5G et avions

Qu’est-ce qui se passe aux États-Unis

Les fréquences de la discorde

C’est une discorde qui s’est implantée aux États-Unis depuis plusieurs mois, mais qui n’a pas encore vraiment gagné la France : la 5G peut-elle poser des difficultés aux avions aux abords des aéroports ? Le 21 décembre 2020, le site Defense News titrait ainsi : « L’armée s’efforce de comprendre le risque de crash aérien lié à une nouvelle vente de [fréquences] 5G. »

La 5G serait-elle donc une menace insoupçonnée pour l’aviation civile, mais aussi pour les aéronefs militaires ? On pourrait le croire à entendre les mises en garde des compagnies aériennes, ainsi que des grands constructeurs. « Les compagnies aériennes américaines préviennent que la technologie sans fil 5G pourrait perturber les vols », titre Reuters, le 16 décembre 2021.

Le problème dans cette affaire tient au fait que les États-Unis ont décidé, dans le cadre du déploiement de l’ultra haut débit mobile dans le pays, d’autoriser les opérateurs de téléphonie mobile à exploiter certaines fréquences pour la 5G — en effet, puisqu’il s’agit de télécommunications sans fil, les données doivent passer par les ondes radio.

Ces ondes constituent le spectre électromagnétique. Il s’agit d’un champ invisible et impalpable qui se trouve partout. C’est grâce à lui que l’on peut avoir des liaisons sans fil (Wi-Fi, Bluetooth, 2G, 3G, 4G, 5G, etc.) sans recourir à un support matériel. Ce champ regroupe des ondes qui ont des spécificités (longueur d’onde, fréquence, énergie) variées.

Des fréquences qui risquent de se gêner

Dans le cas des États-Unis, la pomme de discorde se situe dans une tranche bien précise du spectre : la bande allant de 3,7 à 3,98 gigahertz (GHz), qui est aussi surnommée la bande C 5G. Il s’avère que cette tranche se trouve relativement près d’une autre portion du spectre, qui est cette fois dévolue aux opérations aériennes et notamment à la communication.

Cette bande particulière aux activités aériennes va de 4,2 à 4,4 GHz. Or, même s’il y a un écart d’environ 200 mégahertz (MHz) entre la bande C 5G et celle employée dans le cadre de l’aviation, cette proximité relative entre les deux sections fait peser un risque plus prononcé de perturbation que s’il l’on avait conservé une marge de sécurité plus importante.

Dans le cas de la France, le problème est justement moins saillant dans la mesure où il existe un écart plus marqué entre les fréquences mobilisées pour la 5G (dans l’Hexagone, elles vont de 3,4 à 3,8 GHz) et celles utilisées au profit de la radionavigation aéronautique (4,2 à 4,4 GHz). Il y a, pour ainsi dire, 400 MHz de marge.

La frise des bandes de fréquences proposée par l’Agence nationale des fréquences montre cette proximité entre ces deux blocs. Elle révèle aussi l’enchevêtrement des besoins en ondes en fonction des usages (fixe, mobile, scientifique, satellite, radiolocalisation, maritime, aéronautique, radioamateur, météorologie et radiodiffusion).

Y a-t-il un risque entre la 5G et les avions en France ?

Cela ne veut pas dire qu’en France, il n’y a pas une relative inquiétude. Dans les semaines qui ont précédé le lancement de la 5G dans le pays, Les Échos faisaient savoir le 20 novembre 2020 que la Direction générale de l’aviation civile (DGAC) avait exprimé des réserves sur la présence d’antennes 5G à proximité des aéroports, et déclenché le courroux des opérateurs.

La crainte de la DGAC portait sur les systèmes de guidage au sein des avions. En l’espèce, c’est au niveau du radioaltimètre que les doutes se sont manifestés. Le radioaltimètre se sert des ondes radio pour calculer l’altitude par rapport au sol. De ce fait, l’outil joue un rôle important lors de l’atterrissage, car il aide à déterminer la bonne trajectoire des avions.

Le potentiel scénario catastrophe avec des fréquences qui risquent de se superposer n’a jusqu’à présent pas causé, dans les faits, d’incidents particuliers — les premières autorisations ont été données en décembre 2020. En France, l’Agence nationale des fréquences (ANFR) a pour mission de vérifier justement que tous les usages du spectre coexistent sans problème.

Pour en savoir beaucoup plus

https://www.numerama.com/tech/801465-quest-ce-qui-se-passe-aux-etats-unis-entre-la-5g-et-les-avions.html