Les usines françaises au ralenti
Inaugurée l’an dernier dans le nord de la France, la première usine ACC des quatre gigafactories de la région connaît un démarrage poussif.
Ce n’est pas demain que la France deviendra souveraine sur le secteur des batteries électriques. Dans le Pas-de-Calais, plusieurs sites verront le jour d’ici 2035 pour produire des batteries à destination du marché automobile français.
Une première usine a d’ailleurs ouvert ses portes en mai 2023
Mais ses résultats sont pour le moment décevants. En effet, d’après les paroles du directeur général d’Automotive Cells Company (ACC) – l’entreprise fondée par Stellantis et soutenue par Mercedes et Total – « une grande partie de la production est jetée ».
Une implantation loin d’être au point
Il y a quelques mois, les objectifs prévoyaient une production de 2 000 batteries par jour. Aujourd’hui, seulement 100 batteries sortent quotidiennement. En effet, la moitié de la production est « jetée à la poubelle » en raison de la non-conformité des batteries. À chaque défaut visible, le produit n’est pas gardé comme l’explique Cédric Brun, délégué CGT du Nord en charge des questions industrielles. Si de nombreuses batteries sont écartées du circuit, c’est également à cause de la technologie, difficile à maîtriser. Malgré un investissement conséquent – le projet a reçu plus d’un milliard d’euros de subventions – la production de batteries résulte d’un savoir-faire spécifique. « C’est de la chimie, donc difficile à mettre au point » avoue Yann Vincent, directeur général ACC.
Marche arrière en Europe ?
Peut-on s’inquiéter de ce décollage compliqué pour les usines françaises ? Actuellement, la réponse est oui. Une voiture électrique sur dix vendues en Europe est d’origine chinoise. Ce chiffre pourrait doubler en 2025. De plus, les projets de création d’usines en Italie et en Allemagne ont été stoppés par le groupe ACC. Cela donne le champ libre à la Chine pour continuer sa domination sur la production des batteries électriques. Cependant, un espoir subsiste, car cela fait à peine cinq mois que l’usine du Nord a ouvert et il faut lui laisser du temps. Tesla a par exemple mis un an avant d’atteindre les objectifs de production en quantité comme en qualité.