Aubervilliers rappelle à l’ordre Enedis

Démarcheurs agressifs, information des usagers insuffisante, la ville met en garde Enedis sur le déploiement des compteurs Linky.

Il aura fallu un arrêté municipal pour mettre le holà au déploiement à marche forcée des compteurs Linky d’Enedis (NDLR : gestionnaire du réseau d’électricité en France) à Aubervilliers.

De nombreux habitants se sont plaints, dénonçant les démarcheurs trop insistants de la société Scopelec, chargée de la pose des compteurs. « Beaucoup trop d’incidents ont été constatés lors des installations », signale la municipalité. La maire PC, Meriem Derkaoui, parle en connaissance de cause, elle-même a été victime de ces commerciaux trop agressifs.

« Soucieuse de la protection de ses habitant-e-s face à des logiques de rentabilité financière et d’intérêt économique, la Municipalité condamne cette méthode basée sur de la désinformation et le fait accompli, explique Meriem Derkaoui dans un communiqué. Pour toutes ces raisons, la Municipalité décide, par arrêté, d’interdire cette démarche d’installation forcée sur l’ensemble du territoire communal. »

Ces compteurs nouvelle génération censés mieux informer les usagers, se sont révélés impossibles à utiliser. « Vingt-huit informations défilent sur le compteur, s’affichent en abrégé et se révèlent incompréhensibles. Seules deux d’entre elles sont explicitées sur le document distribué le jour de l’installation ou sur le site internet d’Enedis. Il reste donc vingt-six données inexpliquées », poursuit la ville d’Aubervilliers.

Elle légitime ses réticences par les conclusions formulées par les plus hautes juridictions. En l’occurrence, la Cour des comptes avait déploré en février 2018, « la communication défaillante et l’impact insuffisant » en matière d’économies.

A cette liste d’inconvénients s’ajoutent des interrogations en termes de santé. Notamment en ce qui concerne les risques encourus par une exposition aux champs électromagnétiques.

Au vu de ces nombreuses zones d’ombre, Aubervilliers a exigé du prestataire « de recueillir le consentement libre et éclairé de chaque usager avant toute installation », et le menace de poursuite « lors de toute intrusion dans le domicile de ses usagers malgré le refus qui leur est opposé ».

Le message a été entendu, assure Robert Poggi, directeur territorial d’Enedis pour la Seine-Saint-Denis. « Lors d’une réunion publique en juin, nous avons informé les usagers sur les conditions de pose », un rappel à l’ordre a été fait au sous-traitant, la SCOPELEC, lui demandant « de ne pas procéder à de la pose forcée ».

Enedis se veut rassurant sur la confidentialité des données : « Elles sont cryptées. Depuis 50 ans nous avons l’habitude de traiter de telles informations. Nous ne les avons jamais cédées ou vendues », poursuit Robert Poggi.

Pour l’entreprise, l’enjeu est de taille : déjà 5 000 compteurs ont été posés à Aubervilliers sur les 17 000 prévus. Le déploiement se terminera en juin 2019. Enedis a proposé à la mairie d’ouvrir des boutiques de quartier où ses techniciens informeraient les usagers.

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