Un appel italien contre la 5G et la numérisation de nos vies
Nous avons reçu du collectif italien Coda Nera (« Queue noire ») un appel à « résister au réseau 5G, à la digitalisation et à la médicalisation de nos vies ».
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http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=r
Extraits
Dressons les antennes
Ce sont des temps difficiles. Vous vous demandez peut-être quand ça allait mieux. Si nous relisons de nombreux textes, affiches ou écrits divers du milieu du XIXe siècle à nos jours, parus dans des cercles radicaux qui ont contesté le statu quo, nous trouverons des phrases telles que “il n’y a plus de temps à perdre”, “maintenant ou jamais”, “on ne peut plus attendre”, “la catastrophe est imminente”, “cela va changer nos vies à jamais” et ainsi de suite.
Or, une personne malicieuse pourrait dire : “Écoutez, cela fait presque deux siècles que vous nous embêtez et nous sommes toujours là, sains et saufs, nous vivons dans l’époque la plus démocratique de l’histoire, certes tout n’est pas parfait mais c’est le meilleur des mondes possibles”.
Il faut l’admettre, ce genre de réflexions sont rassurantes et font apprécier toutes les belles commodités de notre civilisation moderne, assis sur le canapé et soupirant : “Mais oui, au fond ce n’est pas si mal”. Il nous faudra secouer cette inertie pour parler de l’énième “quelque chose” qui changera nos vies à jamais : 5G, digitalisation et médicalisation de la société globale, toutes choses qui vont ensemble, surtout les deux premières. (…)
Mais étant donné la situation contextuelle dans laquelle nous nous trouvons, la pandémie mondiale de COVID19 et sa gestion, il est essentiel de partir d’un postulat qui concerne deux questions très difficiles.
Négationnisme et fake news
Pour traiter ces sujets d’une manière facilement compréhensible, nous pouvons utiliser une simple proportion mathématique à laquelle nous arriverons sous peu. Il est indéniable, ou si vous préférez, du moins hors de doute, que pour tout ce qui concerne l’information technoscientifique et médicale sur le COVID19, sur son origine et sa diffusion, sur sa propagation et sur les précautions à prendre pour l’endiguer, il y a inexorablement une sorte de pensée unique.
Que peuvent donc faire ceux qui détiennent les moyens de diffuser la pensée unique pour diffamer tout autre type de pensée ? Facile. Trouver un mot qui évoque les horreurs du passé et du présent et l’attacher à toute personne qui diffère ne serait-ce qu’un iota de l’idéologie dominante. Quand, jusqu’à avant-hier, le mot “négationnisme” a été prononcé, cela signifiait parler des néonazis qui nient la réalité de l’Holocauste et des camps de concentration nazis. Coller l’étiquette de NEGATIONNISTE à tout type de pensée “non alignée” est un joli tour de passe-passe qui nous fait arriver à la proportion:
celui qui critique la gestion du COVID :[est à] à la société = [ce que ] les nazis : [sont] à l’holocauste
Ce mécanisme mis en place par les gouvernements et les médias de masse est extrêmement infâme mais, malheureusement, comme l’ensemble de l’affaire COVID, il a été assimilé par une grande partie de la population. Les fake news sont un autre élément de pensée unique. Si tu es négationniste ou complotiste, souvent utilisés comme synonymes pour parler de ceux qui ne sont pas en accord avec la pensée unique, la fake news est le moyen que tu as pour diffuser tes informations.
fake news fait référence à toute information dissidente de n’importe quel genre. C’est aussi une définition en anglais (avez-vous jamais pensé à ce que signifient les nombreux mots anglais qui sont utilisés aujourd’hui?) et cela permet de combiner dans le même chaudron des choses qui ne sont pas des “nouvelles” – ce qui pourrait être la traduction la plus précise de “news” – mais ce sont parfois des réflexions, des analyses, ou simplement l’exposition de doutes. Les nouvelles peuvent être vraies ou fausses, real ou fake, même si tout est toujours discutable, mais une réflexion ne peut pas l’être, tout au plus vous pouvez être d’accord ou non et cela suppose le fait que vous devez d’abord l’écouter ou la lire.
