Le gâchis de Linky !

Voici ce merveilleux article –paru dans les échos- si sage et gentil expliquant que Linky est super, indispensable pour la transition et faire des économies ; c’est seulement que Enedis a voulu l’imposer par la force alors qu’il aurait dû faire patte de velours  !!!

Parce qu’il permet de maîtriser sa consommation et de favoriser l’électricité verte, Linky avait tout pour plaire aux consommateurs. La grande erreur d’Enedis est de l’avoir imposé aux ménages.

Depuis 2015,  Enedis et son compteur électrique intelligent Linky font couler beaucoup d’encre. Conçu pour transmettre les données de consommation électrique afin de proposer des tarifs plus précis tout en favorisant l’essor de l’électricité verte, Linky a été globalement très mal accueilli par les ménages.

A l’heure de la prise de conscience de  l’urgence écologique, une meilleure maîtrise énergétique est pourtant nécessaire, justifiée et même imposée par l’Union européenne aux pays membres. Les compteurs connectés et intelligents permettent justement de remplir cette mission.

Consommation plus verte

Pourquoi est-il nécessaire de surveiller et de transmettre ses données de consommation pour favoriser la part de l’énergie verte ? Tout simplement parce qu’actuellement, les pics de soleil et de vent ne correspondent pas aux pics de consommation, et qu’il est trop complexe et coûteux de stocker cette électricité.  Nous faisons alors tourner des centrales thermiques polluantes pour subvenir à nos besoins, annulant l’impact positif des énergies vertes dont la consommation n’est pas optimisée.

Il est donc primordial de mieux comprendre et analyser ses besoins et sa consommation pour pouvoir ensuite les faire coïncider avec la production d’électricité verte locale. Le pic de production des panneaux solaires de ma région est à 14 heures : pourquoi alors ne pas programmer ma machine à laver à ce moment-là ? A ce titre, ces compteurs connectés doivent poser les jalons d’une consommation plus verte et durable.

Anti-Linky

Pourquoi donc un tel tollé ? La France est-elle un pays réfractaire au changement et insensible aux impératifs écologiques ? Enedis veut la transparence pour ses utilisateurs, tandis que les anti-Linky souhaitent la suspension des installations du compteur, voire leur retrait, revendiquant le principe de précaution et le respect de la vie privée. Ils n’hésitent pas à étayer leur posture d’arguments frôlant la désinformation et s’approchant des plus belles théories du complot.

Non, Linky n’émet pas d’ondes dangereuses. Non, Linky ne fait pas disjoncter le courant, ni même votre facture. Pour transmettre les données Linky est raccordé par câbles au réseau électrique (comme un téléphone fixe), le compteur n’émet donc pas d’ondes radio, contrairement à votre box wi-fi, à votre téléphone portable ou au Bluetooth. Les champs électromagnétiques émis par les compteurs sont donc, à ce titre, inférieurs à ceux d’un chargeur ou d’un écran.

Données personnelles

Une peur est cependant fondée et légitime : celle de la surveillance de masse. En effet, Linky récupère des données permettant de connaître les habitudes de vie et des individus dans un foyer. Il est indispensable que chacun reste maître de ses données, et puisse choisir de les communiquer ou non. La France est un pays où le respect de la vie privée est un des plus protégés, notamment grâce à la CNIL. Il est tout aussi crucial que les acteurs économiques, encore plus s’ils sont dans une situation quasi monopolistique, respectent les droits des citoyens.

Dans la pure tradition française bonapartiste, l’Etat, via Enedis, a décidé d’imposer Linky à tous les foyers français, qu’ils le veuillent ou non. Linky représente le progrès, incarne un objectif positif mais… récolte des données personnelles. Les Français ne sont pas réfractaires au changement, les Français ne sont pas opposés à l’écologie : ils veulent simplement avoir le choix.

Libre arbitre

En imposant Linky à ses abonnés,  Enedis s’est coupé de ses utilisateurs et de l’opinion publique. Il aurait été plus habile de donner le choix aux Français. Enedis aurait pu proposer l’installation des compteurs Linky comme un service supplémentaire et, qui plus est, gratuit. Le compteur permet de mieux suivre sa consommation électrique, prodigue des conseils personnalisés et priorise la consommation d’électricité verte : un véritable assistant personnel à domicile.

Le compteur connecté est indispensable en France pour réussir la transition énergétique. 

Petit à petit, Linky se serait fait sa place, écartant grâce à un bouche-à-oreille positif les craintes et les arguments peu fondés des anti-Linky. La majorité des Français l’aurait adopté, tout comme les Italiens, Suédois, Estoniens et Finlandais.

