Pose gratuite ? Un mensonge !
Si ce n’est pas déjà fait, un « partenaire » d’Enedis va un jour frapper à votre porte pour vous proposer d’installer son nouveau compteur électrique, le fameux Linky. Parmi les diverses inquiétudes, voire résistances que soulève le boîtier fluo, une question revient souvent : sa pose est-elle gratuite ? Sur le moment, oui, vous n’aurez rien à débourser et ne recevrez pas de facture. Mais à un moment donné, une contribution vous sera bel et bien prélevée…
C’est d’ailleurs ce qu’a reconnu -sans trop insister, bien entendu- le nouveau directeur de projet Linky, Hervé Champenois, lors de l’émission « la quotidienne »sur France 5 le mardi 2 octobre.
Explications.
Depuis l’automne 2015 et jusqu’en 2021, Enedis tente de déployer 35 millions de compteurs « intelligents » sur tout le territoire. Si l’installation, dont le coût unitaire est évalué à 130 euros, n’est pas immédiatement facturée aux ménages, Enedis n’a accepté que temporairement de prendre en charge la totalité des frais de mise en place. In fine, les particuliers finiront bel et bien par y participer en s’acquittant d’une contribution au titre du « coût du déploiement ».
15 euros par an pendant 10 ans
La Commission de régulation de l’énergie (CRE) et le distributeur d’électricité ont en effet décidé d’appliquer un système de « différé tarifaire ». En clair, il est prévu de ne faire payer les ménages qu’à partir de 2021, quand ils auront enregistré leurs premières économies « grâce à cette nouvelle technologie », fait valoir Enedis, ce qui permettra « d’équilibrer les dépenses ».
Selon les calculs de l’UFC-Que choisir, les particuliers auront à « payer 15 euros par an pendant dix ans pour permettre à Enedis d’installer un compteur ». Soit jusqu’en 2031. Mais au bout du compte, l’opération sera-t-elle « neutre » pour les particuliers, comme l’affirme la CRE ? Selon une étude publiée le mois dernier par l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), Linky permettra aux foyers de faire des « économies de 7,7% en moyenne » qui « pourront aller jusqu’à 10% pour les plus gros consommateurs ». Très concrètement, un particulier qui occupe un studio sans se chauffer à l’électrique et qui s’acquitte d’une facture d’électricité annuelle oscillant entre 247,80 euros et 262,32 euros, en fonction de son fournisseur d’électricité, devrait donc pouvoir économiser entre 19 et 20,20 euros. De leur côté, des occupants d’une maison de plus de 80 m2 qui se chauffent à l’électricité, économiseront entre 189,92 euros et 197,92 euros, sur une facture de près de 2.500 euros. Si l’on se fie à ces prévisions, l’opération semble donc effectivement gagnante pour le consommateur.
Mais la réalité nous rattrape car les économies probables calculées par l’Ademe se transforment souvent en … surfacturation !
En conclusion –provisoire ?- le principal gagnant de cette pose dite « gratuite » restera … Enedis. En effet, les financements reçus par le distributeur d’électricité pour pouvoir prendre en charge le coût d’installation des compteurs ont été obtenus à des conditions très favorables. Selon un rapport de la Cour des comptes, si la pose de 3 millions de compteurs a été financée à partir de fonds propres d’Enedis, le reste l’a été via un « prêt intragroupe au taux de 0,77% adossé à un financement de la Banque européenne d’investissement (BEI) » accordé au distributeur d’énergie. Or, le taux d’intérêt de l’avance faite aux ménages est quant à lui fixé à 4,6%, relèvent les magistrats. D’après leurs calculs, l’opération représenterait donc « une marge de 2,8% » pour Enedis. Pour les usagers, cela devrait correspondre à un « surcoût de 506 millions d’euros sur la période 2014-2031 ».
Il ne faut pas non plus oublier qu’au bout des 10 ans de remboursement du compteur, il nous faudra recommencer car ces compteurs seront en fin de vie !