Mais coller des étiquettes et des définitions sert justement à cela, à tuer l’esprit critique et cette réflexion pourrait s’appliquer aussi à toute une autre série de problèmes. En revanche, c’est l’emblème de la société dans laquelle nous vivons : tout ce qui est catégorisé est plus rassurant, ça ne t’oblige pas à te poser des questions, et t’évite la fatigue de quoi en faire ou en penser parce que quelqu’un d’autre y a déjà pensé.
Comment résoudre le problème? C’est difficile, parce que parmi ceux qui ne pensent pas comme les personnalités influentes, les ministres et les virologues, il y a vraiment de tout, y compris peut-être certains nazis négationnistes (les vrais) et aussi de nombreux charlatans de différentes tendances, ce qui a permit de catégoriser cette position de manière obscurantiste.
- Cet appel est avant tout une incitation à prendre le temps d’aller au-delà de ces catégories banales et captieuses, à penser avec sa propre tête, à mettre en doute ce qui est diffusé sous prétexte des “real news”, la pensée unique, à propos de virus, masque, vaccins, école ou autre.
Ce préambule était indispensable avant de s’aventurer dans des discours qui pourraient être mal interprétés ou banalisés.
5g : sur la terre comme au ciel
Apparemment la 5G pourrait sembler l’énième accroissement des réseaux de téléphonie mobile, la cinquième génération, en fait il s’agit de quelque chose qui va au-delà d’une simple modernisation. La référence au Pater Noster du titre est quelque-chose de plus qu’une simple métaphore. La 5G pourra dis- poser en effet de trois systèmes de propagation :
– dans le ciel : on parle de milliers de satellites qui ont commencé à être lancés en orbite, positionnés dans la partie basse de l’atmosphère ;
– dans les airs : sur les classiques antennes-relais qui depuis plusieurs dizaines d’années désormais dominent nos paysages, où elles voisineront les vieux dispositifs de réception et transmission des 2, 3 et 4G ;
– sur la terre : c’est la véritable nouveauté de cette technologie ; des millions de micro-antennes installées partout en ville et à la campagne, sous les caniveaux, sur les réverbères, dans les panneaux publicitaires et toute forme de structure architectonique imaginable.
En effet les micro-ondes de la 5G, tout en véhiculant une grande quantité de données, ont une faible portée et elles ont donc besoin de micro-antennes qui puissent garantir leur signal, placées tous les 50/100 mètres. C’est pour cela qu’elles seront partout.
Premier problème : les ondes électromagnétiques et leurs conséquences sur la santé
Le fait que les ondes électromagnétiques soient nuisibles à la santé a déjà été abondamment démontré. Dans un monde où l’on a perdu désormais toute certitude, en voilà une : les ondes électromagnétiques, des ondes radio à la téléphonie mobile, font mal, point, et la 5G le fera tout autant. La seule différence est que sur cette nouvelle technologie il y a moins d’études par rapport aux autres. Lorsque les grands magnats des technologies nous diront, mais ils nous le disent déjà, que la 5G sera sans danger, rappelons-nous que ces personnes font partie des groupes qui par le passé nous avaient aussi dit que l’amiante, le nucléaire, le DDT, les pesticides en général et tout autre composé chimique de synthèse sont inoffensifs. Comme toujours, on ne se rend compte de la nuisance d’une nouvelle technologie que plusieurs années après sa diffusion sur une grande échelle, lorsque les dégâts sont faits, et surtout lorsque leurs premiers supporters et investisseurs sont hors de la scène, les nouveaux dirigeants n’ont pas de responsabilité et la technologie nuisible ne peut plus être éliminée car toute l’économie mondiale en dépend désormais. Et surtout, prenons garde ! Si les études sur les risques liés à l’exposition aux champs électromagnétiques sont financées par les Motorola, Ericsson, Apple, Tim etc., on devra se poser quelques questions.
