Un document de stop5G Belge
En l’an 2020, ce 25 janvier, nous remercions, dans sa bonne grâce, le pouvoir communal bruxellois de nous autoriser une « manifestation statique » ; mais « une interdiction de tout moyen d’amplification autre qu’un mégaphone ». Pourtant, des moyens d’amplification, les publicitaires en ont eu, notamment Qualcomm, entreprise américaine active dans le domaine de la technologie mobile (chiffre d’affaires 25,3 milliards de dollars) qui, en septembre 2018, inondait Bruxelles avec des affiches apposées sur les supports propriété de l’entreprise JC Decaux, avec le message : « La 5G va créer de nombreux emplois. Et notre travail, c’est de créer la 5G ». Huawei, elle, affichait dans tout Bruxelles lors des campagnes électorales de mai 2019 : « Vote for 5G. Voter ce n’est pas seulement par rapport à des candidats, mais aussi des idées ».
Pourquoi le collectif stop5G.be ?
Nous sommes réunis aujourd’hui pour la journée internationale contre la 5G, alors que le collectif belge stop5G.be naissait dans la continuation de la lutte contre les compteurs communicants, autre « innovation » que la sphère politico-industrielle veut nous imposer.
En septembre 2017, dans un appel à l’Union européenne, plus de 180 scientifiques et médecins de 36 pays mettaient en garde contre les dangers de la 5G. En 2019, un appel international, organisé sous forme de pétitions signées par 172.395 personnes et organisations de 204 pays et territoires, est adressé aux gouvernements fédéral et régionaux belges. Le chien aboie, la caravane passe. Comme le disait Albert Camus, l’absurde naît de cette confrontation entre l’appel humain et le silence déraisonnable du monde. Nous sommes plongés dans l’absurde.
Si nous pensons évidemment que la santé est primordiale dans le combat contre la 5G, nous sommes persuadés que se focaliser sur ce seul aspect est risqué. Car l’industrie des télécommunications et les fabricants d’objets connectés disposent d’une armée de scientifiques payés pour obtenir les résultats qui leur convient, créant le doute propagé par des médias à leur service. Le Monde, en septembre 2019 titrait « “5G appeal” : pourquoi cette pétition sur les ondes et la santé est exagérément alarmiste ». Rappelons que Le Monde est détenu par Xavier Niel, Matthieu Pigasse et Daniel Kretinsky, hommes d’affaires multimillionnaires qui ont sûrement quelques intérêts à voir se déployer la 5G… Dans la balance politique, l’économie et la technologie ont plus de poids que la santé, et les semeurs de doutes font leur travail et nous amènent sur un terrain où les deux camps s’affrontent : ceux qui y croient et ceux qui n’y croient pas.
Il faut donc également penser en amont, à la source des intérêts derrière les projets de 5G. À ce niveau, plus de camps de ceux qui y croient ou pas, plus de doutes : la 5G est un projet au service unique de multinationales qui escomptent des gains financiers extraordinaires dans un monde où des milliards d’objets seraient connectés — la 5G permettrait également un contrôle sans précédent des populations.
Doit-on attendre quelque chose des acteurs politiques ? Récemment, après avoir interpellé le cabinet du ministre de l’Agenda numérique, des Télécommunications et de la Poste, Philippe De Backer, pour une rencontre concernant nos inquiétudes au sujet de la 5G, son directeur pour la cellule stratégique Agenda numérique, Télécoms et Post, Luc Windmolders, nous répondra :
« Nous n’allons pas arrêter la 5G. Nous poursuivons une politique qui veut stimuler au maximum le développement de la 5G. Si vous souhaitez une réunion sur les effets — à mon avis inexistants — des rayonnements, vous devez vous adresser à l’autorité compétente. Le gouvernement fédéral n’a aucune autorité sur les normes de rayonnement ».
Qui est Luc Windmolders, pour ne citer que lui ? Le directeur de la cellule stratégique du ministre a travaillé chez l’opérateur de télécommunications néerlandais KPN et a été, ces deux dernières années, Chief Legal & Corporate Officer chez BASE Company. Luc Windmolders a également siégé au conseil d’administration de l’association européenne de l’industrie des télécoms ECTA.
Les industries font pression pour un assouplissement des normes, et placent pour ce faire à des postes clés des hommes et des femmes dévolus à leur cause.
