Cela s’est passé le 18 novembre, dans l’émission « L’Air du Temps ».
https://www.radioplus.fr/ ; 104,3 FM
Intervention du collectif ACCAD
je vous raconte une anecdote que j’ai déjà eu l’occasion d’évoquer …. : « Allant un jour dans un restaurant de la région, je m’étonnais de na pas avoir la carte … Un serveur me répondit que par mesure environnementale, ils avaient mis en place un QR code … c’est vrai que ces « code-barres » … c’est la nouvelle façon de faire … Ces modules carrés noirs disposés dans un carré à fond blanc vous donnent tout plein d’informations … mais … mais …lisibles soit sur un téléphone mobile, un smartphone, une tablette tactile ou encore une webcam ! Ne possédant pas ce genre d’appareil, je lui ai demandé une carte et sa réponse fut cinglante : « Vous n’êtes pas écolo …. Et vous ne pensez pas à nos arbres utilisés pour le papier » …. Je n’ai pas voulu attiser la polémique mais je me suis fait la réflexion qu’il n’a rien compris au film et surtout qu’il ne sait pas !!!! Et pour cause …. Il y a des choses qui restent bien cachées et dont on ne parle pas ….
Il est donc question de dématérialisation, ce mot qui est un mensonge.
Parce que pour « dématérialiser », il faut du matériel : ordinateurs, serveurs, datacenters, câbles de transmission, antennes 3/4/5/6G, etc… donc des matériaux : métaux, matières plastiques, terres rares et de l’énergie pour les fabriquer, de l’électricité – donc encore du matériel : centrales électriques, éoliennes, panneaux photovoltaïques, etc.
Tous ces matériels électroniques sont très difficiles à recycler, d’où une pollution supplémentaire, beaucoup d’eau et beaucoup d’énergie à dépenser…
Donc, il faut extraire beaucoup et donc, à l’avenir, penser nouveaux projets délirants afin d’aller sous les océans, sous les pôles, sur la lune, les astéroïdes et autres planètes.
Le papier, lui, est vertueux pour l’environnement, pour notre santé, pour le climat. En plus de son poids carbone quasi nul, le papier est recyclable !
Pour intervenir régulièrement sur cette antenne, vous commencez à être connu comme quelqu’un qui lutte, avec votre Collectif ACCAD, contre la surconsommation du numérique, contre les ondes électromagnétiques d’origine artificielle, tellement néfastes pour notre santé et celle de nos enfants …On en a déjà tellement parlé dans cette émission … de l’impact sur le développement intellectuel et social des enfants. Avec vous, on continue aujourd’hui, de parler des enfants … En effet, il faut savoir que le numérique oblige à extraire des métaux rares en exploitant principalement des enfants dans des conditions inhumaines (notamment en Afrique) …. Métaux rares …. On parle surtout du cobalt … En quelques mots, pouvez-vous nous dresser un tableau de la situation en Afrique …. Notamment au Congo, je crois.
Le Congo est le pays qui a fourni le plus d’êtres humains pour la traite des noirs qui s’est déroulé du 16è au 19è siècle. Il a ensuite permis de fournir en matières premières les étapes de la mondialisation capitaliste, fin du 19è, début du vingtième en laissant exploiter du caoutchouc (ce qui a fait la fortune de Léopold II, roi des Belges), du zinc, du cuivre, du plomb et du manganèse. Tout ceci dans des conditions effectivement inhumaines pour les enfants, les femmes, les hommes. Le Congo perd la moitié de sa population entre 1885 et les années 1930… Maintenant, c’est pire, incroyablement pire.
Alors bien sûr, tout cela ne provient pas de notre imaginatif…. Ni de notre façon de combattre le « tout numérique », mais d’une enquête choc sur la face sombre de notre monde connecté … enquête menée par Fabien LEBRUN qui est Enseignant Chercheur et Docteur en Sociologie … et qui après avoir écrit « On achève bien les Enfants », plaidoirie implacable contre l’objet « écrans » vient de publier « Barbarie Numérique » … une autre histoire du monde connecté …. Ouvrage dans lequel il démontre que « l’ogre numérique mange la terre et ravage le Congo » documentant cette tragédie
Il faut se souvenir que René DUMONT a écrit un livre : « l’Afrique noire est mal partie ». Ce livre date de 1962. Le Congo est en un exemple actuel dramatique.
L’extractivisme représente la doctrine du capitalisme et sa pratique en est l’exploitation des ressources naturelles (minières, fossiles, agricoles, forestières).
L’extractivisme sous-tend l’idéologie de la propriété privée, une conception de la terre vue comme une ressource infinie et illimitée à exploiter pour produire, croître, développer, innover, etc. cette propriété privée est devenue synonyme de barbarie en tant que violente dépossession de ce qui relève de la collectivité et de la chose publique.
La spécificité de ce rapport à la terre et de cette acquisition de matières premières est d’être destructrice. Il pille et tue hommes et nature via des camps de travail et pollue l’environnement. Ces méfaits, qui remontent aux débuts de la colonisation, ne se sont jamais démentis depuis lors. C’est cette barbarie numérique qui se réalise et se développe en RdC avec cette violence politique.
