La démocratie en péril
Quel est l’impact à venir de la 5G dans le fonctionnement de notre société ?
Un livre de Denis Bourgeois aux éditions Yves Michel ; préface de Robin des toits
Quel rôle peut jouer la 5G dans les menaces qui pèsent sur la démocratie ? « La thèse de ce livre peut se résumer ainsi : La 5G et le système technique associé, dont elle est un élément clé, constituent un outil utile et nécessaire à l’instauration d’une dictature aux couleurs du XXIe siècle ; Nul ne connaît l’avenir mais si les tendances constatées depuis quelques décennies se poursuivent, c’est ce qui arrivera très probablement. »
C’est ce que Denis Bourgeois propose de manière documentée dans cet ouvrage : une justification et un développement de cette thèse, en proposant également des pistes de documentation sur les questions, par ailleurs très préoccupantes, de l’impact du développement de la 5G sur la santé et l’environnement.
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Le commentaire de Robin des toits
Le déploiement en cours de la 5G suscite de multiples inquiétudes de toutes parts, face au développement exponentiel du brouillard électromagnétique.
L’intention du livre de Denis Bourgeois est d’attirer l’attention sur le danger que la 5G fait courir à notre démocratie. Il est une alerte édifiante face à la surpuissance des industriels et du pouvoir politique, qui se sont lancés sans réelle consultation publique dans l’aventure du tout connecté, pour basculer vers une dictature du XXIè siècle.
Si rien n’arrête le mouvement actuel, nous vivrons dans une société qui n’aura plus rien de commun avec la démocratie. Le livre analyse comment sont mis en place les piliers essentiels d’une dictature, reposant sur le numérique et les télécommunications.
Il décrit deux formes : l’une sévère faisant référence à l’œuvre « 1984 » et l’autre, plus douce, de type « Le Meilleur des Mondes« .
D’une part, nous sommes soumis à une surveillance et un contrôle croissant de chaque individu. La 5G va permettre la multiplication des objets connectés. Les GAFAM et autres industriels du numérique et les services de renseignement ont montré depuis plus de dix ans, qu’ils n’ont pas de scrupules à utiliser de tels outils.
D’autre part l’industrie du numérique opère un contrôle sans précédent de l’information donnée au public et des lois édictées par les autorités publiques. Les contre-pouvoirs dans une démocratie ne fonctionnent plus. Cette industrie et ses alliés financiers parviennent notamment à faire passer sous silence les grands dangers que la 5G fera courir à nos santés et à notre environnement
Extraits
III. Le contrôle de l’opinion et des lois : principes généraux
Des stratégies déjà anciennes et bien identifiées permettent aux industriels, et aux financiers qui leur sont alliés, d’exercer une grande influence sur l’information et l’opinion des populations ainsi que sur les lois en vigueur. Ce que nous vivons aujourd’hui est la continuation de tendances vieilles de plusieurs décennies, avec cependant un coup d’accélérateur marquant dans les derniers mois. C’est ce coup d’accélérateur qui peut faire basculer nos démocraties imparfaites vers un état de dictature caractérisé. Ces stratégies d’influence, reprises et enrichies par l’industrie du numérique, ont atteint une puissance sans précédent aujourd’hui.
La connaissance de ces phénomènes est déterminante pour comprendre de nombreux développements de notre société et, notamment, le déploiement de la 5G.
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Ainsi se tisse la toile que les industriels utilisent pour faire accepter leurs produits : influencer, discrètement mais très efficacement, le monde scientifique, les médias et les autorités publiques. Si ce travail est bien fait, le résultat est prévisible. Sur le devant de la scène, chacun fait alors son travail et, pour reprendre une expression bien connue, à la fin, ce sont les industriels qui gagnent.
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La science, les médias et les autorités publiques ne sont pas directement dans les mains d’un parti unique ou d’un dictateur ; la domination qui s’exerce sur ces acteurs est plus subtile mais elle parvient aujourd’hui à des résultats efficaces tout en préservant, pour qui n’y prend pas garde, l’image d’une démocratie. Ceci, dans son principe n’est pas nouveau, mais le perfectionnement et la puissance de ces mécanismes sont aujourd’hui de nature à éliminer les contre-pouvoirs qui existaient malgré tout dans nos imparfaites démocraties.
Sans doute y a-t-il à l’oeuvre, dans toute cette construction, du cynisme et de la corruption mais aussi de la bonne foi chez des personnes qui croient au bien-fondé de ce qu’elles font. Il n’est pas le propos ici de démêler les unes de l’autre et de porter des jugements sur des personnes ; il est de mettre en lumière des mécanismes qui, quels que soient les mobiles des acteurs, produisent implacablement leurs effets.
- Le contrôle de l’opinion et des lois : le cas de la 5G
Vous avez peut-être pu vous rendre compte des dangers de la 5G, en consultant le site d’associations lanceuses d’alerte. Très bien. Mais il reste une grande question : pourquoi vous a-t-il fallu pour cela des lanceurs d’alerte ?
Ou peut-être êtes-vous bien au fait de toutes ces questions depuis longtemps.
La grande question, qui revient à la précédente, est alors : pourquoi êtes-vous si peu nombreux ? En effet, la méconnaissance de ce qu’est la 5G et de ses dangers est générale.
Certes, on peut se dire que l’être humain est paresseux, ne cherche pas à approfondir les questions sur une technologie qui lui est proposée et qui lui apporte du confort.