Heureusement, en Italie, il y a eu plusieurs luttes contre l’électromagnétisme depuis les années 90 et cela signifie, tout au moins, que l’Italie est l’un des pays avec les seuils de pollution électromagnétique les plus bas. Ces seuils sont le premier obstacle auquel sont confrontés les différents dirigeants de la région et l’une de leurs premières étapes a été de demander au gouvernement de relever ces seuils pour rendre possible la diffusion de la 5G.
- Cet appel pourrait fournir l’occasion d’amener cette question dans le débat public, de créer des mobilisations ayant comme but d’empêcher que le gouvernement rehausse les seuils limite d’émission.
Il s’agit là certainement d’un palliatif, il ne faudrait pas croire une seule minute qu’une chose de ce genre pourrait arrêter l’avancée de cette nouvelle technologie et les intérêts qui se cachent derrière elle. On peut seulement tenter d’enrayer un peu le processus, mais cela pourrait aussi être une bonne occasion pour mobiliser une grande partie de la population, une occasion pour connaître en personne qui est disposé à descendre dans la rue. Et comprendre si c’est vrai qu’il y a parmi eux des nazis négationnistes (des vrais) . Naturellement, pour éviter tout malentendu, cet appel ne s’adresse pas aux nazis négationnistes (les vrais).
Selon toute vraisemblance, dans celles qui seront les prochaines mobilisations sur la question 5G en général, toute la sphère de la soi-disant gauche progressiste manquera à l’appel, celle qui ces mois derniers a fait l’éloge des technologies de télécommunication qui nous ont permis d’être “unis mais éloignés”, qui ont permis le télétravail et l’enseignement à distance. Celle qui s’est toujours battue pour la santé publique et l’éducation. C’est un évident court-circuit mental dans l’esprit de nombreuses personnes qui, en théorie, se sont toujours dépensées pour un monde meilleur.
Et cela nous amène à nous plonger dans un autre thème qui, à ce stade, ne peut plus être ignoré :
que faire du progrès?
On entend souvent dire à ceux qui dirigent des comités opposés à la 5G – mais cela pourrait aussi être dit de ceux qui s’opposent au TGV, aux gazoducs, à l’énergie nucléaire, etc. … – des phrases comme : “Nous ne sommes pas contre le progrès mais nous nous opposons à la 5G, ou au TGV, au gazoduc, etc. … pour ceci et pour cette autre raison”. Ce sont habituellement toutes d’excellentes raisons, mais face aux preuves accablantes d’une humanité toujours croissante accro à la technologie et à la médecine, il faut se demander: comment pouvez-vous encore croire au progrès? Ou mieux encore : pouvons-nous encore croire que le progrès nous sauvera du… progrès?
À entendre Friday For Future ou Extinction Rébellion évidemment oui. Bon nombre de jeunes de ces nouvelles générations d’écologistes ont déjà absorbé la croyance progressiste selon laquelle la réponse à un problème se trouve toujours dans une nouvelle technologie. Et il suffit donc de transformer les technologies d’extraction et de production qui ont dévasté et empoisonné la planète en “technologies vertes” et le tour est joué. Qu’est-ce que ça changera? L’air aura une odeur différente et les marques BIO, ECO, GREEN, etc. … apparaîtront de plus en plus sur les produits du supermarché.
C’est dans ce contexte que les applications pratiques de la 5G seront accueillies à bras ouverts. En quoi va-t-elle nous faire avancer, ou plutôt, que va faire cette nouvelle technologie?
