La facture électrique des ménages pourrait grimper de 50 % d’ici à 2020
C’est le résultat de la commission d’enquête du Sénat sur le coût réel de l’électricité. Et de 100 % d’ici à 2023.
Même si le kWh électrique en France est, d’après EDF, le moins élevé d’Europe (le comparatif n’est fait que sur les pays limités à la zone euro) est relativement stable depuis plusieurs années, l’ensemble des taxes additionnelles correspond au tiers de la facture.
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Pourquoi les tarifs et prix de l’électricité vont augmenter
Comprendre la hausse du kWh
La nouvelle organisation du marché de l’électricité selon les projections de la Commission de régulation de l’énergie (CRE) devrait entraîner une hausse de tous les tarifs électricité jusqu’en 2025.
Elle atteindrait 11,4 % pour les particuliers, la première année et par la suite 3,5 % par an. EDF réclame plus de moyens pour financer ses investissements. EDF tente régulièrement d’obtenir du gouvernement une revalorisation de ses tarifs de vente, qu’il juge trop « faibles ».
Hausse de l’électricité
La facture d’électricité devrait grimper de 100 % d’ici à 2023.
Le financement des énergies renouvelables va impacter année après année la facture d’électricité des Français. Selon la CRE, la contribution au service public de l’électricité devrait ainsi passer de 9 euros le MWh en 2012 à 19-20 euros en 2016. Les réseaux électriques dans la basse tension nécessitent de lourds investissements. Selon la CRE, le tarif d’utilisation des réseaux publics d’électricité (Turpe) devrait augmenter de 4 % par an, inflation comprise.
La facture des usagers pourrait augmenter de façon démesurée, car par idéologie, sous couvert des dogmes de la concurrence et dans le seul intérêt des différents fournisseurs, des hausses régulières vont faire flamber les prix. Deux raisons qui s’additionnent à d’autres : la loi NOME et les compteurs électriques Linky d’ERDF qui permettent aux fournisseurs d’énergie de gérer en temps réel la consommation des usagers (coût entre 4 et 9 milliards d’euros).
Augmentation de prix de l’électricité août 2008-juillet 2017
Abonnement de base ; Puissance de 6 kVA ; consommation moyenne 2597 kWh : + 35 %
Aout 2008 à juillet 2017
Ci-dessous, les hausses de l’électricité en tarif réglementé depuis août 2008 pour un particulier abonné en 6 kVA, 9 kVA avec heures creuses/heures simples ou 12 kVA.
6 kWh
Entre le 15 août 2008 et le 26 juillet 2017, l’impact de l’évolution du tarif réglementé sur le montant d’une facture annuelle d’électricité représente une hausse de 35,0% TTC.
Le prix TTC inclut l’ensemble des taxes appliquées à l’électricité : CTA, CSPE, TCFE et TVA.
La consommation annuelle moyenne pour une puissance de 6 kVA est : 2597 kWh.
Montant d’une facture annuelle avec les prix en vigueur :
Au 15/08/2008 : 350 € TTC (311 € HT)
abonnement : 62,99 € TTC (54,48 € HT)
prix par kWh : 0,11060 € TTC (0,09890 € HT)
Au 26/07/2017 : 473 € TTC (308 € HT)
abonnement : 96,50 € TTC (78,00 € HT)
prix par kWh : 0,14490 € TTC (0,08870 € HT)
9kWh
Montant d’une facture annuelle avec les prix en vigueur pour un abonnement de 9 kWh.
La consommation annuelle moyenne pour une puissance de 9 kVA en Heures Pleines et Heures Creuses est en :
HP : 4517 kWh
HC : 3397 kWh
Le prix TTC inclut l’ensemble des taxes appliquées à l’électricité : CTA, CSPE, TCFE et TVA.
