Des nouvelles de la 5G et des télécommunications

Un entretien avec Mathieu Amiech ; l’antenne déplacée de Saméon ne plait pas à certains habitants de la commune de Rumegies ; un communiqué provenant de Tours ; Télécommunications et corruption institutionnelle ; une émission sur France 5

L’antenne-relais de Saméon brouille les relations avec une partie de Rumegies

Une pétition de Rumegeois habitant le hameau de Belzanois vient d’être lancée dans la commune. Ils se dressent contre le déménagement du projet d’antenne-relais du centre de Saméon vers une parcelle située au beau milieu des champs mais à environ 500 m de ce groupe d’habitations.

Les Saméoniens adhérant de l’association APRES se sont réjouis d’apprendre par un mail, le 19 avril dernier, que l’opérateur d’infrastructures TDF* avait accepté de chercher un autre site que le centre du village et allait déplacer son pylône de téléphonie en pleine campagne. Au beau milieu de nulle part, ont pu penser les lecteurs, plus précisément tout de même entre un hangar de la ferme Dhéry et un bois, toujours sur le territoire de Saméon, mais éloigné de trois kilomètres du centre de la commune. Par ailleurs le support ne fera 30 mètres de haut contre les 45 m signalés au début du projet. C’est une avancée arrachée par le maire lors des récentes négociations avec TDF.

Des mécontents quand même

La bonne nouvelle des uns s’est transformée en inquiétude pour les autres. Désormais plus proche de Rumegies et d’Aix-en-Pévèle, le nouveau projet a déjà ses opposants. Certains habitants du hameau de Belzanois, situé à la sortie de Rumegies vers Aix et Mouchin, ont lancé une pétition. Sur la page Facebook de « T’es un vrai Rumegeois si… », trois arguments sont avancés : ainsi, « l’exposition maximale qui n’est pas à côté de l’antenne mais à 1000 m en zone périurbaine » selon une enquête citée. Autrement dit, pour cette antenne « en plein cœur du village » d’après les porteurs de la pétition. Ils pointent aussi une « pollution visuelle » et une « dépréciation immobilière ».

Pas de distance minimale

La maire de Rumegies, Anne-Sophie Ghesquière, suit l’évolution du dossier. Elle dit « comprendre la satisfaction des Saméoniens et de mon homologue Yves Lefebvre ». Quant au nouveau lieu d’implantation, elle relativise : « C’est loin des habitations ». Le maire de Saméon lui situe l’équipement à « 300 m de la limite des territoires entre les deux villages ». Un point important, puisque le décret du 3 mai 2002, référence réglementaire applicable en la matière en France, ne prévoit pas de distance minimale à respecter entre un émetteur et des habitations ou autres lieux publics. L’article 5 du décret demande seulement « lorsque l’on est dans un rayon de 100 m d’établissements scolaires, crèches ou établissements de soins, d’assurer une exposition aussi faible que possible de ces établissements tout en préservant la qualité de la réception ».

 Des antennes malvenues

Saméon compte déjà plusieurs autres antennes, positionnées en haut du château d’eau, au nord du village. Et « elles servent autant à Rumegies qu’à nous » rappelle Yves Lefebvre. De son côté, Anne-Sophie Ghesquière résume la situation : « C’est toujours la même chose, on veut du réseau mais on ne veut pas d’antennes. ». Pour l’heure, personne n’est encore venu en mairie de Rumegies pour obtenir des informations ou solliciter un rendez-vous.

https://www.lavoixdunord.fr/996476/article/2021-05-

Voilà ce qu’a écrit, le jeudi 6 mai la présidente de APRES, l’association de Saméon ; « Nous procéderons Vendredi 6 Mai 2021 à 18 heures au décrochage de l’affiche située sur la place. Nous aurions aimé faire les choses de façon plus festive mais les conditions sanitaires ne nous le permettent pas. Une page se tourne, Sameon va pouvoir respirer. »

 

Bien entendu, TDF va se dépêcher de monter l’antenne … pour éviter une nouvelle contestation.
Pour rappel : il est important de se battre contre ces implantations d’antennes ; il est surtout important de se battre contre les antennes, en tout lieu.