Le compteur connecté est indispensable en France pour réussir la transition énergétique. Néanmoins, il me semble tout aussi important qu’une technologie mettant en jeu les données personnelles ne puisse être imposée. C’est en laissant son libre arbitre au client, et en le replaçant au coeur du service, qu’on peut lui donner les clefs pour mieux et moins consommer.

https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/0302222473

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Commentaire

En fait sous divers prétextes y compris la transition énergétique et l’accroissement des énergies vertes, la loi imposait à edf à la capacité de fournir selon les besoins des usagers. Pour cela, lors de pics de consommation courte, edf devait importer via le marché de gros européen l’énergie nécessaire à l’équilibre à un prix souvent plus cher que notre tarif règlementé. Avec linky ils adapteront la consommation à la production grâce à des opérateurs d’effacement (22 sociétés privées) qui réaliseront les délestages. Ces sociétés payées par nous pourront même toucher des primes en fonction des volumes effacés, de plus les excédents pourront être revendus sur le marché européen. Tout cela se trouve sur le décret 2015-1823, traduction en droit français de la loi de transition et modifiant le code de l’énergie.

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Commentaire paru sur Robin des toits

Comment le CPL du Linky va permettre d’inverser la loi de l’offre et la demande en électricité pour le bénéfice des  producteurs privés, au détriment des consommateurs, dans un marché dérégulé.

La filiale d’EDF qui se nomme RTE (Réseau de Transport d’Electricité) est chargée de la gestion des réseaux et groupes de production haute et très haute tension (63 à 400 000 Volts). Sa principale mission consiste à équilibrer, en temps réel, la consommation et la production d’électricité à la fréquence de 50 Hertz.

Jusqu’au début des années 2000, à l’époque où le marché français d’électricité était régulé et de type monopolistique, c’est l’offre qui s’adaptait à la demande : Les consommateurs/usagers avaient le libre choix de consommer l’électricité selon leur besoin, quelle que soit l’heure dans la journée, bien sûr dans la limite de la puissance souscrite dans leur abonnement. C’était aux groupes de production de s’adapter à cette demande.

A cette époque, la plupart de ces groupes (thermique ou hydraulique) étaient pilotables et donc leur puissance modulable (surtout les groupes hydrauliques au fonctionnement très souple et réactif). Moduler un groupe de production veut dire que l’on peut lui demander de fonctionner à puissance réduite durant un certain temps. Dans une économie de marché, cela suppose qu’il y aurait un manque à gagner pour le producteur puisque le fonctionnement de son groupe à puissance réduite fera baisser son profit. Mais, à cette époque, la grande majorité des importants groupes de production constituaient un bien national : la notion de rentabilité immédiate pour chaque groupe de production n’était pas une priorité, la priorité essentielle étant la sureté et la sécurité de l’approvisionnement de la clientèle.

Depuis la dérégulation du marché français (mais aussi européen) de l’électricité, l’appareil de production électrique se retrouve confronté à deux problématiques :

1/ Les groupes de production modulables et pilotables vont de plus en plus être exploités par des opérateurs privés (voir la catastrophe qui se prépare pour le fleuron de la production hydraulique française). Or, ces opérateurs privés ne vont plus accepter le fonctionnement de leurs groupes à puissance modulable et réduite, ce qui les empêcherait de maximiser leurs profits.

2/ La production d’énergie renouvelable (surtout éolien et solaire photovoltaïque) a fait son apparition. Or, cette production n’est actuellement ni modulable, ni pilotable pour les raisons suivantes :

  • leurs caractéristiques intrinsèques implique que, lorsqu’ils sont couplés, leur puissance produite ne dépend que de la vitesse du vent pour l’éolien et de l’ensoleillement pour le solaire.
  • Pour des raisons d’économie, les constructeurs de ces parcs de production n’ont pas jugé opportun d’équiper leurs machines de régulateurs performants, permettant à leurs groupes de participer au réglage de la fréquence et de la tension, comme le font les groupes hydrauliques et thermiques.
  • Les producteurs de ces parcs exigent d’être couplés au réseau prioritairement dès qu’il y a du vent ou du soleil : concept d’énergie fatale qu’il faut accueillir au détriment des autres modes de production.

D’où un changement de paradigme nécessaire : ça sera dorénavant à la Demande (les consommateurs) de s’adapter à l’Offre (les producteurs). Et c’est là qu’intervient le compteur Linky dont le CPL G3, intégrant le protocole IPV6, permet de prendre le contrôle/commande des appareils électriques disposant d’une puce RFID, et qui sont raccordés au réseau 50 Hertz du logement.

Il suffit ensuite d’inventer une nouvelle catégorie d’intermédiaires : les Opérateurs d’Effacement. Leur rôle consistera, à la demande du Gestionnaire du Réseau et de la production (RTE), à baisser/augmenter la consommation des usagers à leur insu ; ils seront rétribués pour ce service. Mais les consommateurs n’auront droit à rien.

Voilà la raison essentielle du déploiement des compteurs Linky et du CPL G3 : maximiser les profits de la production privatisée de l’électricité à l’insu du consommateur qui, par l’automatisation de l’effacement/augmentation de sa consommation, aura perdu toute souveraineté.

Les consommateurs/usagers seront bien les dindons de la farce !

Patrice Goyaud , Docteur Ingénieur en physique, retraité d’EDF/RTE