Une onde électromagnétique est formée de la combinaison d’une onde électrique et d’une onde magnétique.
Elle est définie par sa longueur d’onde et sa fréquence et désigne en fait une forme de transport d’énergie. Parmi ces rayonnements électromagnétiques, on peut citer les ondes radio et radar, les rayonnements infrarouges, visibles (lumière) et ultraviolets, les rayons X et gamma.
Les Sources d’exposition aux ondes électromagnétiques
Il existe plusieurs sources d’exposition quotidienne de l’homme aux rayonnements électromagnétiques.
- Le champ électromagnétique terrestre : permanent, il varie selon la météorologie
- Les champs électriques : lignes à moyenne, haute et très haute tensions permettant d’acheminer l’électricité (entre 220V et 400kV).
- Les appareils électroménagers : tout appareil fonctionnant à l’électricité émet un champ électrique et lorsqu’il est allumé un champ magnétique.
- Les écrans vidéos : ordinateurs et télévisions cathodiques ; ces écrans sont souvent remplacés aujourd’hui par des écrans plats qui n’émettent pas de champ électromagnétique
- La téléphonie mobile et les antennes relai : ils représentent aujourd’hui la source la plus importante d’exposition aux rayonnements électromagnétiques.
- Les bornes et cartes WIFI
- Les cartes magnétiques sans contact (RFID)
- Les lampes fluorescentes
La technologie des réseaux sans fil
Les réseaux sans fil permettent à au moins deux terminaux (émetteur/récepteur) de communiquer à distance via des transmissions radioélectriques relayées par des antennes-relais. Les ondes utilisées dans les technologies sans fil sont des ondes de radiofréquence ; contrairement aux rayons X ou gamma utilisés en médecine qui sont ionisants, les ondes de radiofréquence ne peuvent ni rompre les liaisons chimiques des molécules ni provoquer d’ionisation dans le corps humain aux énergies utilisées. Il faut toutefois noter que le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) a classé les champs électromagnétiques de radiofréquences comme «peut-être cancérogènes pour l’homme».
Exposition et normes pour la téléphonie mobile
Les téléphones portables sont des transmetteurs de radiofréquence de faible énergie, qui utilise des fréquences situées entre 450 et 2700 MHz ; l’émission maximale se situe entre 0,1 et 2 watts. L’énergie émise décroît rapidement avec la distance, comme l’exposition de l’utilisateur aux radiofréquences.
Le DAS, c’est-à-dire le Débit d’Absorption Spécifique, est un indice indiquant la quantité d’énergie véhiculée par les ondes reçues par un appareil récepteur, lorsque cet appareil fonctionne à pleine puissance. Il est exprimé en Watt/kg. Plus le DAS d’un appareil radioélectrique est faible, moins cet appareil a le potentiel d’être dangereux pour la santé. Aux USA, la norme pour les téléphones est de moins de 1.6W/kg. L’Union Européenne a quant à elle établi un seuil à 2W/kg. La plupart des téléphones ont un DAS inférieur à 1W/kg.
Depuis le 15 avril 2011, le décret n°2010-1207 du 12 octobre 2010 impose au vendeur d’afficher sur le lieu de vente le DAS des équipements terminaux radioélectriques qu’ils proposent à la vente.
Enfin, depuis avril 2016, les normes concernant le DAS se sont durcies : la mesure doit être effectuée à 5mm au lieu de 25mm précédemment. Certains téléphones précédemment mis sur le marché ne sont donc plus conformes à ces seuils.
Le saviez-vous ? L’exposition aux ondes via la téléphonie fixe sans fil est la même que celle via la téléphonie mobile.
Effets sur la santé ; sur le cerveau
De nos jours, plus de la moitié des habitants de la planète sont concernés par les ondes de téléphonie mobile. Suite à des inquiétudes concernant les risques de ces ondes sur la santé humaine, principalement sur le cerveau, de nombreuses études ont été effectuées, sans parvenir à une conclusion définitive.