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Télécommunications et corruption institutionnelle

Une décision de justice sans précédent annonce une modification en matière de téléphonie mobile

https://www.brighteon.com/452de8f1-b4d9-4539

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5G : l’écologie est-elle l’ennemie du progrès

France 5 ; émission « C ce soir » ; présenté par  Karim Rissouli ; avec Dominique Bourg et François Ruffin

le mer. 05.05.21 à 22h32 ; disponible jusqu’au 04.06.21

https://www.france.tv/france-5/c-ce-soir-le-debat/c-ce-s

A partir de 35 minutes

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La place accrue de la technologie et du numérique avec la Covid ouvre-t-elle un boulevard à la 5G ? Ce déploiement ne pose-t-il pas de nombreux problèmes ?

M. Amiech : La détermination de l’État à déployer la 5G est très compréhensible. L’objectif est de démultiplier le débit d’Internet pour radicaliser l’addiction d’un grand nombre de gens au numérique et pour mettre en relation des milliards d’objets connectés. Seulement, il y a un imprévu : une partie de la population se méfie de ce projet, à tel point que certains politiciens se prononcent contre – fait exceptionnel. Même des personnes qui n’avaient jusqu’ici aucun problème avec l’usage intensif des technologies trouvent que cela va trop loin, à l’image du mouvement des « gilets jaunes », largement tributaires des réseaux sociaux mais au sein desquels des mots d’ordre anti-5G étaient apparus.

Et c’est vrai, la 5G marque un seuil important. Je ne pense pas tant à la baisse des temps de téléchargement des vidéos, mais surtout à l’automatisation accrue des process de production et de circulation des marchandises. La 5G est d’abord un projet industriel et logistique. Mais elle a aussi une dimension politique : la surveillance de la population risque de s’affiner à travers la prolifération des petites antennes-relais dans les rues et des caméras de vidéosurveillance avec système de reconnaissance faciale.

La 5G pose donc la question du type de société que l’on souhaite : société humaine ou société-machine ? Mise en chantier d’un projet démocratique ou despotisme hybridant Silicon Valley et Chine post-maoïste ? Est-il souhaitable d’éliminer au maximum le travail et les décisions humaines ? La 5G sera par exemple au service d’une agriculture dite 4.0, ou «de précision», c’est-à-dire tendanciellement sans intervention humaine : gestion automatisée des cheptels d’animaux, surveillance par drones et satellites des besoins des cultures en engrais et pesticides, robots de désherbage ou de pulvérisation…

Alors qu’il faudrait produire moins, mais avec plus de travail humain, en préservant et réinventant des savoir-faire manuels et des techniques conviviales (au sens d’Ivan Illich), nous nous dirigeons vers des niveaux de chômage technologique très élevés. Ce ne sont pas les projets de décroissance qui mettent de plus en plus de gens des classes moyennes et populaires sur la touche ; ce sont les promoteurs de la quatrième révolution industrielle.

Enfin, se pose la question fondamentale de la puissance. Si la France ne passe pas à la 5G (puis à la 6G…), elle risque de se retrouver en position de faiblesse, y compris militaire, par rapport à d’autres pays. Aujourd’hui, il faut assumer le choix politique, profondément éthique, d’arrêter cette course à la puissance. Seul un tel choix permettrait peut-être de freiner le réchauffement climatique et l’épuisement des ressources. Dans son essai L’Aigle, le Dragon et la crise planétaire, Jean-Michel Valantin montre a contrario comment la rivalité géopolitique entre la Chine et les États-Unis verrouille la trajectoire de l’humanité vers la destruction de la biosphère.

Est-il encore possible de s’opposer au déploiement de la 5G ?

Il faudrait pour cela un vaste mouvement populaire, au moins équivalent à celui des gilets jaunes, qui mette en son cœur la remise en cause de notre dépendance chaque jour croissante au numérique. Autant dire qu’on en est loin ! Quelque chose aurait peut-être pu émerger dans un contexte non confiné. De ce point de vue aussi, le Covid-19 et sa gestion politique ont ouvert, ou élargi, un boulevard pour la 5G.

