Témoignage EHS

Près de Morlaix, il veut « sensibiliser à la souffrance des électro-hypersensibles » 

La vie de Maryline Ballestracci a basculé en 2016, quand elle a commencé à souffrir de tout son environnement brouillé d’ondes électromagnétiques. Sa souffrance est telle qu’elle est contrainte de déménager de Rennes, pour une maison isolée, à Plougasnou (Finistère). Son mari, ​Frédéric, a consigné un récit de cette vie particulière, et demande un droit aux zones blanches. 

« C’est comme une allergie qui vous tombe dessus », décrit, avec douceur, Frédéric Ballestracci. Les symptômes dont est victime son épouse, Maryline, ont bouleversé sa vie et celle de sa famille. « Les premiers symptômes ont commencé en 2016, avec des maux de tête, des troubles neurologiques, de la mémoire et très grande fatigue, poursuit-il. Elle s’en est aperçue quand elle a changé de travail, dans un bâtiment très connecté à Rennes. » 

Ses maux ont un mot : électro-hypersensible. Mais son médecin généraliste est impuissant. 

« Mon épouse souffre à chaque instant » 

Après un premier déménagement, toujours à Rennes, la situation ne s’améliore pas. « Il fallait qu’on trouve une maison isolée, sans voisin à proximité directe, tout en gardant un cadre attractif pour nos deux enfants. » C’est ainsi que Maryline arrive à Plougasnou (Finistère), dans une maison blindée contre les ondes. Malgré les examens, la médecine du travail ne reconnaît pas sa maladie. Par ailleurs, selon une étude de 2018 menée par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), l’absence de preuves expérimentales solides ne permet pas d’établir un lien de causalité entre l’exposition aux champs électromagnétiques et les symptômes décrits par les personnes souffrant d’électro-hypersensibilité. Maryline est mise en retraite anticipée à 45 ans, en août 2020. 

Son mari lui, est toujours enseignant à Rennes, il y passe la semaine avec ses enfants. Le mercredi et le jeudi matin sont consacrés aux visites finistériennes, et à apporter quelques provisions. « On a trouvé notre équilibre ainsi. Mais ce n’est vraiment pas facile, mon épouse souffre à chaque instant. » 

Pourquoi toujours aller plus vite ? 

Après le temps de l’incompréhension, il y a eu la colère. En août 2019, Frédéric Ballestracci a écrit une lettre à Emmanuel Macron. « J’y demandais un droit aux zones blanches. Son cabinet m’a répondu que le président était attentif à ces problématiques, et a transféré ma demande auprès du secrétaire d’État chargé de la Transition numérique, mais il n’y a pas eu de suivi. » 

Les réponses du président du conseil départemental d’Ille-et-Vilaine et de la maire de Rennes soulignent leur impuissance : « Face à la demande croissante et légitime des habitants d’accéder à un réseau mobile de qualité, et à l’explosion des usages liés au déploiement des infrastructures numériques, nous constatons qu’il va être difficile de sanctuariser des zones dépourvues de toute connexion », écrit Jean-Luc Chenut, président du Département. 

Alors, Frédéric Ballestracci a consigné son histoire, Vivre avec elle dans l’enfer des ondes, sorti des rotatives de l’Imprimerie de Bretagne, à Morlaix. Il y déroule des temps de vie, pour mieux comprendre le quotidien des électro-sensibles. « Notre société est à l’heure de la sur-communication. On veut toujours aller plus vite, mais on perd en même temps nos repères. Pourquoi pas ralentir ? Si les téléphones nous ont apporté de la liberté, ils représentent aussi un problème de santé publique. Il faut prendre le temps de se poser des questions. » Et parmi ces dernières, Maryline Ballestracci en soulève une : « De quoi a-t-on réellement besoin pour vivre ? » 

https://www.ouest-france.fr/bretagne/morlaix-29

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Vivre avec elle dans l’enfer des ondes, 10 € ; frederic.ballestracci@laposte.net