QuestionS sur le PAPE

PAPE = Plan national d’Assistance aux Personnes Electro-hyper-sensibles

Pour rappel : l’article sur le site de Robin des Toits :

https://www.robindestoits.org/LE-P-A-P-E-PLAN-NATION

et le document : Le PAPE

Débat entre Lydia et François (Association pour un espace protégé des Ondes hertziennes)

L. : En tant que personne consciente de mon électromagnéto- et chimico-hypersensibilité depuis plusieurs années et en bonne santé* (je ne prends ni médicaments ni compléments alimentaires, je n’ai plus d’intoxication aux métaux ou autres produits chimiques…),

F. : tant mieux pour vous, mais ce n’est hélas pas le cas pour de très nombreuses personnes

L. : en tant que chercheuse indépendante en sciences du vivant et citoyenne éclairée, faisant preuve d’un minimum d’esprit critique et de bon sens par rapport aux dérives des sociétés modernes, et finalement en tant qu’être humain ayant un minimum d’altruisme, je m’interroge sur le contenu de ce plan d’assistance et sur vos motivations.

Malgré des éléments positifs et des points pertinents (par exemple rendre les espaces publics accessibles aux personnes EHS, créer des zones blanches…), je trouve que votre texte est beaucoup trop long, avec de nombreux éléments redondants, mais les principaux reproches que je ferais sont les nombreuses incohérences et contradictions (vous parlez à un endroit de handicap environnemental et à un autre de maladie), et les erreurs (données inexactes sur la Suède, le Canada). Au final, j’avoue ne plus vraiment comprendre votre message : qui défendez-vous au juste ?

F. : Je trouve aussi que le texte est dense, touffu et au final manque de clarté. C’est toute la problématique d’un texte collectif qui cherche à représenter toutes les sensibilités ayant contribué à son élaboration.

L. : Pourriez-vous m’éclairer et me rassurer sur les points suivants ?

 1) Quel est l’intérêt de vouloir faire reconnaître l’électromagnéto-hypersensibilité en tant que pathologie environnementale ?

F. : Reconnaissance de l’EHS: pour l’instant elle n’est pas reconnue officiellement, donc pas enseignée aux médecins, pas soignée; les médecins qui essaient de soigner des EHS le font souvent sans corpus scientifique en arrière plan et en catimini pour ne pas subir les foudres de l’Ordre; les personnes atteintes se bricolent des « traitements » sur la base de recherches à droite et à gauche, pas toujours adaptés, mais toujours à leurs seuls frais; faute de reconnaissance de pathologie il n’y a pas de reconnaissance de handicap ni à fortiori de compensation et d’effort d’accessibilité.

Pour ce qui est de pathologie « environnementale », l’adjectif  nous semble évident: Les EHS ne sont malades que lorsqu’ils sont exposés aux ondes … qui sont bien un facteur environnemental artificiellement développé par nos sociétés industrielles

L. : 2) Les personnes EHS conscientes et cohérentes, celles qui n’ont plus de téléphone portable, qui consultent internet sur un réseau local câblé et qui ont de saines réactions d’évitement face à une pollution externe, les champs électromagnétiques artificiels, sont-elles malades ?

F. : Elles sont malades quand elles sont exposées. Si chacun peut se protéger de ses propres émissions, comment se protéger de celles venant de l’extérieur : Antennes-relais, bornes Wifi, téléphones des personnes aux alentours, concentrateurs de tout poil, …. ? qui plus est quand on réside en appartement en ville !

 L. : 3) Ne serait-ce pas plutôt l’environnement qui est malade et qui a besoin d’être traité ?

F. ; Sans doute. Mais notre ambition (je parle pour nous) se limite modestement à aider les EHS à survivre.

 L. : 4) Qui est une menace pour la société ?

Est-ce l’EHS qui se plaint et qui demande aux personnes présentes d’éteindre leurs téléphones portables, leur wifi… ?

Ou sont-ce les industriels et leurs complices (les autorités, médecins, scientifiques, journalistes, juristes corrompus) qui polluent sans se soucier des souffrances humaines, animales aussi (et végétales) et des désastres (génocide et écocide) engendrés ?

F. : On ne peut qu’être d’accord. Sauf que l’industrie se nourrit de connexions numériques (filaires ou non) et que le grand public est totalement accro à l’internet mobile. Ce n’est pas demain que cela changera. Un jour sans doute y aura-t-il une prise de conscience, dont je doute qu’elle suffise à inverser la tendance. Mais les EHS qui souffrent aujourd’hui n’ont pas le temps d’attendre.

L. : Ma position sur le sujet :

1) Demander la reconnaissance de l’EHS comme pathologie est contreproductif et représente une erreur stratégique.

F. : Débat récurrent. Je comprends cette position, mais ne la partage absolument  pas.  Seule la reconnaissance de la pathologie peut permettre aux EHS d’être pris en considération et aidés. Je vais plus loin: Le jour où la reconnaissance sera faite, ce seront des dizaines, voire des centaines de milliers d’EHS qui demanderont à être reconnus malades. Si leur handicap est admis, la société se devra de leur rendre les lieux et transports publics accessibles ! Fini les bornes wifi partout. Interdit l’usage du téléphone portable dans les lieux publics.  (et je ne parle pas des AR dont je ne sais pas bien comment elle pourront s’adapter). Quelle révolution pour le bien de tous les EHS et du vivant dans son ensemble !

L. : Cela ne servirait que les intérêts des industriels et de leurs complices. Si ce sont les EHS qui ont un problème (génétique, organique etc), alors ce ne sont pas les produits et infrastructures construites par ces industriels qui sont toxiques. Par conséquent, demander la reconnaissance en tant que pathologie ne ferait qu’aggraver la situation des EHS, non seulement par rapport à la pollution, mais aussi par rapport à leur ”prise en charge” par le monde médical (risque de traitement forcé comme pour l’homosexualité il y a plusieurs décennies).