Actuellement, il n’y a presque pas de possibilité de réunions publiques. Il y a par contre des antennes qui brûlent régulièrement. Et il y a des prises de position d’élus locaux, de conseils municipaux. Pourtant, tout a été fait pour que ces élus de base ne puissent plus s’opposer à la construction d’antennes de téléphonie mobile. Aujourd’hui, un maire ne peut pas faire valoir le principe de précaution contre la 5G. Il ne lui reste que des arguments urbanistiques ou patrimoniaux.

Dans ce contexte, l’arrêté de Fontenay-sous-Bois est intéressant. Il ordonne la suspension du déploiement des antennes-relais jusqu’à la publication du rapport de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) sur les conséquences sanitaires de la 5G. Il annonce l’organisation de débats contradictoires sur la commune. Et il donne beaucoup de place à l’impact écologique énorme du numérique (émissions de gaz à effet de serre, pollutions par les déchets) qui ne peut que s’aggraver avec la 5G.

C’est un grand mensonge du XXIe siècle. Les technologies de pointe, l’informatique, l’intelligence artificielle sont présentées par les décideurs comme des moyens de freiner la catastrophe écologique. Le déploiement de la 5G contribuerait à ce qu’ils appellent la transition énergétique : cette technologie plus sophistiquée et puissante ferait moins de dégâts que les étapes antérieures de l’industrialisation.

Or, c’est impossible. Avec l’explosion du trafic que la 5G appelle, on consommera beaucoup plus d’électricité ; on produira plus de puces RFID, de smartphones, d’écrans tactiles, d’antennes, de serveurs informatiques dans des data centers encore plus grands. Et donc, on aura besoin de plus de métaux rares ; on ouvrira de nouvelles mines, ou on creusera plus profondément, en dépensant plus d’énergie et en polluant davantage autour des sites d’extraction.

Dans une tribune publiée l’an dernier, l’historien des techniques François Jarrige expliquait qu’il n’y a pas de transition énergétique. Ce terme fait écran devant la seule question qui importe : va-t-on continuer de produire plus, en prétendant que la technologie nous permettra de maîtriser les dégâts ? Ou va-t-on procéder à un inventaire collectif de nos besoins et y répondre par des moyens moins destructeurs, en laissant s’affirmer d’autres conceptions de la vie ?

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La 5G, un nouveau grand projet inutile et futile

Communiqué CATDP  (C’est au Tour(s) du Peuple) du 3 mai 2021

À la « consultation citoyenne », plutôt bâclée, que la Métropole a organisée à propos de l’installation de la 5G dans l’agglomération tourangelle, il n’est pas trop tard pour répondre. À cette future installation déjà programmée et qui fait donc déjà flamber les cours boursiers des entreprises de la téléphonie, voici quatre séries d’arguments que l’on peut et doit, sans relâche, opposer à ce nouveau grand – et même pharaonique – projet inutile.

1 – Menaces sur la santé

2 – Menaces sur les libertés

3 – Menaces sociales et économiques

4 – Menaces sur l’environnement

Les défenseurs de la 5G nous rebattent les oreilles avec « les immenses progrès » qu’elle permettra d’accomplir. Mais quels progrès par rapport à l’existant ? Une meilleure réactivité des voitures autonomes ? L’amélioration de la « réalité » virtuelle pour les « gamers » sur « smartphone » (« cloud gaming ») ? Un gain de quelques minutes pour télécharger les séries fabriquées à la chaîne ? Si les puissants qui dirigent le monde en sont arrivés à nommer « progrès » ce genre de futilités, il n’est sans doute pas étonnant que l’humanité soit en train de courir à sa perte sous l’effet conjugué du recul de la démocratie dans tous les pays, du bouleversement global des grands équilibres écologiques, des pandémies à répétition et des énormes inégalités sociales, économiques et culturelles qui la fracturent…

Pour en savoir beaucoup plus :

https://www.catdp.org/2021/05/la-5g-un-nouveau-gr