Une étude de grande ampleur, l’étude «Interphone», s’est penchée sur la relation entre l’utilisation de téléphone mobile et le développement de certaines tumeurs (gliomes et méningiomes) au niveau du cerveau. Cette étude cas-témoins a été menée dans 13 pays selon un protocole commun, et a suggéré un risque accru de gliome et dans une moindre mesure de méningiome chez certains sujets particulièrement utilisateurs de téléphone portable. Cependant il a été impossible d’établir un réel lien de cause à effet.
D’autres études se sont penchées sur les effets des téléphones portables sur le cerveau. En 2012, une étude grecque sur des souris a montré que l’exposition au téléphone portable et aux émetteurs sans fil pouvait entraîner des modifications du cerveau susceptibles d’entraîner des maux de tête, vertiges, ou troubles du sommeil. Une autre étude en Suède a montré une augmentation de 80% des risques de tumeur cérébrale après 1 à 5 ans d’utilisation du téléphone mobile. En France, des travaux de l’Institut de Santé Publique, d’Epidémiologie et de Développement (ISPED) ont démontré une augmentation des risques chez les gens passant plus de 900 heures au téléphone dans leur vie, une durée atteinte en 5 ans lorsqu’on utilise le téléphone portable 30 minutes par jour. D’autres travaux ont suggéré un risque de tumeur de la glande parotide chez les personnes utilisant leur téléphone plus de 45 minutes par jour.
Plusieurs analyses de littérature ont également fait état d’une corrélation entre l’utilisation du téléphone portable et le risque de trouble ou de maladie. Une méta-analyse récente de 24 études suggère que l’utilisation à long terme du téléphone mobile (plus de 10 années) augmente le risque de tumeur intracrânienne, plus particulièrement dans le cas d’une exposition unilatérale. Encore plus récemment, une autre revue de littérature présente des résultats montrant une augmentation de l’excitabilité corticale et une diminution du temps de réaction lors de l’exposition aux ondes électromagnétiques, possiblement en lien avec des troubles du sommeil. Enfin, une étude de 2011 a retrouvé un risque de développement de gliome ou d’astrocytome chez les personnes ayant utilisé leur téléphone 1h par jour pendant 10 ans ; le risque semble particulièrement important chez les moins de 20 ans.
Malgré toutes ces données, en 2013, l’ANSES a conclu à une absence d’effet des ondes électromagnétiques sur la réponse cellulaire cérébrale, la barrière hémato-encéphalique et l’expression de gènes impliqués dans la cancérogenèse. Il pourrait en revanche exister un effet sur la mort cellulaire neuronale et le stress oxydant ainsi que sur l’activité électrique cérébrale.
En 2016, un rapport préliminaire du National Toxicology Program of Cancerogenesis a été publié. Des rats Sprague Dawley® ont été exposés aux radiofréquences in utero et tout au long de leur vie. Ces études ont trouvé de faibles incidences de gliomes malins dans le cerveau et des schwannomes dans le cœur de rats mâles exposés aux radiofréquences couramment utilisées aux Etats-Unis (GSM, CDMA). Des lésions potentiellement prénéoplastiques ont également été observées dans le cerveau et le cœur de rats mâles exposés aux radiofréquences.
EFFETS SUR LE GÉNOME
Les résultats du programme « REFLEX », financé par la Commission européenne, le Gouvernement Finlandais et le Gouvernement Suisse ont été rendus publics en décembre 2004, lors d’une conférence par le Professeur Adlkoffer, directeur scientifique de la Fondation VERUM. Il démontrait qu’une exposition chronique de très faible intensité aux champs électromagnétiques de la téléphonie mobile provoquait des ruptures simples et doubles de brins d’ADN sur les cellules humaines.