La hausse a été de 35,7% TTC
Au 15/08/2008 : 924 € TTC (692 € HT)
abonnement : 195,78 € TTC (169,32 € HT)
prix par kWh HP : 0,11060 € TTC (0,08030 € HT)
prix par kWh HC : 0,06730 € TTC (0,04720 € HT)
Au 26/07/2017 : 1 254 € TTC (786 € HT)
abonnement : 117,50 € TTC (93,24 € HT)
prix par kWh HP : 0,15600 € TTC (0,09790 € HT)
prix par kWh HC : 0,12700 € TTC (0,07380 € HT)
12 kWh
La consommation annuelle moyenne pour une puissance de 12 kVA en HP et HC est en :
HP : 5984 kWh
HC : 4300 kWh
Le prix TTC inclut l’ensemble des taxes appliquées à l’électricité : CTA, CSPE, TCFE et TVA.
La hausse a été de 34,8% TTC.
Montant d’une facture annuelle avec les prix en vigueur :
Au 15/08/2008 : 1 234 € TTC (928 € HT)
abonnement : 282,36 € TTC (244,20 € HT)
prix par kWh HP : 0,11060 € TTC (0,08030 € HT)
prix par kWh HC : 0,06730 € TTC (0,04720 € HT)
Au 26/07/2017 : 1 663 € TTC (1 045 € HT)
abonnement : 183,25 € TTC (142,32 € HT)
prix par kWh HP : 0,15600 € TTC (0,09790 € HT)
prix par kWh HC : 0,12700 € TTC (0,07380 € HT)
2014 à 2023
Entre janvier 2014 et juillet 2017, l’impact de l’évolution du tarif réglementé sur le montant d’une facture annuelle d’électricité représente une hausse de 7,3% TTC.
D’après la Commission de Régulation de l’énergie (CRE), l’électricité (base année 2014) doit encore augmenter de façon importante.
Augmentation de prix de l’électricité 2014- 2023
Abonnement de base ; Puissance de 6 kVA ; consommation moyenne 2597 kWh : + 100 %
2014 à 2036
Augmentation de prix de l’électricité 2014-2036
Abonnement de base ; Puissance de 6 kVA ; consommation moyenne 2597 kWh : + 400 %
La raison des hausses
EDF fondée en 1946, crée des richesses depuis cette date et distribue des dividendes à l’État depuis 1982. Jusqu’à ce jour, EDF ne coûtait rien au contribuable et lui fournissait l’électricité à des tarifs très compétitifs. Or aujourd’hui, cette hausse ne serait-elle pas due qu’à la libéralisation du marché de l’énergie et de son autorégulation qui ne se fait qu’au travers de l’augmentation des profits donc des prix ?
Il existe 3 raisons principales pour les futures hausses du prix de l’électricité.
Faisant suite à la catastrophe de Fukushima toujours en cours et pour longtemps rappelons-le, EDF a évalué entre 10 et 15 milliards d’euros grâce à des stress tests le montant des travaux nécessaires pour répondre aux nouvelles exigences de l’ASN. Le montant des investissements prévus dans le cadre du renforcement de la sécurité des centrales nucléaires va renchérir le coût de production de l’énergie nucléaire entraînant une hausse inéluctable de l’électricité.
Les 3 raisons qui entrainent des hausses tarifaires :
- la mise à niveau par EDF du parc nucléaire qui vise une haute qualité de protection.
- l’entretien du réseau.
- l’appétit des actionnaires.
L’augmentation des tarifs de l’électricité fait bondir le titre boursier
L’augmentation du prix de l’électricité de 5 % au 1er août 2013 a été la plus forte hausse de ces dix dernières années. Cette augmentation décidée par le gouvernement et l’annonce de l’augmentation des tarifs de l’électricité pour les particuliers avait fait bondir le titre boursier du groupe EDF le 9 juillet 2013 à la Bourse de Paris signant ainsi la plus forte hausse du CAC 40.
Calcul hausse du kWh
Il existe une méthode pour calculer les hausses. Cette méthode permettant de calculer les augmentations est effectuée « par empilement ». EDF justifie ses besoins d’augmenter le coût du kWh électrique en employant une méthode « par empilement ». Ce calcul intègre les coûts économiques de l’électricien EDF (production, transport, commercialisation), et y rajoute les coûts des différentes composantes de la filière électrique.
Grâce à cette méthode, EDF peut ainsi justifier ses besoins en additionnant :
- le coût de production nucléaire (Arenh),
- le complément à la fourniture d’électricité,
- les coûts commerciaux d’EDF,
- les coûts d’acheminement (Turpe) calculés par le régulateur de l’énergie,
- la rémunération d’EDF.
