Prix de l’électricité

Pourquoi les factures vont flamber en 2021

Quel que soit le fournisseur, les prochaines factures d’électricité vont subir une hausse substantielle. La faute à des augmentations touchant à la fois au prix de l’électricité et aux taxes. Explications en 3 temps.

Sur les factures d’électricité, les petits ruisseaux vont former une grande rivière cette année… et les suivantes. En cause : la hausse actée ou programmée de composantes formant les prix de l’électricité. Qu’il s’agisse des tarifs réglementés, qui servent de repère pour la fixation des prix des fournisseurs, des taxes locales sur l’électricité qui vont être nivelées par le haut ou du tarif d’utilisation des réseaux qui va grimper en raison du développement des énergies renouvelables, l’année sera chaude pour les factures.

 

Depuis le 1er janvier : une « simplification » des taxes qui coûte cher dans certaines villes et départements

La simplification n’a pas toujours du bon pour les consommateurs. La dernière en date qui va peser sur les factures d’électricité ? Celle inscrite dans l’article 54 de la loi de finances pour 2021. Ce dernier prévoit une modernisation de la collecte de la taxation locale de l’électricité, plus précisément de la Taxe locale sur la consommation finale d’électricité (TCFE). « La TCFE est aujourd’hui répartie en trois composantes sur les factures : une part nationale, la CSPE, qui est la plus importante (22,5 € par MWh) et qui va directement abonder le budget de l’État, et des parts communales (ou de syndicats de communes) et départementales qui pèsent beaucoup moins sur les factures, mais qui multipliées par le nombre de points de livraison représente des sommes importantes », précise Pierre-Laurent Holleville, chargé de mission auprès de la Direction générale du médiateur de l’énergie. Le texte prévoit ainsi de confier sa gestion progressivement à la Direction générale des finances publiques, qui se retrouvera seule aux manettes en 2023.

Sauf que, alors que les collectivités fixaient librement le taux de cette taxe, certaines appliquant un taux réduit, voire nul, cette simplification conduira à une harmonisation à marche forcée des taux qui se retrouveront nivelés par le haut. Le taux maximal étant prévu pour s’appliquer dans toutes les collectivités en 2023. Résultat ? Certains consommateurs vont connaître « un ressaut d’imposition » sur leurs factures d’électricité, comme le souligne un rapport du Sénat (1). « Selon les rapporteurs du texte de loi, 1 754 communes, qui pratiquaient un taux à 0, voient leur montant augmenter dès cette année », précise Pierre-Laurent Holleville. D’ici à 2023, 7 608 communes et leurs habitants (et entreprises) seront concernés selon l’étude d’impact du projet de loi de finances. Coût supplémentaire sur les factures à terme : de 80 centimes, jusqu’à… 55 € par an et par foyer !

1er février 2021 : nouvelle hausse des tarifs réglementés d’EDF

Traditionnellement, la revalorisation des tarifs réglementés de l’électricité n’est censée intervenir qu’une fois par an, en août. Mais depuis plusieurs années, les consommateurs doivent subir deux hausses par an, la seconde intervenant au 1er février. 2021 n’échappera donc pas à la règle.

Après une double hausse en 2020, de 2,44 % en moyenne, hors taxes, en février puis de 1,82 % en août, rebelote : les tarifs réglementés de vente de l’électricité s’apprêteraient à poursuivre leur courbe ascendante dès le 1er février. Sur proposition de la Commission de régulation de l’énergie (CRE), ils devraient enfler de 1,73 % en moyenne, hors taxes, pour les 23 millions de clients EDF (ou des entreprises locales de distribution) encore abonnés aux Tarifs bleus. Soit bien au-delà de l’inflation ! Cela se traduira sur les factures par une augmentation du budget énergie, de l’ordre de 16 € par an en moyenne et de 25 € pour les foyers qui se chauffent à l’électricité.

À l’origine de cette revalorisation ? Les motifs traditionnellement évoqués, comme l’augmentation des prix sur les marchés de gros ou la hausse des coûts de production et de commercialisation. Mais aussi, nouveauté, l’impact de la crise sanitaire du Covid-19 qui a conduit à une hausse des factures impayées des particuliers et surtout des professionnels en difficulté. Des défauts de paiement qui pourraient se multiplier alors que les conséquences économiques de la crise sanitaire ne font que commencer. Et dont la répercussion ne sera pas compensée par un renforcement de l’aide au paiement des factures d’énergie pour les ménages fragilisés. « Le montant du Chèque énergie n’a pas été revalorisé depuis 2019, constatent les services du médiateur de l’énergie. En revanche, le nombre de bénéficiaires a été élargi cette année, notamment aux résidents des Ehpad. »

Cette augmentation touchera directement les abonnés aux Tarifs bleus. Mais pas que. Les consommateurs ayant opté pour une offre à tarif libre, souscrite chez EDF et ses concurrents, seront aussi concernés. Sauf s’ils ont souscrit à une offre à prix fixe qui garantit un prix inférieur aux tarifs réglementés sur une certaine durée (de 1 à 3 ans généralement). Dans le cas contraire, si l’offre est indexée aux tarifs réglementés, ces clients des fournisseurs privés verront eux aussi leur facture enfler.

1er août 2021 : le tarif d’utilisation des réseaux va alourdir les factures

Cet été, l’une des composantes du prix de l’électricité va subir une inflation déjà anticipée par la CRE : le Tarif d’utilisation du réseau public d’électricité (Turpe), dont doivent s’acquitter tous les consommateurs, quel que soit leur fournisseur. Il est reversé aux gestionnaires des réseaux de transport, RTE et Enedis (ex-ERDF), dont les investissements destinés à l’adaptation à la transition énergétique, et donc au développement des énergies renouvelables, s’envolent.

« La CRE retient des hausses tarifaires moyennes de 1,57 % par an pour RTE et de 1,39 % par an pour Enedis, soit une hausse d’environ 15 € de la facture annuelle d’un particulier à l’horizon 2024 », indique le régulateur. Applicable à partir du 1er août, et pour 4 ans, le « nouveau Turpe » (qui en est à sa 6e version) représente environ 30 % des factures d’électricité des ménages, toutes taxes comprises selon la CRE.

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