formidable pour développer la production de batteries en France et pourquoi pas de divers équipements électriques, électroniques et numériques.

Par ailleurs, la mise en place d’une usine de recyclage du lithium sur le territoire national permettrait de faire durer cette ressource.

Les lignes bougent.org

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Notes

1. « Véhicule électrique : « On n’a pas de pétrole mais on a du lithium », lance Emmanuel Macron », Sud Ouest
2. « Le projet de mine de lithium dans l’Allier reconnu d’intérêt national majeur », Le Monde
3. « Panorama 2017 du marché du lithium », BRGM (Bureau de Recherches Géologiques et Minières)
4. « Top 8 des producteurs de lithium dans le monde », 
IG.com
5. « Le lithium bolivien », Boris Andina
6. « Le lithium par et pour les Boliviens ? », CNCD
7. « Lithium : l’or blanc de la Bolivie », Geo
8. « Mine de lithium dans l’Allier : une première, faut-il s’en réjouir ? », Novethic
9. 10. Chaine « BRGM », « Mine de lithium d’Échassières : un projet unique en France », Youtube
11. « Kaolin », Imerys
12. « Feldspath », Imerys
13. « Sulfate de potassium 95% K2SO4 », KS France

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Commentaire

On en est là : mine responsable ! Qui dit mine dit extraction, donc exploitation et production de GES et pollution de l’eau. On le voit avec la Finlande qui extrait du lithium et a un problème avec les nappes phréatiques.

Par ailleurs, dans cet article, il est question de fabrication de batteries. On est déjà bien concernés et on le sera encore plus avec cette fabrication dans quatre endroits dans les Hauts-de-France. On aura besoin de beaucoup d’eau et beaucoup d’électricité. Donc, il faudra construire beaucoup de panneaux solaires, d’éoliennes et de centrales nucléaires ! On est dans le cercle vicieux du toujours plus ! C’est normal car on veut numériser à fond notre société. Cela signifiera à terme la suppression de l’Humain au profit des robots. C’est cela le fameux progrès que vous voulez ? Je n’en veux surtout pas car, à terme, avec ces exploitations, l’Humanité disparaitra.
Par ailleurs, vous avez oublié de noter la situation dramatique de la République « démocratique » du Congo. Il y a déjà pas mal de lithium mais ce pays rengorge d’autres métaux rares qui font que ce pays est un des plus pauvres du continent. Ce serait trop long à expliquer mais c’est un fait que l’on n’indique pas dans les médias occidentales … et en Russie … et en Chine.