On s’est fait avoir

A propos des factures et … de l’énergie réactive

L’énergie réactive doit être gratuite

Réglage de la tension et facturation de l’énergie réactive

ENEDIS veut désormais facturer aux clients domestiques leur “consommation d’énergie réactive”, grâce au compteur Linky, comme il le fait aux clients industriels depuis des décennies.

Un compteur Linky est capable de mesurer distinctement les énergies active et réactive dites consommées (comme il sait aussi mesurer distinctement les énergies électriques consommées et produites dans le cadre d’une auto production) pour faire simple, le courant alternatif distribué par EDF est caractérisé par :

– Une composante dite d’énergie active (MW/H) liée au champ électrique que l’on trouve aussi dans une alimentation à courant continu.

– Une composante dite d’énergie réactive (MVAR/H) liée au champ magnétique crée par ce courant alternatif.

L’association de ces 2 composantes aboutit à une énergie apparente (MVA/H)

C’est cette énergie apparente qui serait, dans le futur, facturée par ENEDIS.

Dans ce qui suit, je vais montrer qu’en fait, la facturation de cette énergie réactive pour les usages domestiques de l’électricité est injuste, et d’en donner les raisons sans trop rentrer dans des considérations électrotechniques complexes.

L’énergie réactive est essentielle pour le réglage de la tension (et par conséquent de la fréquence) sur les réseaux haute tension de RTE (63, 150, 225, 400 KV) et moyenne et basse tension d’Enedis.

La surveillance des valeurs de la tension, et leur ajustement à des valeurs contractuelles, sont des éléments clefs de la sécurité et sureté de fonctionnement d’un réseau électrique.

Il en va de même pour la fréquence qui doit être, dans l’Europe interconnectée, rigoureusement égale à 50 Hz.

Le réglage de la tension (et aussi ses variations) se fait par les leviers d’action suivants :

– Les alternateurs des groupes de production

– La puissance transmise sur les lignes

– L’utilisation en certains points du réseau d’inductances (ou Self) et de batterie de condensateurs

– L’action des régleurs en charge des transformateurs

Détaillons chaque point

1/ Alternateurs

Ce sont les éléments essentiels, car le maintien d’une tension dans les valeurs contractuelles est essentiel pour la sureté et sécurité des réseaux; et ce travail est assuré essentiellement par les alternateurs des groupes de productions. Les groupes de puissance élevée disposent d’un téléréglage (tension et fréquence) piloté depuis les dispatchings de RTE.

Il faut savoir que le fonctionnement des alternateurs se fait selon un diagramme P, Q (P pour puissance active et Q pour réactive) appelé aussi trapèze, et que selon ce trapèze, la variation de puissance réactive n’a à 95% aucun impact sur la puissance active, sauf dans les limites du trapèze (limitation d’angle interne du rotor). Donc le surcoût est égal à zéro.

2/ les lignes

Lorsqu’une ligne est chargée entre 0 et 1/3 de sa capacité maximale, elle est « capacitive » donc produit de l’énergie réactive et au delà elle est « inductive » donc absorbe cette énergie réactive (fournie alors par les groupes) lorsqu’une ligne est capacitive, la tension entre ses 2 extrémités va augmenter, et c’est le problème essentiel que l’on rencontre aux périodes de moindre consommation, car il faut mettre en oeuvre des moyens pour baisser cette valeur de la tension (mise hors tension de lignes, absorption du réactif par les groupes, mise en service des selfs, etc…)

Lorsqu’une ligne est « inductive » elle peut-être fortement chargée, ce qui se produit en période de pointe, mais pas que; la tension entre ses 2 extrémités va baisser et c’est cette chute de tension sur les lignes qui peut provoquer des black out, si on n’arrive pas à la maitriser.

La solution est de faire fournir le maximum de réactif par les groupes, modifier la répartition des charges en changer les schémas de réseau en temps réel. Si la situation devient ingérable, les groupes de production vont arriver en limite d’angle interne du rotor d’alternateur (déphasage maxi entre intensité et tension) et ils risquent perdre le synchronisme, avec pour conséquence leur déclenchement, baisse générale de la fréquence et effondrement de la tension…

3/ Les selfs et condensateurs

Les zones du réseau électrique sujettes à des problèmes de tensions hautes ou basses sont bien identifiées ; aussi des condensateurs ou des selfs y sont installés afin d’agir sur la valeur de la tension en les couplant ou les découplant.

4/ Réglage en charge des transformateurs

Ces régleurs, qui peuvent fonctionner en manuel ou en automatique, permettent de modifier le rapport de transformation entre le primaire et le secondaire du transfo, permettant ainsi d’agir sur les valeurs de la tension autant sur le primaire que le secondaire.

Il faut savoir que sur une année ordinaire, RTE et Enedis sont plus souvent confrontés à des problèmes de tension haute que basse, donc ils sont plutôt amenés à essayer de faire consommer le « trop d’énergie réactive » que le « pas assez » dans la durée.

5/ Autre argument en faveur de la gratuité de cette énergie réactive

Jusqu’à présent, EDF/Enedis appliquait un coefficient pondérateur, appelé cosinus PHI (angle de déphasage entre le courant et la tension) d’une valeur de 0,9. Cette valeur correspondait à une consommation moyenne de cette énergie réactive par les appareils électriques des habitations dans les années 70 et 80.

Mais depuis l’essor d’appareils bardés d’électronique et de modules numériques, cette énergie réactive consommée ou absorbée prend de plus en plus de place dans la consommation d’électricité.

On pourrait donc en déduire que la tarification de la composante réactive est justifiée.

Mais ce que l’on cache aux usagers, c’est que leurs appareils électriques, selon les composants électroniques qu’ils contiennent, peuvent tantôt consommer de l’énergie réactive (bobines, leds, lampes basse consommation, moteurs, pompe à chaleur…), et tantôt en produire (condensateurs des circuits d’alimentation d’ordinateurs, téléviseurs.)…

Seulement ENEDIS, n’en comptabilise que la valeur absolue, sans tenir compte du signe.

En conclusion, RTE et ENEDIS sont « obligés » de produire ou d’absorber (ou faire absorber par ses clients) de l’énergie réactive car c’est le principal levier d’action pour maintenir la fréquence à 50 Hz et la tension dans des valeurs contractuelles.

C’est la sureté et la sécurité des réseaux qui en dépendent et il est erroné de faire croire qu’ils le font pour les besoins des clients.

Cette facturation de l’énergie réactive est donc abusive.

Patrice Goyaud, Ingénieur retraité de EDF/RTE, le 24 septembre 2018

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Ce dogme stupide qui permet d’arnaquer les Français … deux fois !

Une vidéo qui dure 20 minutes

https://www.youtube.com/watch?v=rpqZYol8GOI

Comment agissent les fournisseurs d’électricité !

Comment EDF vend son électricité aux gens qui lui font de la concurrence.

Comment on se fait racketter.