On peut aussi se dire que l’on n’écoute que ce que l’on a envie d’entendre et pas ce qui pourrait déranger sa quiétude intellectuelle.
Mais ceci n’explique pas tout ; à cet énorme déficit d’information au sujet de la
5G, une autre raison majeure existe et vous pouvez la deviner si vous avez lu les pages précédentes : les mécanismes qui y sont décrits ont fonctionné avec une efficacité remarquable. Les industriels ont parfaitement réussi à contrôler l’opinion et les lois les concernant, ce qui peut leur permettre, en retour, d’asseoir encore davantage leur pouvoir à l’avenir. On peut même dire que nous avons là un cas d’école, illustrant très bien les principes exposés au chapitre précédent.
L’auteur :
Denis Bourgeois est actif dans une branche locale de l’association Robin des Toits.
Ses engagements à tous niveaux l’ont conduit à rédiger cet ouvrage.
À la fois militant, professionnel et bénévole, en faveur de nombreuses causes telles que l’écologie et l’économie à la recherche du bien commun, il a également été sociologue et chercheur-enseignant en sciences sociales appliquées au monde des organisations et de l’économie.
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Pour en savoir encore plus sur la 5G
Une bibliographie assez complète :
Sélection de livres en langue française qui parlent du scandale du
Commentaire de Patrice Goyaud
Attention au livre de Florence Rolando qui n’a rien d’un livre sur la 5G, malgré son titre.
L’éditeur nous avait envoyé un exemplaire pour que rDT en fasse la promotion.
J’ai pris la peine de le lire, résultat : si au plan naturopathie il tient la route il est truffé d’erreurs (dont certaines énormes) et d’imprécisions techniques.
J’en ai dressé la liste que j’ai communiquée à l’éditeur, lequel l’a adressée à l’auteure, qui m’a d’ailleurs répondu que le livre était sous presse et non modifiable pour l’instant.
C’est une faute déontologique, lorsqu’on écrit sur des sujets que l’on ne maitrise pas, de ne pas faire relire l’ouvrage par un comité de lecture avant parution.
Un livre « tout public » doit aussi être irréprochable, et celui ci, à mon avis peut faire de l’ombre à notre cause.
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Commentaire de Stop Linky 5G Loire et Halte au contrôle numérique
A la lecture de ce livre de Denis Bourgeois (soutenu par et, semble-t-il, occasion d’une « réinvention » de l’association Robin des toits dont il fait partie), quelques réflexions personnelles :
– tout d’abord bravo pour un propos ambitieux sur la société de surveillance, à la fois condensé et construit sans perdre le fil d’une vision d’ensemble, avec beaucoup de notes qui permettent de prolonger la réflexion au delà. Ce livre – peu cher : 10 € – peut être diffusé largement par nos collectifs pour que chacun.e s’approprie les éléments pour débattre ensuite.
– propos courageux d’y insérer une réflexion sur la démocratie et ses conditions, mise à mal actuellement par les industriels et états, alors que désormais le seul questionnement peut être assimilé à du complotisme, du confusionisme, par les représentants du pouvoir comme par les médias (détenus pour la plupart par les industriels du numérique, comme le rappelle ce livre). Et, ce qui est très inquiétant, par l’opposition dite « de gauche » et écologiste, laquelle appuie sans barguiner l’imposition coercitive du pass sanitaire.
– ce livre se centre sur le « monde de la 5G », expression que nous avions aussi retenue pour notre manifestation l’année dernière à Lyon « contre la 5G et son monde ». La 5G peut être vue comme une continuité (2, 3, 4G), mais elle est plus sûrement une rupture car c’est elle qui permettrait la fusion de différents outils (smartphones, mais aussi objets connectés – dont le Linky -, voitures autonomes, drones, caméras…, contribuant à l’installation d’une société de surveillance et de contrôle permanent.
Notre combat contre la 5G est donc bien central.
– seule réserve : la stratégie de sortie proposée, type le « colibri » de Pierre Rabhi (cité dans le livre), qui renverrait à notre seule action individuelle. Certes, nous avons des pouvoirs, de consommateur (ne pas acheter smartphone 5G et objets connectés…), d’act.eur.trice civique. Mais, même si la situation politique actuelle est très décourageante (voir plus haut !), on ne doit pas s’interdire des revendications, des actions juridiques et politiques de long terme, si possible en coopération avec les militants d’autres pays.
Le livre de Yaël Benayoun et Yrénée Régnauld, « Technologies partout, démocratie nulle part », inventorie ainsi quelques pistes prometteuses.
Beaucoup de livres paraissent actuellement sur ces sujets, un est sans doute fondateur pour prendre la mesure du monde dans lequel nous entrons : « L’âge du capitalisme de surveillance », de Shoshana Zuboff. Il est un peu long (700 p.), mais beaucoup d’interviews, de commentaires critiques existent qui peuvent permettre de découvrir les concepts de l’auteure.
Justement, l’article
https://lundi.am/De-quoi-le-QR-code-est-il-le-nom
se base en partie sur son approche, mais aussi sur un livre paru en 2013, d’Eric Schmidt alors PDG de Google. C’est ainsi, au moment où ils s’y lançaient, ces grands concepteurs de la société de surveillance nous annonçaient très clairement ce qu’ils nous réservaient ! Après, ils se taisent ou même nient…