À noter que les prix du marché de gros, qui représentent de 7 à 10 % de l’empilement total, avaient fortement baissé entre 2012 et 2014.
L’Etat fixait arbitrairement le prix du kWh à un niveau inférieur du seuil de rentabilité. Le 19 juillet 2017, le conseil d’Etat a estimé que les tarifs réglementés du gaz étaient contraires aux directives européennes. Bruxelles prépare une directive pour supprimer les prix administrés de l’électricité. D’après la cour des comptes, il va falloir rembourser les 61 milliards de dette d’EDF. Le grand carénage indispensable pour maintenir la sécurité des centrales pendant 10 à 20 ans (pour 34 réacteurs) va coûter 100 milliards.
3 hausses prévisibles
Coûts fixes réels EDF dont remboursement de la dette : + 1,4 centime
Coût de la rénovation (grand carénage) : + 1 centime
Frais de démantèlement des centrales nucléaires : + 3 centimes
Soit + 34 % sur la facture d’électricité
kWh France moins cher
Le prix de l’électricité est-il vraiment moins cher en France ?
Le kilowattheure en France serait le moins élevé de tous les voisins européens, la mise à niveau du parc nucléaire et du réseau de distribution va faire augmenter fortement tous les tarifs électriques. « Les ménages français profitant de tarifs réglementés très bas, paient encore leur électricité près de 35 % moins cher que la plupart de leurs voisins européens ».
EDF indique que ses prix sont inférieurs de 35 % à la moyenne européenne parce que le comparatif se limite à la zone euro (0,2061 euro). Lorsque le calcul est fait en intégrant les 35 pays, dont Eurostat détaille les tarifs, la différence n’est que de 16 % (moyenne 0,1682 euro). Cette différence va disparaître avec la hausse des tarifs électriques en France.
Le schéma EDF indique que l’électricité est moins chère sur la zone euro, mais sur les 35 pays européens, la France se situe au 13e rang dans l’ordre croissant des tarifs.
L’énergie la plus taxée
Pour un ménage, l’électricité est l’énergie la plus taxée.
Le rapport sur le coût réel de l’électricité du 18 juillet 2012 de la commission d’enquête du Sénat rendu public précisait que si la législation et les comportements de consommation restaient inchangés, la facture d’électricité des ménages français grimperait de 50 % d’ici à 2020.
EDF a même mis en place un rattrapage rétroactif des factures d’électricité. En effet, le gouvernement de l’époque s’était engagé à limiter la hausse du tarif électrique et avait limité les hausses de tarif d’électricité à 2 % en 2012.
EDF avait porté plainte contre cette décision devant le Conseil d’État et trois ans plus tard en 2015, EDF obtenait gain de cause afin de pouvoir récupérer des dizaines d’euros de compensation à 25 millions de consommateurs. La hausse des prix de l’électricité est de 30 % en 2016 afin de s’aligner sur les tarifications des autres pays européens.
Enorme coût nucléaire
Les investissements pour les centrales atomiques sont incalculables.
Selon les scénarios qui prévoient le grand carénage ou le désengagement partiel ou total du nucléaire, des investissements très importants et incalculables dans les domaines de la filière nucléaire et dans une moindre mesure dans les énergies renouvelables devraient peser sur les coûts dans les prochaines années.
De plus, la sous-évaluation latente du coût du mégawattheure renforce cette évolution future.
400 milliards d’euros
D’après le rapporteur écologiste de la commission du Sénat, Jean Dessessard, la répercussion de ces investissements sur le coût de l’électricité semble inévitable.
« On peut parler de 400 milliards d’euros à horizon de vingt ans » pour financer la totalité des investissements dans la production électrique.
Le rapport de la Cour des comptes
D’après la Cour des comptes, ce montant avoisinerait les 110 milliards d’euros d’investissements d’ici à 2033. Pour des experts, à ces investissements qui vont fortement impacter la facture des ménages s’ajoute la sous-estimation du coût de production de l’électricité. Toujours selon la Cour des comptes, le coût de production réel du mégawattheure s’élève à 49,5 euros et devrait même atteindre 54,2 euros avec les mesures post-Fukushima.