F. : Non. Voir plus haut

L. : Il est naïf et contreproductif de s’addresser aux élus et aux autorités, face à la corruption généralisée et au mode de fonctionnement peu démocratique du système politique des sociétés modernes. Le fait qu’il existe des élections ne fait pas d’un pays une démocratie d’autant plus dans une société capitaliste (conflits d’intérêts avec le lobby militaro-industriel, clientélisme face aux électeurs, carriérisme, soif de pouvoir…).

Au vu des évènements politiques actuels, où un système totalitaire très répressif s’est installé en France et dans de nombreux autres pays sous couvert de pseudo sécurité sanitaire, il paraît évident que les motivations des autorités et des dominants ne ciblent pas l’intérêt général.

Tout changement sociétal s’effectue par la base. La liberté d’une société se mesure au degré d’autonomie et de responsabilités de ses membres.

F. : Sauf qu’à la base, la population est très largement « sans-fil-junkie ». Cest un fait incontestable .

L. : 2) Je suis du même avis que le neurobiologiste suédois et spécialiste des effets biologiques des champs électromagnétiques artificiels Olle Johansson, pour lui c’est l’environnement qu’il faut traiter (interdire les technologie sans fils entre autres). En Suède, l’électromagnéto-hypersensibilité est reconnue comme une ”limitation fonctionnelle” (”functional impairment” en anglais).

Pour ma part, je préfère utiliser l’expression de ”mise en situation de handicap” en soulignant bien que c’est la société qui est fautive.

F. : OK.

 L. : J’affirme que les EHS sont des gens normaux. Ils ont peut-être une capacité de détection au niveau magnétique et électromagnétique plus grande que la moyenne des individus, mais cela fait partie de la variabilité inter-individuelle au sein de l’espèce humaine, de même que le ressenti de la douleur.

Doit-on considérer comme des malades les personnes qui ont un sens de l’odorat très développé et qui évitent les endroits pollués par le tabac, un parfum fort ou un produit chimique très volatile et irritant ?

De manière intéressante, les anciens gros fumeurs qui ont arrêté la consommation de tabac, redécouvrent l’usage de leur odorat et du goût après une période d’abstinence. Je pense qu’il en va de même avec la consommation addictive des technologies sans fils. Tous les individus ont la capacité physiologique de détecter l’electrosmog émis par les micro-ondes pulsées s’ils sont mis dans les bonnes conditions (lieux moins pollués, abstinence…).

Olle Johansson et moi-même nous insurgeons contre les tentatives de médecins charlatans pour ”soigner” les EHS conscients.

J’ai remarqué que les personnes EHS conscientes qui évitent de s’exposer dans les lieux pollués sont en bien meilleure santé que les soit-disant bien-portants, qui baignent en permanence dans les radiations et qui attrapent sans arrêt des virus, des parasites… qui vont régulièrement chez le médecin demander des somnifères, des anti-douleurs, des antidépresseurs, des médicaments contre les problèmes intestinaux… qui souffrent de maladies autoimmunes, neurodégénératives, cardiovasculaires et pulmonaires, qui développent des cancers… et dont les enfants tombent aussi régulièrement malades (hyperactivité, dépression, troubles de la personnalité…).

3) Comment améliorer la situation des personnes EHS ?

– Il faut encourager les EHS conscients à assumer leurs différences physiques. Ils ne doivent pas avoir honte de leur image. Je considère que c’est un avantage de bénéficier d’un système d’alarme naturel fonctionnel qui détecte les champs électromagnétiques artificiels.

Les associations de défense des EHS gagneraient beaucoup à s’inspirer de la méthode et du positionnement stratégique développés par les militants homosexuels se battant pour la défense de leurs droits et pour être reconnu comme individus normaux.

F. : Je reviens avec l’addiction de la population aux communications mobiles. Reconnaître le droit à la différence aux homos est un simple acte d’ouverture d’esprit qui n’enlève rien aux hétéros. Reconnaître que des personnes souffrent des ondes et ont le droit de vivre normalement implique que les autres se privent de leur cocaïne numérique ! C’est pas la même !

 L. : – Ils doivent aussi être cohérents et arrêter d’utiliser un téléphone portable. Ils doivent résilier leur abonnement !

F. : Bien d’accord. Et je ne manque pas une occasion de la faire remarquer aux EHS qui ont un portable ou du Wifi

** **

Je suis d’accord avec l’intégralité des réponses apportées par François.

Il y a un monde entre ce qui devrait idéalement être fait et ce que nous essayons de faire tant bien que mal dans la réalité : nous ne pouvons qu’être pragmatiques.

Pour ma part, je n’attends RIEN du gouvernement. J’essaie juste à ma modeste échelle d’aider des personnes électrosensibles dans leur quotidien et de sensibiliser le grand public en organisant notamment chaque année le 16 juin la Journée mondiale de l’Électrosensibilité que j’ai créée en 2018. Informer et sensibiliser encore et encore est la seule réponse que j’ai trouvée à cette épouvantable pollution de l’environnement, des corps et des esprits.

De mon point de vue, la solidarité et l’entraide est notre seul salut, c’est pourquoi il est essentiel que nous fonctionnions le plus possible en réseaux, celui des cœurs et non pas ceux des réseaux sociaux. C’est là qu’investir notre énergie est encore possible et utile, tendre la main n’est pas encore interdit !

Magali Lesure, Fondatrice de l’association Cœurs d’EHS
http://coeursdehs.fr/

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