Depuis quelques temps déjà, on entend parler de smart city, un ensemble de hautes technologies qui va permettre la gestion informatique et la mise en réseau de la plupart des flux de vie et urbains : moyens de transport publics et privés smart (les fameuses voitures autonomes), contrôle et sécurité smart grâce à la reconnaissance faciale par des caméras et des drones omniprésents (par lesquels vous pourrez ou ne pourrez pas prendre le bus ou avoir accès à des structures ou des quartiers de la ville sans en avoir les critères requis ; si cela ressemble à de la science-fiction voir le système de crédit social en Chine), des appareils ménagers smart qui réduiront le gaspillage d’énergie et vous permettront de trouver le dîner prêt à votre retour du travail. Tous, bien sûr, peuvent être contrôlés avec l’appareil smart par excellence, maintenant détenu par la plupart des personnes, le Smartphone.
Que manque-t-il pour que toutes ces nouvelles technologies fonctionnent à l’unisson et sans problèmes? Précisément le réseau 5G. La caractéristique la plus annoncée par ses partisans est le fameux temps de latence très court, c’est-à-dire, pour le dire simplement, le laps de temps entre l’envoi d’une commande et son exécution, et encore plus simplement, combien de temps s’écoule à partir du moment où l’on appuie la touche A sur le clavier à celui où ce A apparaît à l’écran. Dans le cas de la 5G, il est de l’ordre de quelques millisecondes, donc très peu.
Cela permettra l’utilisation à distance des superordinateurs capables de gérer l’énorme quantité de données nécessaires au fonctionnement de la smart city. Superordinateurs et serveurs pour le stockage de données qui peuvent être à l’autre bout du globe mais qui, grâce à ces temps de latence très faibles, seront facilement utilisés par les administrations locales, la police, etc. L’innovation 5G n’est pas nécessaire pour télécharger un film sur votre ordinateur plus rapidement ou pour plusieurs vidéoconférences. Pour bien comprendre ce changement de paradigme, il suffit de penser qu’un seul des trois piliers caractéristiques de la 5G, le enhanched Mobile Broadband, sera dédié à l’utilisateur “traditionnel”, tandis que les deux autres piliers, la massive Machine Type Communication et la ultra-Löw Latency and Reliable Communications, seront dédiés aux utilisateurs “innovants” dans divers domaines d’application (secteur de l’énergie, transport, etc.).
quoi d’autre fera progresser la technologie 5g?
– le matériel militaire
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– contrôle de la population
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– technologies médicales
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– le télétravail, ou ici aussi, le télé-centre
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– agriculture
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– école
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– extractivisme
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– déchets
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Cette liste n’est qu’un résumé des nouveaux mécanismes qui bénéficieront du développement de la 5G. Il y a beaucoup d’informations sur toutes les questions soulevées ici, scrutées et étudiées par des personnes remettant en cause cette nouvelle technologie. Cherchez-les et renseignez-vous. Mais la question générale de savoir en quoi consiste le progrès échappe souvent à bon nombre de personnes, même les plus intelligentes.
C’est l’un des mythes fondateurs de la société moderne et il n’est pas facile à ébranler.
Cet appel est une invitation à ébranler ce mythe.
Le progrès a son apogée de temps en temps, la 5G est le pic actuel et il n’y aura pas de progrès sans la 5G. Tous les mécanismes qui conduisent à une société de plus en plus dépendante de la technologie font face à un entonnoir technique qui sera débloqué par la 5G. Il ne s’agit pas seulement de critiquer une nouvelle technologie comme nocive pour la santé, mais de critiquer un mode de vie et d’existence sur cette planète.
Sans entrer trop dans le détail sur la concomitance de la propagation de la 5G et de la pandémie COVID19, sans vouloir trouver ici un lien scientifique entre les deux choses, une affirmation qui ferait immédiatement sonner l’alarme des sirènes du complot, il est indéniable qu’au moins du point de vue de la propagande, il y a un lien. Ce n’est pas une opinion que toutes les entreprises du secteur HI-TECH dans la période de crise économique générale ont réalisé des bénéfices sans précédent dans l’histoire. Ce n’est pas une invention de dire que la majorité de l’opinion publique réclame “plus de technologie, plus de technologie”. Et plus de technologie aujourd’hui signifie 5G, il n’y a pas d’alternative “durable”.
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