La lettre aux yeux levés
Ivan Illich, pour garder espoir en un monde plus convivial et moins aliéné par la technologie, prédisait une « crise ouverte entre l’homme et l’outil », première étape d’une « inversion politique », dans laquelle le pouvoir serait en quelque sorte repris par les humains sur les machines.
Le suicide d’un adolescent, pris dans l’engrenage d’une « relation amoureuse » avec une… « intelligence artificielle », aussi tragique que surréaliste, constitue-t-il un indice en ce sens ? Un grand sursaut des autorités publiques, partout dans le monde, va-t-il se produire pour freiner la course vers toujours plus de numérique ? Allons-nous vers la fin de l’extraction mortifère de minerais au Congo, de l’eau prélevée et polluée à Grenoble, de l’énergie surconsommée à Marseille, de la techno-police en Chine et bientôt en France ? Pas sûr.
Aucun responsable de premier plan pour appeler à « ralentir ». Il faut des tablettes en maternelle, de l’IA à l’école – il suffit « d’apprendre à bien les utiliser » – et tant pis si le monde se transforme en mauvais film de science-fiction au passage.
Alors chez Lève les yeux, on continue plus que jamais de prôner la déconnexion, avec l’ouverture d’une première antenne hors de Marseille, à Paris ! Venez donc fêter l’espoir en un monde plus humain le 7 novembre à l’Eternel solidaire, dans le 19e arrondissement, smartphones rangés dans les pochettes, cadeaux surprises et bisous papillons à la place des swipes et des scrolls.
Pour en savoir plus :
http://9tqt.mjt.lu/nl3/r-bA6EGGX1te
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Il faut non seulement prôner la déconnexion autour de nous, mais nous battre – comme le font déjà les Belges – pour l’obtention d’un droit universel, constitutionnel, à la non connexion/déconnexion. Nous ne nous connectons que si et quand NOUS le décidons et pas l’Etat, l’industriel, le marchand et le policier qui nous poussent à le faire tout le temps au détriment de notre liberté, notre santé et de la planète.
Voici ce que l’association Résistance 5G Nantes demandait en février 2021 dans sa contribution au débat public sur la 5G qu’elle avait réussi non sans mal à obtenir après plusieurs manifestations en centre ville en lien avec les grandes journées internationales STOP 5G :
» Le tout-numérique est en train d’envahir toute la sphère de notre quotidien, de notre existence. Nul ne pourra demain échapper à ses machines, son outillage, son contrôle. Il concourt à la déshumanisation, à une vie sans contact, à ce que chacun devienne une monade isolée devant ses écrans.
Nous revendiquons donc le droit à la non-connexion, à la déconnexion. Nous souhaitons vivement que ce droit soit inscrit dans notre Constitution.
Alain Damasio, rencontré à Nantes lors des Utopiales, soutient à fond cette idée. Il est d’ailleurs très engagé sur ce chemin.
Lors de l’ICE STOP 5G nous avions fait comprendre aux principaux responsables de l’action que leur slogan, hélas déposé, était mauvais. Nous l’avions corrigé en menant campagne avec « Be protected WHEN connected, if and when WE decide it ». Belges et Espagnols avaient fait de même dans leur langue. Et ce fut bien compris au point que lors du lancement de European for safe connections (ESC) fut repris notre slogan. Ils s’étaient d’ailleurs ouvert aux problèmes écologiques du tout-électronumérique et du danger pour nos libertés qu’il induit au-delà de la santé. Ils sont d’ailleurs intervenus en ce sens lors de l’atelier de Bruxelles sur la 5G et la 6G organisé par M. Rivasi. Notre idée fait d’ailleurs son chemin chez eux car nous sommes restés en contact et les Américains de Safe connections international (ex STOP 5G) aussi.
Nous n’avons pas trouvé d’autre arme d’auto-défense et de militantisme non morcelé, non fragmenté, que celle-ci. Et ce n’est pas gagné ! Le retard à l’allumage de nos politiques les plus ouverts en est significatif.
Tout le monde s’y met ?
Nantes Cie