Au cours de l’année 2017, la suite des résultats de l’étude du National Toxicology Program suggère les liens entre l’exposition aux champs électromagnétiques de la téléphonie et le cancer. Un complément de l’étude a été présenté lors du 48ème congrès annuel de l’EMGS (Environmental Mutagenesis and Genomics Society) du 9 au 13 septembre 2017. Des lésions significatives de l’ADN sont retrouvées dans le cortex des souris mâles, dans les leucocytes des souris femelles ou encore dans l’hippocampe des rats masculins.
Ces résultats suggèrent que l’exposition aux radiofréquences des téléphones portables provoque des lésions mesurables irréversibles sur l’ADN dans certaines conditions d’exposition. Ces résultats sont encore partiels puisque les conclusions définitives de l’étude sont prévues courant 2018.
Effets sur la fonction reproductrice
Les effets sur le cerveau ne sont pas les seules conséquences possibles de l’exposition aux ondes de téléphonie mobiles. Une étude récente a montré que conserver son téléphone dans sa poche pouvait avoir des effets sur les spermatozoïdes en réduisant leur mobilité et leur viabilité. Une autre étude a montré que l’usage du téléphone pendant plus d’1h par jour ou pendant la recharge entraînait une concentration anormale des spermatozoïdes. |
Les enfants et ados : une population à risque
Les adolescents possèdent quasiment tous un téléphone portable et l’ont de plus en plus jeune. En 2010, une étude sur les enfants américains a montré que l’utilisation de téléphones portables par les enfants de moins de 12 ans avait augmenté de 68% ces cinq dernières années aux USA. En 2010, 20% des enfants américains entre 6 et 7 ans utilisaient régulièrement un téléphone portable, contre 11,9% en 2005. L’augmentation la plus importante concerne les 10-11 ans, avec 80,5% d’utilisateurs de plus en 5 ans. Pourtant, face aux ondes électromagnétiques, les enfants sont plus sensibles que les adultes car leur cerveau est encore en développement et le risque de pénétration des ondes est plus important. Ainsi, les téléphones mobiles sont suspectés d’avoir un impact sur le développement neurologique des enfants. Une étude danoise réalisée sur plus de 13 000 enfants danois âgés de 7 ans entre 2005 et 2006 a montré que les enfants utilisant un portable avant l’âge de 7 ans avaient 80% plus de risques de souffrir de troubles de conduite, d’hyperactivité et de troubles émotionnels. Le risque augmenterait en fonction de la fréquence d’utilisation et de l’exposition aux ondes. Cette étude conclut également que le téléphone portable serait dangereux lors de la grossesse : les fœtus exposés aux ondes auraient 54% plus de risques de présenter des troubles du comportement dans sa vie. |
En dessous de 12 ans, les médecins de l’ASEF déconseillent donc fortement l’utilisation du téléphone portable !
Les normes pour les antennes relais
Le seuil légal d’exposition aux champs magnétiques des antennes relais est fixé selon la bande de fréquence des antennes. Les seuils sont donc de 41V/m pour la téléphonie mobile à 900MHz, à 58V/m pour les fréquences à 1800MHz et de 61V/m pour la téléphonie UMTS (3G).
Les seuls effets sanitaires considérés pour l’établissement des normes des radiofréquences concernent l’échauffement des tissus. Certaines associations dénoncent ces limites qui ne tiennent pas compte des effets biologiques, et demandent que le seuil soit abaissé à 0.6V/m. Plusieurs autres pays ont en effet des limites d’exposition inférieures (il y a eu des essais en Autriche à 0.6V/m). A Paris, une charte signée avec les opérateurs en 2003 a fixé une limite moyenne de 2V/m sur 24h.
Dans un rapport de 2009, l’ANSES appelle à la réduction de l’exposition du public aux ondes électromagnétiques. L’agence préconise notamment la mise en place du principe ALARA («As Low As Reasonnably Achievable ») qui consiste à ce que la puissance des antennes soient réduites à la plus basse fréquence possible.