Peut-on attendre des médias de masse qu’ils nous informent? Il y a quelques mois, quand on préviendra un journaliste du Soir d’une séance de discussion et d’échanges au sujet des compteurs dits communicants et de la 5G, en avril 2019, Michel de Muêlenaere, journaliste, répondra : « Ras le bol des anti-tout. Vous n’arrêterez pas le progrès ». Les médias dominants qui appartiennent en Belgique aux familles les plus riches du pays aiment le Progrès — et la 5G —, parce que ça rapporte, et ils ont à leur disposition des journalistes révérencieux et obéissants.
La RTBF quant à elle déploie une énergie considérable depuis des années pour nous faire accepter la 5G. Un article parmi d’autres, de 2018, titré « La Belgique sera-t-elle prête pour la 5G », disait : Il y a un timing à respecter. La Commission européenne veut que chaque État membre (et ça vaut aussi pour la Belgique) dispose d’une couverture 5G dans, au moins, une ville pour 2020. Et en 2025, ce sera l’ensemble des zones urbaines qui devront disposer d’une couverture 5G. Y compris les grands axes routiers. On est vraiment dans la dernière ligne droite ».
Mais la question est en fait plus profonde, philosophique : que voulons-nous pour notre avenir ? Il est à peu près certain qu’un changement climatique aux conséquences imprévisibles aura lieu. Alors que nous devrions tout à fait bouleverser notre paradigme, on nous propose de continuer à surconsommer et à polluer, de remplacer nos robustes compteurs d’eau, de gaz et d’électricité par des compteurs communicants ou de transformer nos villes en smart cities où tout sera connecté.
Nous n’en voulons pas.
Plus d’infos sur : www.stop5g.be
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« Nouvelles technologies et transition numérique, l’illusion technocratique à la lumière de la 5G »
https://www.kairospresse.be/article/nouvelles-techno
Extraits
NOUVELLES TECHNOLOGIES ET TRANSITION NUMÉRIQUE, L’ILLUSION TECHNOCRATIQUE À LA LUMIÈRE DE LA 5G
PRÉAMBULE
Les multiples signaux que nous envoie la nature ainsi que l’état général de la vie et de la Terre qui l’accueille nous indiquent que nous sommes dans une période qui se caractérise par un risque inédit de disparition à grande échelle de l’espèce humaine. « Après une décennie marquée par la quasi absence d’actions concrètes, même en retenant les hypothèses les plus optimistes concernant la probabilité que le monde prenne les mesures nécessaires, et même en supposant qu’il n’y ait rien que nous “ignorions ignorer”, un changement climatique aux conséquences dramatiques est à peu près certain ». Les preuves sont sous nos yeux : nous vivons la sixième crise d’extinction des espèces et la première causée par l’homme, la précédente, l’extinction Crétacé-Tertiaire, s’étant caractérisée par une disparition massive des animaux et des végétaux, notamment les dinosaures, il y a 66 millions d’années ; « le littoral arctique recule de 30 mètres par an dans des régions comme la mer de Laptev et la mer de Beaufort. Le Groenland et l’Antarctique perdent actuellement près de 475 milliards de tonnes de glace chaque année dans l’Océan (…) La fonte des glaces résultant de nos activités entraîne le rejet de quantités considérables de méthane contenues dans l’océan Arctique » ; etc., etc.
« Une hausse supérieure [de 2° de la température moyenne] entraînerait le risque d’un changement climatique catastrophique menant très certainement à des “points de non-retour” irréversibles, causés par des phénomènes tels que la fonte de la calotte glaciaire du Groenland, le rejet du méthane emmagasiné dans le permafrost arctique ou encore le dépérissement de la forêt amazonienne ». Toutes les études montrent pourtant que nous dépasserons les 2°. « Il est fort probable que la hausse sera de l’ordre de 4°C – et il n’est pas exclu qu’elle atteigne 6°C. Une hausse de 4 à 6°C de la température mondiale serait dramatique. Elle mènerait à un changement climatique hors de tout contrôle, capable de faire basculer la planète dans un état radicalement différent. La Terre deviendrait un enfer ». « Les chiffres montrent que même une action rapide et durable au niveau mondial ne nous permettra probablement pas d’empêcher la température de la Terre de croître d’au moins 3°. La fonte des glaces du Groenland aboutira à une augmentation du niveau des mers d’environ 7 mètres, redessinant de façon spectaculaire la géographie de la planète ». La barrière de corail ne sera bientôt plus qu’un lointain souvenir, la désertification gagne partout du terrain, chaque jour des centaines d’hectares sont déforestés, des espèces disparaissent à jamais.
