L’envers du décor…
Article paru le 4 décembre 2018 ; avant la fin de la COP 24
La COP24 se déroule actuellement à Katowice, en Pologne. Les dirigeants des plus grandes puissances mondiales tentent de trouver des solutions pour soigner notre planète, notre monde qui « ne va pas du tout dans la bonne direction » comme l’a rappelé l’ONU le 3 décembre.
Une des solutions semble toute trouvée : le tout-électrique. Les véhicules électriques sont annoncés comme étant la solution idéale pour limiter nos émissions de gaz à effet de serre, limiter notre usage des énergies fossiles et ainsi enrayer le réchauffement climatique. Mais la vérité est tout autre.
Un cri d’alarme
De nombreuses voix s’élèvent contre une solution moins bénéfique qu’annoncée au départ. Une des premières voix à se faire entendre est celle de Carlos Tavares, le PDG de PSA, qu’on imaginait pourtant mal dans un rôle de lanceur d’alerte. C’est pourtant lui qui en septembre 2017 au salon de l’automobile de Francfort à pointé du doigt certaine limites aux avantages qu’offrent les voitures électriques.
Dans le même sens, l’essayiste Guillaume Pitron nous alarme sur les dangers de l’expansion de la production de batteries électriques présentes dans les voitures électriques, mais également dans les éoliennes, les panneaux solaires ou encore utilisées dans nos smartphones. L’impact négatif de l’industrialisation d’une batterie électrique sur la planète se fait sur l’ensemble du cycle d’industrialisation.
Un danger pour la planète
Les batteries électriques sont faites à partir de métaux rares comme le graphite, le cobalt, l’indium, le prométhium ou encore le tungstène. Ces métaux sont extrait puis raffiner pour pouvoir entrer dans la conception d’une batterie.
L’extraction de ces minerais rares se fait aujourd’hui majoritairement en Chine. Ce choix et simple à comprendre : là-bas les réglementations environnementales et sociales n’en sont qu’à leur balbutiements (doux euphémisme). Ces mines sont considérées, par Guillaume Pitron, comme étant “encore plus néfastes pour notre planète que l’extraction de pétrole”. En effet, pour séparer le minerais rare du reste de la roche, il est nécessaire d’utiliser un grand nombre de liquides chimiques qui sont ensuite déversés dans la nature. De plus, il est judicieux de rappeler qu’une fois extraits, ces minerais nécessitent d’être acheminés en grande quantité vers les zones de production, ce qui évidemment est source d’émission de gaz à effet de serre.
Un danger pour l’Homme
Ainsi cette extraction est un danger pour la planète mais également pour les populations locales. La majorité des mines sont composées de travailleur illégaux et exploités. Le danger plane sur eux mais également sur les populations qui utilisent les eaux salies par tout le processus d’extraction et le nettoyage des minerais à l’aide de produits chimiques ensuite déversés dans les fleuves. Les populations locales souffrent de ces rejet chimiques, Guillaume Pitron témoigne : « Tout autour, vous avez des riverains qui habitent par milliers dans ce qu’on appelle des « villages du cancer », car les gens meurent les uns après les autres. Et on peut supposer que c’est du fait de ce qu’ils boivent, respirent et mangent, issus de ces lacs de rejets toxiques, qu’ils meurent à petit feu. »
Le recyclage des batteries
Un autre point mérite d’être mis en lumière : le recyclage de ces batteries électriques.
En effet, ces batteries n’ont pas une durée de vie extensible et arrive rapidement à expiration et cela, alors que les industriels ne recyclent pas ces minerais. Certains de ces métaux rares ne sont recyclés qu’à hauteur de 1% de l’extraction totale.
Une voiture électrique ne fera donc pas le bonheur des marchés d’occasion, contrairement par exemple à un véhicule diesel, qui est certes, bien plus polluant à court terme mais dont la durée de vie est hautement supérieure. Le processus d’industrialisation d’un véhicule électrique est près de quatre fois plus énergivore que celui d’un véhicule classique.
Les voitures électriques roulent encore au pétrole
Le dernier paradoxe des véhicules électriques est l’origine de l’électricité nécessaire au fonctionnement de ces voitures dites “de demain”. Lorsqu’en France on sait que 70% de l’énergie est produite grâce au nucléaire, il y a de quoi grincer des dents. Dans les faits nos voitures roulent donc au nucléaire.
De plus en Chine, un des marchés d’avenir ciblé par les grands constructeurs automobiles, l’électricité est produite à 71% via des énergies fossiles. On atteint des sommets de l’absurde…
Si l’ensemble de ces chiffres sont méconnus du grand public, cela s’explique par la délocalisation de ces pratiques et s’explique également par le greenwashing dont nous sommes victimes. Le problème des émissions de gaz à effet de serre est seulement déplacé. L’air de nos villes et plus purs et nos dirigeants réalisent leurs engagements de réduction de gaz à effets de serre.
L’Union Européenne s’est engagée par exemple à réduire de 30% son émission de gaz à effet de serre.
Quelles solutions pour demain ?
Les solutions sont identifiées : ramener dans nos pays l’extraction des minerais rares ou tout au moins contrôler les conditions dans les mines chinoises. Il est également impératif d’utiliser les métaux que nous savons recycler afin de ne pas reproduire les erreurs du passé et user la planète d’une nouvelle ressource.
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