Opération Procès citoyen Linky

Mise au point envoyé fin mai au niveau national

Notre opération « Procès citoyen Linky » avance (trop) doucement. Pour l’instant, d’après les retours que nous avons et notre action sur le terrain, nous avons des engagements de LFI/PS/LIOT et LR pour une commission parlementaire transpartisane à laquelle nous n’avons jamais eu le droit.  

À priori, même s’il faut éviter les à priori, les chantres de la start-up nation les plus technolâtres de « l’extrême centre » seront les plus difficiles à convaincre. Mais il faut tenter, sans exclusion. Restent les Verts divers dont EELV, le PCF et le RN. Et à bien secouer le PS nationalement, responsable du Linky (2015). 

Des réponses nous sont parvenues de parlementaires d’Alsace, des Vosges, de Gironde, de Haute-Garonne, de Loire-Atlantique, mais nous en oublions peut-être ou nous n’avons pas eu tous les retours. Certaines sont positives, quelques-unes explicitement favorables à notre demande. Dans plusieurs cas ont eu lieu des rencontres physiques. 

Dans le 44 et le Nord, où les Verts existent au Parlement, nous nous apprêtons à les secouer ici et là… et vertement. (Nous n’avons pas dans le 44 de parlementaires PCF et RN). 

Nous constatons que l’offensive citoyenne est surtout concentrée sur 3 ou 4 zones géographiques et nous ne vous cachons pas que nous sommes assez déçus par le manque d’accompagnement. Nous avons lancé l’opération le 17 février… 

 Nous avons fait remarquer à nos parlementaires : 

– que le Linky est TRÈS problématique. Nous le démontrons sur plusieurs points fondamentaux concernant santé-libertés-« transition écolo-énergétique » ;  

– que 10 ans après l’installation forcée du prototype expérimental ou compteur-capteur connecté Linky, le verdict de l’arbitrage de la Cour des comptes de notre République est sans appel : les bénéfices sont entièrement pour ENEDIS SA et les fournisseurs (Total Énergie et Engie en profitent juteusement car « gaziers » au départ, le prix de l’électricité étant indexé sur le gaz !), et le coût faramineux est au détriment de l’usager devenu « consom’acteur » forcé que l’on encourage à multiplier les besoins électronumériques forcément énergivores – ce qui est profondément contradictoire. Usager qui se voit donc trompé car la directive européenne stipulait que le rapport coût/bénéfice devait être favorable à l’usager et pas largement favorable à ENEDIS SA. Faire des bénéfices financiers, c’est ce que fait une société privée, pas une société de service public qui doit seulement équilibrer ses comptes. C’est pour cela que nous réclamons un retour immédiat à un authentique service public d’un bien essentiel comme l’électricité

– qu’il s’agissait d’une deuxième interpellation argumentée. Certes, l’opération a brutalement été interrompue l’an dernier par la dissolution inattendue. Et nous n’avions pas exigé une enquête parlementaire. Un an après, la porte se referme avec l’échéance du 1er août et nous montons le ton : dix ans, ça suffit.  

– qu’il pose un problème démocratique de fond très inquiétant. Il n’est pas normal que les Parlementaires écoutent les lobbys industriels sans entendre nos objections. Ce fut particulièrement le cas pour l’audition de Mme Laigneau, Présidente du Directoire d’Enedis, qui a sorti des énormités en mars 2024 ; 

que nous avons maintenant la preuve d’avoir le compteur/capteur connecté le plus coûteux de l’UE par son extrême sophistication (« l’énigmatique » ERL compris), le plus intrusif et potentiellement nocif par son CPL (et son ERL). D’ailleurs, nous sommes LES SEULS à l’avoir car les Suédois l’ont abandonné pour (déjà !) leur 2ème version, tous ces compteurs communicants étant d’obsolescence rapide en toute bonne écologie. La situation dans ce pays s’est considérablement dégradée ces deux dernières années. Obligation depuis le 1er janvier. Tous les procès ont été perdus si bien que s’ils n’ont pas le pire compteur, la situation est devenue pire que chez nous. C’est pour cette raison qu’ils suivent de près notre action auprès de nos parlementaires.  

Si les décisions sont nationales, tout part d’une directive européenne et il est donc important de savoir ce qu’il se passe ailleurs dans l’UE. Cela nous permet de consolider notre argumentation. Certains pays qui ont un communicant ne connaissent pas de protestations comme chez nous. C’est le cas de l’Italie. Ni Alleanza italiana ni Ellettrosensibili avec lesquels nous sommes en contact n’en font une priorité. Il n’est pas intrusif et ressemble plus à un Gazpar à un seul envoi quotidien par GSM qu’à notre Linky. Les plaintes portent sur le détournement et la fraude exactement (ou presque) comme avant alors que – ce qui avait valu acceptation de la population – le communicant devait éviter ce sport national. Raté. Les Italiens se plaignent aussi du harcèlement téléphonique des fournisseurs alternatifs. Enfin, il y a des cas (nombreux) où le compteur ne marche pas et où c’est l’usager qui envoie son relevé. 

La situation espagnole est compliquée. Les situations sont différentes selon les régions. Il y a eu des problèmes dans au moins deux d’entre elles : Catalogne et Andalousie. Nous essayons d’avoir plus d’informations. 

Les pays européens où le compteur électrique communicant pose le plus de problèmes aux usagers sont, à notre connaissance, la Suède, la Norvège, la France et peut-être l’Espagne. Les Norvégiens ont entrepris une action auprès de la CEDH. 