Les normes d’émission trop élevées posent problème, particulièrement pour les personnes sensibles telles que les personnes âgées, malades ou les enfants. Pour limiter leur exposition, le rapport Zmirou établi en 2001 recommandait que les bâtiments « sensibles » (hôpitaux, crèches et écoles) situés à moins de 100 mètres d’une antenne relais, ne soient pas atteints directement par le faisceau de l’antenne.
Risques pour la santé
L’installation des antennes-relais est un sujet discuté. En invoquant le principe de précaution, des associations tentent de s’opposer à l’implantation d’antennes dans des lieux à risque, notamment près des écoles.
Une équipe en France mène des recherches concernant les effets biologiques des radiofréquences, notamment sur les fonctions de régulation thermique, le sommeil et l’alimentation. Certains résultats ont montré que l’exposition de rats à des champs électromagnétiques comme ceux émis par les antennes relais pourrait perturber la thermorégulation, la prise alimentaire et le sommeil.
Comment se protéger au mieux des expositions excessives aux ondes électromagnétiques
En attendant que les scientifiques se mettent d’accord sur la nocivité ou l’innocuité des ondes électromagnétiques, il est important que chacun d’entre nous utilise son téléphone portable avec prudence pour limiter l’impact des ondes.
L’ASEF, signataire de l’appel des 20 recommande d’adopter les 10 conseils suivants :
- N’autorisez pas les enfants de moins de 12 ans à utiliser un téléphone portable sauf en cas d’urgence. En effet, les organes en développement sont les plus sensibles à l’influence possible de l’exposition aux champs électromagnétiques
- Lors de vos communications, essayez autant que possible de maintenir le téléphone à plus d’1m du corps (l’amplitude du champ baisse de quatre fois à 10 cm, et elle est cinquante fois inférieure à 1 m de distance). Dès que possible, utilisez le mode « haut-parleur », ou un kit mains libres.
- Restez à plus d’un mètre de distance d’une personne en communication, et évitez d’utiliser votre téléphone portable dans des lieux publics comme le métro, le train ou le bus où vous exposez passivement vos voisins proches au champ électromagnétique de votre appareil.
- Evitez le plus possible de porter un téléphone mobile sur vous, même en veille. Ne le laissez pas à proximité de votre corps la nuit (sous l’oreiller ou sur la table de nuit) et particulièrement dans le cas des femmes enceintes – ou alors le mettre en mode « avion » ou « hors ligne/off line » qui a l’effet de couper les émissions électromagnétiques
- Si vous devez le porter sur vous, assurez-vous que la face « clavier » soit dirigée vers votre corps et la face « antenne » (puissance maximale du champ) vers l’extérieur.
- N’utilisez votre téléphone portable que pour établir le contact ou pour des conversations de quelques minutes seulement (les effets biologiques sont directement liés à la durée d’exposition). Il est préférable de rappeler ensuite d’un téléphone fixe filaire (et non d’un téléphone sans fil qui utilise une technologie à micro-ondes apparentée à celle des portables…).
- Quand vous utilisez votre téléphone portable, changez de côté régulièrement, et avant de mettre le téléphone portable contre l’oreille, attendez que votre correspondant ait décroché (baisse de la puissance du champ électromagnétique émis).
- Evitez d’utiliser le portable lorsque la force du signal est faible ou lors de déplacements rapides comme en voiture ou en train (augmentation maximale et automatique de la puissance lors des tentatives de raccordement à une nouvelle antenne relais ou à une antenne distante).
- Communiquez par SMS plutôt que par téléphone (limite la durée d’exposition et la proximité du corps).
- Choisissez un appareil avec le DAS le plus bas possible par rapport à vos besoins (le « Débit d’Absorption Spécifique » mesure la puissance absorbée par le corps). Le DAS traduit le niveau de rayonnement électromagnétique des téléphones mobiles. Il doit être inférieur à 2 W/kg. Une valeur faible du DAS traduit une exposition aux ondes électromagnétiques plus faible. D’autres paramètres entrent également en compte : la distance par rapport à l’antenne relais ainsi que la qualité de la réception.
Pour en savoir beaucoup plus :