Au niveau social, tout est à l’avenant, jamais la misère n’a été aussi répandue : ici, au « Nord », dans les foyers qui survivent ; dans nos rues, avec les SDF, laissés-pour-compte de la mondialisation, qui meurent seuls alors que des milliards ne passent jamais par les caisses de l’État, filant directement vers les paradis fiscaux et que huit personnes possèdent plus que la moitié de l’humanité. Plus loin, dans les pays qui ne nous intéressent que parce qu’ils recèlent de matières qui permettent la continuité de nos modes de vie « non négociables », où nous plaçons dictateurs et autres despotes qui assureront nos importations et, pour ceux qui se rebifferaient et tenteraient l’indépendance, nous leur enverrons nos troupes au nom des Droits de l’homme et autres valeurs pétries d’altruisme.
LA FUITE EN AVANT ALORS QU’IL Y A URGENCE
Soit, nous connaissons ces chiffres, ces faits, ces images que les médias de masses nous passent avec fréquence, entre deux pages de publicités, imposant cette double dimension schizophrénique changement/continuité, qui finit par éroder notre moral. Mais alors que cette connaissance devrait nous enjoindre de tout faire pour ne plus jouer le jeu, coupant nos télés et recréant des agoras partout pour réfléchir au futur, dans un contexte d’État d’urgence écologique révélant bien plus de pertinence que les gesticulations anti-terroristes des gouvernements, les technocrates nous assurent le « changement dans la continuité », en promettant la transition énergétique et la révolution numérique, censées nous libérer du fardeau du travail et assurant une meilleure communication entre les hommes. Comme l’explique Clive Hamilton, « Les meilleurs climatologues du monde font aujourd’hui monter le signal d’alarme à un niveau sonore assourdissant, car le délai pour agir a pratiquement expiré, et pourtant, tout se passe comme si ce signal était inaudible à l’oreille humaine ».
Un des miracles de cette « transition » serait notamment la 5G, une technologie venant après la 4G et qui permettra d’atteindre des débits en terme de télécommunication mobile de plusieurs gigabits de données par seconde. Et comme le vent, la pluie et les marées, il ne sera pas question de questionner, sauf sous la forme habituelle du spectacle, où tout est déjà écrit mais où l’on nous fait croire dans les possibilités d’influer sur la trame du récit : l’option du refus n’est pas prévue, on fera donc tout (à renfort de propagande publicitaire dans les rues, à la télévision, la radio, dans les journaux) pour que vous ayez l’impression de le vouloir, d’exprimer votre moi profond quand vous demanderez la 5G. En septembre 2018, Qualcomm, entreprise américaine active dans le domaine de la technologie mobile (Chiffre d’affaires 25,3 milliards de dollars), n’affichait-elle pas dans Tout Bruxelles, sur les supports propriété de l’entreprise JC Decaux, le message : « La 5G va créer de nombreux emplois. Et notre travail, c’est de créer la 5G ». Dès lors, plus besoin de vrais débats contradictoires. Opérateurs téléphoniques, politiciens, médias, comité mis en place par la Ministre bruxelloise de l’environnement, tous sont acquis à la 5G, certains émettant des doutes affectés, d’autres marquant leur assurance, mais tous convaincus de ce qu’il faut atteindre. Notre chaîne nationale, la RTBF, éprise de cette croyance arbitraire et illusoire qu’« on n’arrête pas le progrès », illustrant sous l’argument de la nécessité l’injonction de l’histoire qui s’écrit seule : « Mais il y a un timing à respecter. La Commission européenne veut que chaque État membre, (et ça vaut aussi pour la Belgique) dispose d’une couverture 5G dans, au moins, une ville pour 2020. Et en 2025, ce sera l’ensemble des zones urbaines qui devront disposer d’une couverture 5G. Y compris les grands axes routiers. On est vraiment dans la dernière ligne droite », avant le mur…
À ce niveau, un extraterrestre débarqué sur la Terre ne serait pas convaincu par tout ce que nous venons de dire, car nous n’avons encore rien dit sur la 5G. Au fait des risques de disparition de notre civilisation, dont il a pris connaissance ici, s’il est un tant soit peu lucide et sain d’esprit, il doit se dire que la 5G est sans doute quelque chose de formidable, un antidote en quelque sorte, ce remède qui nous permettra de nous en sortir. Nous n’osons pas lui expliquer ce qu’apportera réellement à l’homme cette innovation, tellement nous sommes proches du néant : « Avec la 5G, les utilisateurs devraient pouvoir télécharger un film haute définition en moins d’une seconde (tâche qui peut prendre 10 minutes en 4G). Et les ingénieurs sans fil affirment que ces réseaux vont également stimuler le développement d’autres nouvelles technologies, telles que les véhicules autonomes, la réalité virtuelle et l’Internet des objets ».
