Des habitants devant la justice

Ils s’opposent à un projet d’antenne 5G 

Un collectif de riverains se mobilise pour s’opposer à l’installation de cette antenne.

Le groupe Bouygues Télécom prévoit d’installer à l’automne une antenne 5G rue du Moulin,  à Aulnoy-lez-Valenciennes. Un projet qui provoque la colère de riverains,  qui se sont lancés dans diverses procédures, notamment devant le tribunal administratif de Lille. 

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En juin dernier, Julie et son mari Yoann s’installent rue du Moulin, à Aulnoy-lez-Valenciennes. Ils découvrent un permis de construire sur la façade de leurs voisins, qui n’ont pas donné suite à nos sollicitations, pour la construction d’une future antenne-relais 5G. Dès le lendemain, une pétition est lancée. En deux jours, elle recueille 133 signatures d’habitants du quartier et de promeneurs.

« Aucun des habitants de notre quartier n’a jamais rencontré de problèmes de réception téléphonique, quel que soit son opérateur.  » Le groupe de riverains 

Peu à peu, un collectif voit le jour. Jean-Marc, Daniel ou Francesco s’associent à Julie et Yoann pour tenter d’empêcher la construction de cette antenne, un mât en acier qui devrait culminer à 24 m de haut. « C’est inconcevable, on a du mal à comprendre », souffle Julie, mère d’une fille de huit mois.

C’est d’abord la santé de leurs jeunes enfants, justement, qui inquiète ce collectif de riverains. Ils ont d’ailleurs sollicité l’association Robin des Toits, qui sensibilise sur les sujets liés à la sécurité sanitaire dans le monde des technologies. « Mais ce n’est pas un argument qu’on a beaucoup mis en avant, parce qu’on a vu qu’on ne serait pas trop entendus  », regrette Julie. Sur ce point, Bouygues précise qu’il « sera tout à fait envisageable de faire réaliser des mesures de champs électromagnétiques  ».

Les riverains craignent également un impact sur la faune de la rivière, située juste à côté, qui attire de nombreux promeneurs dans le vieil Aulnoy. « Cette antenne de 24 mètres de haut, c’est dramatique pour le paysage , reprend Julie. Et la dévaluation de notre bien immobilier nous inquiète aussi.  »

Parmi les arguments défendus par Bouygues pour l’installation de cette antenne figure la qualité du réseau. « Même si la couverture existe, l’implantation du nouveau site est indispensable dans la mesure où les stations relais des opérateurs sont de plus en plus sollicitées pour assurer le transfert de données ou data   liées à la vidéo, aux réseaux sociaux et à la navigation internet sur réseaux mobiles , nous a-t-on expliqué. Ce phénomène de saturation est de plus en plus fréquent et nous impose d’assurer un maillage plus fin de notre réseau.  » « Aucun des habitants de notre quartier n’a jamais rencontré de problèmes de réception téléphonique, quel que soit son opérateur  », rétorquent les riverains.

Une audience prévue demain  [donc jeudi 22 août].

Pour s’opposer au projet, un courrier a été adressé au maire mi-juillet. Laurent Depagne a expliqué que l’autorisation d’installation de ces antennes « n’entr[ait] pas dans les compétences de police générale du maire  », tout en rappelant qu’il n’était « pas favorable  » à ce projet.

Les riverains se sont également tournés vers le tribunal administratif de Lille, via une requête en référé. Il y a dix jours, le tribunal a informé Julie que cette requête avait été enregistrée et qu’elle était donc convoquée à l’audience prévue ce jeudi. Un premier pas vers une remise en cause du projet ?

valenciennes@lavoixdunord.fr ; la Voix du nord du 21 août 

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Commentaires

Comme d’habitude, l’opérateur argumente de façon classique : « … assurer le transfert de données ou data   liées à la vidéo, aux réseaux sociaux et à la navigation internet sur réseaux mobiles ». Ce qui veut très spécifiquement dire qu’on a besoin de cette nouvelle antenne pour la satisfaction des particuliers. Il oublie de dire que c’est essentiellement pour assurer la numérisation de la société ; ce qui veut dire très particulièrement : surveillance (comme avec les JO), formatage de la race humaine, transformation de la condition humaine (au lieu que la machine soit à la disposition de l’homme ce sera l’homme qui se mettra à la disposition de la machine) …
Les arguments des riverains sont évidemment importants et recevables mais l’opérateur n’en fait pas vraiment mention.

Il faut toujours que les opérateurs laissent croire que ce sont les besoins des habitants qu’il faut satisfaire : encore un gros mensonge !

Pour cela on aura besoin de beaucoup de production d’électricité … donc il faudra encore plus de centrales nucléaires, encore pour de panneaux solaires, encore plus d’éoliennes industrielles.

Comme d’habitude, on MARCHE SUR LA TÊTE !

Par ailleurs, le maire tient le discours classique de beaucoup de ses congénères : «  ces antennes « n’entr[aient] pas dans les compétences de police générale du maire ». C’est vrai que, depuis Hollande, les maires n’ont plus de pouvoir pour s’opposer à ces antennes quand elles sont dans le domaine privé … sauf que ces maires sont informés en premier – bien entendu après les éventuels privés concernés – de l’implantation future d’une antenne. Ils ont donc la possibilité d’en informer rapidement les habitants qui peuvent alors s’organiser pour s’opposer au projet. Puisque Laurent Depagne, le maire de la commune concernée, n’était « pas favorable », il aurait pu animer ce collectif … ce qu’il n’a pas fait ! Par ailleurs, il serait curieux de savoir à quelle occasion, il a dit qu’il n’était pas favorable : à l’occasion de la visite du journaliste ? ou avant ?

S’il veut être cohérent avec sa position en défaveur du projet, le maire devrait donc  refuser ce que lui rapportera, dans le budget municipal, cette nouvelle installation d’antenne.

Il faut aussi rappeler que certains maires n’ont aucun complexe pour faire installer des antennes dans le domaine public qui les concerne : il n’y a pas de doubles petits profits … pour les besoins de la commune !

Dans ce dossier, il est à craindre que les arguments des riverains seront balayés facilement par le tribunal administratif.
Il faut donc continuer le combat d’une autre façon car la partie est loin d’être terminée.