Avec Fabien LEBRUN, on est loin des discours dithyrambiques sur la révolution numérique …. Violence sociale et environnementale …et Fabien LEBRUN nous fait découvrir une réalité brutale … Le constat est implacable : notre soif insatiable de connexion numérique engendre une nouvelle forme de barbarie moderne …
Nous sommes entrés avec la révolution numérique dans une nouvelle ère extractiviste.
L’industrie numérique est une industrie minière. Le numérique est en train de manger la Terre, avec sa cinquantaine de métaux composant un smartphone, proche d’utiliser l’ensemble des éléments chimiques. Or, c’est précisément ici que cette transformation technologique du capitalisme affecte la RDC, seul pays au monde à disposer de tous ces éléments naturels dans son sous-sol.
Par ailleurs, l’économie numérique est une économie extractiviste en ce sens qu’elle repose sur l’extraction de données personnelles, soit sur le pillage de la vie privée, caractéristique d’un régime totalitaire.
Il y a une phrase qui fait frémir dans son livre … L’auteur va jusqu’à accuser les écrans de causer un « génocide » au Congo, reprenant les déclarations du Prix Nobel de la paix 2018 Denis Mukwege à propos des massacres liés à l’extraction du cobalt : « chaque fois que nous recevons un coup de fil, un enfant est violé au Kivu » … Effarant, non ? C’est un véritable cri d’alarme, comme un écho à la souffrance des enfants à travers le monde
Depuis cinq siècles, la RDC est souillée et dépouillée pour fournir la mondialisation en hommes et en matières premières. Depuis les années 1990 et le tsunami numérique, la tragédie congolaise se mesure en plusieurs millions de morts, 7 millions de déplacés, 4 millions de réfugiés, des centaines de femmes victimes de violences sexuelles et de mutilations génitales.
A cela, il faut ajouter des dizaines de milliers d’enfants meurtris dans les mines, des territoires entiers contaminés par l’activité minière, des forêts rasées, des cours d’eau intoxiqués aux métaux lourds, des rivières et lacs où la vie a disparu, faune et flore éradiquées. Trente ans de numérique dans le monde, c’est trente ans de morts congolais et de terres mortes en RDC sur lesquels repose le développement technologique.
Cette course dramatique aux minerais n’est pas à l’actualité des informations nationales. Elle intéresse pourtant de nombreux pays (les USA, les pays européens, la chine, la Russie, l’Inde). Elle occasionne des guerres meurtrières par l’intermédiaire de nombreuses mafias, encouragées pas les pays voisins que sont le Rwanda, l’Ouganda et le Burundi.
Il faut rappeler l’intérêt de certains matériaux qualifiés de « minerais de sang ». le coltan(tantale) sert à la fabrication des condensateurs, la cassérite (étain) aux soudures des circuits électroniques (et qui contribue avec l’indium à rendre les écrans tactiles) ; le wolfram (tungstène) est utilisé pour la sonnerie et le vibreur, l’or pour les circuits imprimés. A cela, il faut ajouter le cuivre pour les câbles, le germanium pour la technologie wifi, le cobalt et le lithium pour les batteries des téléphones et ordinateurs portables ainsi que pour les voitures électriques.
Donc, sans RDC, pas d’innovation technologique (smartphone en 2007, tablette en 2010, 5G et voiture électrique aujourd’hui), pas d’iPad, pas de vélo électrique ni de Tesla. Les entrepreneurs et milliardaires Bille Gates et Elon Musk n’existeraient pas.
Le smartphone est aujourd’hui une aberration géologique, une impasse terrestre et une irresponsabilité géopolitique. Il doit donc être abandonné au plus vite. Cela signifie que l’on doit s’organiser collectivement pour arrêter la production de ce type de gadget ensanglanté et écocidaire, sinon génocidaire.
On ne peut qu’encourager et participer à tout ce qui contribue à enrayer et démanteler la mégamachine mondialisée.
Il faut aller dans le sens d’une désescalade technologique, d’une dénumérisation de la vie, et de multiples formes de déconnexion – en passant par le droit à la déconnexion. VASTE PROGRAMME !
Fabien LEBRUN sera à BOULOGNE SUR MER, le mardi 26 Novembre, à 19 heures à la « Librairie-Café à la ligne » 47 Rue Victor Hugo à Boulogne … Le mercredi 27 à WIMEREUX, à partir de 17 heures, au Salon des Jardins de la Baie Saint Jean, rue Adrienne Il sera à BELLAING, salle Labyrinthe, le jeudi 28 Novembre, de 18h30 à 20h30 … Il sera à LIEVIN, le vendredi 29 Novembre, au LAG, 23 Rue Jean Jaurès, de 18h30 à 20h30 et puis à LILLE, le samedi 30 Novembre à 15 heures au café « Les Sarrazins », rue des sarrazins … et bien sûr, pour ces rencontres, l’entrée est gratuite ! Fabien LEBRUN nous fera comprendre qu’il est urgent de refuser collectivement ce désastre humain effarant par les écrans afin de préserver l’enfance et les enfants …. Comment ? Ça c’est une autre histoire et je vous invite à peut-être nous apporter quelques solutions, lors d’une future émission … !!! Peut-être après les interventions de Fabien LEBRUN car bien sûr, vous y serez ….