L’offensive d’Enedis (et de l’Etat)

Le but est de mettre au pas ceux qui refusent le Linky

ENEDIS SA –avec le soutien de l’État– aura tout essayé pour nous imposer le Linky, un « capteur-compteur communicant » (aujourd’hui appelé « évolué »).

La Cour des comptes a dénoncé un gouffre financier au détriment des usagers et des contribuables. 36 millions de compteurs en état de fonctionnement ont été détruits pour d’autres peu durables. Le système Linky est une élément important de la numérisation intégrale de nos existences en collectant nos données privées au profit de quelques industriels. Il participe ainsi à la surveillance et au contrôle de la population. De plus sa technologie augmente, au plus proche de soi, le brouillard électro-magnétique, entraînant des problèmes de santé pour une partie croissante de la population.

Depuis les débuts du déploiement des Linky, ENEDIS SA utilise diverses stratégies pour contraindre les opposants : intrusion sur les terrains privés et installations sans autorisation, menaces verbales ou courriers affirmant l' »obligation » (démentie par les tribunaux), intimidations et chantages divers. Pourtant, ces manœuvres sur la longue durée [1] n’auront pas réussi : à ce jour (d’après les chiffres d’ENEDIS SA), en France plus de 10% des foyers (environ 3,6 millions) ne sont toujours pas équipés de Linky !

Situation insupportable pour le pouvoir en place et les lobbies industriels, de fait englués dans d’innombrables conflits d’intérêts. Précédemment, ce même pouvoir incitait les préfectures à contrer les mairies (près de 1000) ayant pris des arrêtés de restrictions ou d’opposition à la pose. Il est cependant désarmé face à une position ferme et non violente de refus d’individus, d’associations et de collectifs répartis sur tout le territoire.

Il tente aujourd’hui la surtaxation de ceux qui refusent le Linky (délibération de la commission de régulation de l’énergie du 21/06/2023 [2]) : exemple pour la mise en service sur raccordement existant, celui équipé d’un Linky paierait 2,06 € quand celui qui n’en a pas paierait 46,03 € (dans le tarif actuel tout le monde paie 11,62 €) !

Même discrimination pour les prestations « relevé spécial » : l’équipé Linky règle 1,96 €, le non équipé doit payer 58,59 € (tarif actuel 27,08 €) …

Par ailleurs, ENEDIS SA s’en prend à M. G. (en Saône et Loire), en lui coupant l’accès au réseau électrique depuis le 26 mai 2023. En effet, M. G. refuse le remplacement de son compteur blanc (dont l’affichage n’indiquait plus les index de consommation) par un Linky. Les problèmes respiratoires lourds qui l’affectent nécessitent l’usage quotidien d’un appareil d’assistance respiratoire. Le tribunal de Mâcon, lors d’une audience en référé le 11 juillet, reconnaît son besoin, mais le juge, peu au fait des subtilités techniques, s’est fait abusé par l’avocat d’ENEDIS SA qui, depuis, cherche à imposer le Linky.

L’affaire devrait se poursuivre au fond, mais cela va prendre du temps, au détriment de M. G. Cette coupure totale est illégale puisque, depuis 2000, l’électricité est reconnue comme un bien de première nécessité. M. G. est à jour de ses règlements à EDF SA (son fournisseur) qui n’a apparemment rien demandé à ENEDIS SA…

Depuis plusieurs années ENEDIS SA tente aussi la voie judiciaire. Mais la justice n’a jamais entériné une quelconque obligation faite aux usagers d’accepter la pose d’un Linky. Et le pouvoir ne peut toujours pas envoyer ses policiers, gendarmes pour les poser de force …

Au contraire des victoires ont été obtenues à Toulouse, Foix, Tours, Grenoble, Aix en Provence, Saint Étienne, Valence, Bordeaux (pour cette dernière, ENEDIS SA a même voulu aller en Cour de cassation contre les plaignant·es … y renonçant juste avant le procès !). Elles confirment la dangerosité du Linky pour des personnes électro-hypersensibles (ou qui le deviennent par sa faute). Une autre action à Nanterre a abouti à la condamnation d’ENEDIS SA pour non respect des règles de sécurité lors de l’installation d’un Linky…

Une action nationale des collectifs Stop Linky est par ailleurs engagée auprès du Conseil d’État contre la volonté de la Commission de Régulation de l’Énergie (CRE) de surtaxer les usagers sans Linky à partir de 2025. Nous considérons, avec notre avocat Me Boda, ces mesures comme étant discriminatoires et en contradiction avec les principes mêmes du service public. Cette procédure va intégrer la contestation de la dernière note de la CRE.

Notes

[1] Le mouvement de résistance contre le Linky est engagé depuis 2010. Une étude scientifique de 2021 développe une analyse historique de ces actions écologiquement conscientes et solidaires, voulant rompre avec la « technologisation » de nos vies.

[2] La commission de régulation de l’énergie (CRE) dont la présidence a été octroyée à Mme Emmanuelle WARGON, par M. MACRON, après les « loyaux » services qu’elle lui a rendus.