Cela peut nous intéresser, notamment dans le domaine des neurotechnologies
Saluons sans barguigner la victoire de Gabriel Boric pour la gauche chilienne, à la longue histoire dramatique.
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Ce texte n’est pas que d’intérêt « local » car ses concepteurs semblent vouloir intégrer des axes à portée universelle.
Ainsi le sénateur Guido Girardi, aidé par le neuroscientifique espagnol Rafael Yuste, a fait voter en décembre 2020 un texte (destiné à être intégré dans la constitution) pour protéger « l’intégrité mentale en relation avec l’avancement des neurotechnologies », qui définit pour la première fois un statut des données neuronales.
Parce qu’il y a danger ! Elon Musk (Tesla, mais aussi les satellites StarLink) développe un projet digne de Frankenstein, Neuralink, qui permettrait sous son meilleur jour de faire marcher des paralytiques, ou de guérir des malades du cerveau. Mais qui peut aussi permettre des « hacks » de cerveaux (prise de contrôle d’un implant neuronal), des stimulations neuronales par exemple pour améliorer les capacités mentales de militaires etc.
En Chine, des entreprises comme à Hangzou ont déjà équipé leurs ouvriers de casques munis de capteurs pour évaluer leur état émotionnel et améliorer leur productivité. Dans des écoles primaires près de Shanghai, les élèves sont équipés de casques pour détecter leur attention en classe. En matière judiciaire, les neurosciences sont d’ores et déjà envisagées comme pouvant aider à étayer des décisions de justice, qu’il s’agisse de détecter le mensonge d’un mis en examen ou de juger du niveau de responsabilité d’un prévenu.
Le Sénat chilien a déclaré que la réforme présentée « reconnaît les neuro-droits comme des droits de l’homme au niveau constitutionnel et protège l’autonomie et le libre arbitre, qui sont l’essence de chaque personne ». Le projet de loi « établit que les données neuronales ont le même statut que les organes et pénalise leur trafic ou leur manipulation, sauf indication médicale ». Il sera donc inscrit dans la loi l’impossibilité de collecter les données cérébrales, de surveiller et modifier le fonctionnement du cerveau sans le consentement de la personne.
Par ailleurs, il faut noter que l’ancienne présidente chilienne, Michelle Bachelet, est devenue Haute Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, et y a impulsé (pas seule bien sûr) une réflexion très intéressante sur les droits numériques
https://undocs.org/fr/A/HRC/44/24 .
C’est aussi cette institution qui, en septembre, a prôné un moratoire sur certaines applications de la mal nommée « intelligence artificielle »
https://news.un.org/fr/story/2021/09/1103762 .
Le Chili phare du monde face au contrôle numérique de nos vies ?
D’autres pays s’en préoccupent aussi : l’Espagne devrait s’inscrire prochainement dans les pas du Chili sur les neurosciences, le nouveau gouvernement allemand a inscrit dans son programme la demande de l’interdiction européenne de la surveillance biométrique de masse.
Et la France ? Les dirigeants des GAFAM sont reçus à Versailles, le commissaire français en charge du numérique, Thierry Breton, est l’ancien PDG d’Orange et d’Atos (cette dernière entreprise s’occupant de surveillance numérique tous azimuts) … et les lois promouvant le contrôle numérique pleuvent, sans beaucoup de réaction des « gauches ». De fait, ce bord politique qui, naturellement, devrait s’en saisir, ignore le plus souvent les enjeux du « capitalisme de surveillance » (pour reprendre le titre du livre de l’américaine ShoShana Zuboff), mais aussi de l’Etat de contrôle. L’absence de contestation de la plupart des partis de gauche et des syndicats du pass sanitaire en est une preuve troublante.
Ainsi la principale innovation du pass vaccinal (pour ceux donc qui sont piqués, pas pour « emmerder » les non vaccinés) – la possibilité de contrôle d’identité à tout moment par un vigile, un restaurateur, soit disant pour débusquer les fraudeurs – ne soulève aucune contestation.
Toute et tous prêt.e.s pour le contrôle permanent par la reconnaissance faciale, et pour le prochain pass vaccinal dans un implant sous la peau à la suédoise ?
https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/p
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L’article comprenait aussi ceci
Saluons aussi la poursuite d’une autre démarche chilienne, celle de la construction d’une nouvelle constitution amorcée en 2019 (après des mouvements sociaux équivalents à nos gilets jaunes) et permettant de balayer enfin celle de Pinochet.
Un exemple pour la France d’une alliance féministe, LGBT+, écologiste, issue des mouvements sociaux et de partis de gauche ?
Eux sont partis de loin, et ont finalement su s’allier, illustrant le propos de l’ancien président uruguayen José Pepe Mujica :
« Il faut rassembler. Le rassemblement est l’éternel problème des gauches. C’est pour ça que Franco est mort dans son lit, et qu’Hitler a accédé au pouvoir. Les gauches se divisent sur des idées, car elles veulent à tout prix tomber absolument d’accord, alors que la droite, elle, n’a aucun mal à faire bloc autour de ses intérêts. »
A retenir en France ?