En somme, nous devrions toujours évaluer la nouveauté à l’aune de cette question que posait George Orwell : « Cela me rend-il plus ou moins humain ? ». Si nous pouvons montrer tout ce que cette technologie ôtera à l’homme, il est impossible de dire ce qu’elle lui apportera, alors qu’une grande partie n’a déjà rien, et qui le rendra plus humain, c’est-à-dire capable de vivre pleinement en harmonie avec la nature, de se contenter du minimum, de saisir et comprendre ce qu’il vit, de se rapprocher des autres sans chercher à avoir plus. Qu’y a-t-il d’humain à télécharger un film en moins d’une seconde ?
LA CROISSANCE, ENCORE ET TOUJOURS
Le seul et unique leitmotiv, toujours : la croissance, signifiant toujours plus de produits issus de l’exploitation de la terre et des hommes du « Sud », venant par avions, camions, supertankers : « L’association entre croissance économique et progrès est si profondément ancrée dans les modes de pensée – qu’ils soient progressistes ou conservateurs, elle est défendue avec tant de vigueur, qu’elle ne peut être fondée que sur un lien empirique banal entre augmentation de la consommation matérielle et augmentation du bonheur d’un pays ». Dominique Leroy, grande patronne de l’opérateur de téléphonie Proximus (entreprise publique classée en bourse, l’État étant actionnaire principal) n’allait-elle pas dans ce sens déjà en 2015, lorsqu’invitée au Parlement pour une « audition sur la future politique de Proximus », elle reviendra avec cette litanie du « retard » :
« L’Europe est actuellement à la traîne par rapport à l’Amérique et à l’Asie en matière de développements technologiques et de niveau des investissements dans les TIC. Cette baisse [de la croissance, en Europe, des revenus provenant de l’activité numérique] est due principalement à la législation trop stricte, qui entrave l’innovation ». L’argumentation est toujours identique : on se compare à l’autre et on en déduit qu’il faut aller plus vite. Ensuite, on identifie les causes du retard (« des normes trop strictes ») et on fait pression (lobby, propagande médiatique, distributions d’« avantages » divers, mise en place de comités adoubés par les gouvernements…). Dans ce processus, la nécessité économique fait loi : « Bien que les niveaux de prix soient importants, il faut investir en permanence au profit de l’économie numérique (…) Ce n’est qu’en investissant et en innovant qu’il est possible de générer une croissance ».
Jamais le bien commun ni l’environnement ne sont ainsi invoqués comme principes supérieurs. Et ce n’est que logique, car on ne peut assurer en même temps la croissance économique et le bien commun. L’élément qui domine tout, c’est le principe de croissance, donc de profit, le reste devant suivre obligatoirement : « Le déploiement de la 5G nécessite une densification du réseau, c’est-à-dire que concrètement, des antennes supplémentaires doivent être installées ». Nous ne sommes plus dans le domaine des propositions qui devront être soupesées ultérieurement lors d’un débat démocratique, mais dans celui de l’ordre, où la réalité n’aura qu’à s’adapter : « L’innovation, surtout l’Internet des objets (“Internet-of-things”), y compris dans le domaine de la mobilité et de la cybersécurité, va radicalement modifier le paysage des télécoms. » Le paysage est pensé, il ne reste plus qu’à trouver les peintres. Il faut toutefois persuader les sujets que les peintres ne s’affairent que pour eux et constamment assurer le spectacle du bien commun en recourant aux professionnels de la communication : « La mission de Proximus est de maintenir les personnes en permanence en contact avec le monde de manière à ce qu’elles puissent vivre mieux et travailler plus intelligemment ».
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