Si nous avons le compteur le plus excessivement coûteux d’Europe car hypersophistiqué par son système et l’un des plus à obsolescence rapide de l’UE, ce sont nous, usagères et usagers, qui devons le payer intégralement pour le bénéfice très juteux d’Enedis SA, cette société à statut bâtard, en porte-à-faux entre service dit « public » et intérêts privés surtout. Les deux rapports de la Cour des comptes le démontrent et particulièrement le second. Ils sont accablants pour Enedis SA (La CdC ironise même sur la « tarification dynamique », cœur du projet industriel concurrentiel. Elle n’en est pas convaincue). C’est une arme essentielle pour nous qui a dû influer sur l’avis de la CRE. Ce qui est un premier « scandale d’État ». Le second est le projet Hercule, dont nous n’avons pas la certitude qu’il a été définitivement abandonné. Il consiste à privatiser Enedis SA enrichie sur notre dos alors que nous devons assumer l’intégralité (100% maintenant) de la très lourde dette d’EDF, service public d’un bien commun essentiel démantelé au bénéfice d’intérêts privés. 

Où est « l’intérêt général » que l’on nous brandit sans cesse sur fond de privatisation intégrale pour le bénéfice financier de quelques-uns et d’un énorme mensonge d’ENEDIS SA qui ne cessait de nous dire que le Linky ne nous coûterait rien ? Nous insistons sur ce point de la privatisation dans notre « Procès ». 

Les arguments d’Enedis vantant le Linky pour un meilleur pilotage du réseau et l’intégration des EnR sont très discutables en comparaison de ce qui se fait dans les pays voisins et de ce qu’a dit Madame IBM Europe à la conférence de Vilnius. Des projets concurrents, plus sobres et efficaces, n’ont même pas été proposés alors qu’il en existait quelques-uns (que l’on évoque dans le « Procès »). Enedis est maîtresse absolue de sa propagande – qui nous coûte encore très cher –, comme de ses (ex)actions, et sait apparemment bien faire avaler ses couleuvres industrielles auprès de nos représentant.es, la contradiction n’ayant jamais été possible. La participation citoyenne et autres consultations n’étant dans ce pays qu’un coup de com politique et une parodie parée des vertus de la démocratie pour régler des débats déjà tranchés « en haut ». 

Autre scandale républicain : le Linky est facteur de discriminations diverses : 

– respect de la propriété privée quand elle est close, mais pas quand elle est ouverte ; 

– discrimination de ceux qui n’ont pas accès au numérique ou ont des difficultés avec ses outils (à signaler que certaines personnes âgées et autres ne sont pas numérisées et ne peuvent transmettre leur index depuis la suppression de la relève à pied et sont donc pénalisées) ; 

– discrimination pour les coupures automatiques à distance déshumanisées pour ceux de plus en plus nombreux à avoir des difficultés de paiement, vu l’envolée des prix sur le marché soi-disant « libre et non faussé » de l’électricité ; 

– discrimination des EHS et autres tributaires d’appareils électriques médicaux qui sont impactés par le CPL, connaissent des dysfonctionnements et qui, même s’ils n’ont pas le Linky, sont victimes du CPL des voisins passant sur leur circuit intérieur privé ; 

– discrimination financière des coûteux appareils pour se protéger du CPL alors que nous avons déjà un compteur ruineux à notre charge. La facture du Linky est encore plus lourde pour ces personnes, sans dédommagement ; 

– discrimination de ceux qui font valoir leur droit au refus raisonné et très argumenté, et qui doivent payer une taxe par rapport à ceux à qui Enedis l’a imposé et qui n’ont pu se protéger. 

Cela fait beaucoup, beaucoup trop pour une démocratie. 

Si, donc, les partis et groupes parlementaires étouffent ou cautionnent une telle poupée russe de dénis et d’aberrations, sinon de scandale, s’ils ont décidé de n’entendre qu’un seul son de cloche et de glisser vite fait la poussière du Linky sous le tapis, il faudra qu’ils assument leur responsabilité dans les urnes. Nous n’attendons donc pas autre chose qu’une commission parlementaire transpartisane pour que nous soyons enfin entendus. Et nous attendons de pied ferme d’être confrontés à Enedis et Capgemini consulting car nous avons BEAUCOUP de questions à leur poser. C’est notre seul levier pour faire mal à Linky. 

Faire du mal à Linky serait en faire aussi aux deux autres communicants (qui pâtissent déjà de la résistance au Linky) et serait un marqueur symbolique très fort pour d’autres actions comme celles d’un droit universel, constitutionnel, à la non-connexion/déconnexion qui sera pour nous l’étape suivante étendue à l’international. La connexion doit être une option, pas une obligation, nous le disons dans le « Procès » et sa synthèse. 

Le fond du problème est que l’on nous somme de participer à une boulimie insensée de consommation d’appareillages électonumériques dont le cœur est l’écran obligatoire partout chez nous et hors de chez nous, à une ébriété énergétique alors qu’on nous parle de sobriété ! « L’énergie est notre avenir »… alors gaspillons-la pour tout ! Nous sommes en pleine pensée magique de « l’immatérialité » et en totale incohérence dans les messages. Le monde du tout-électronumérique que l’on nous vend de force comme « transition écologique » est antinomique d’une écologie très matérielle, soutenable. « Dématérialisation » et « transition écolo-énergétique » sont deux mythologies trompeuses. Ceci est aujourd’hui très bien documenté. Il faudrait donc que nos parlementaires et nos politiques s’informent.  

Et Linky en est un élément-clé au cœur même du foyer. 

Nous ne nous répéterons plus, mais il est évident pour nous que : 

– les actions en justice ne régleront pas le problème, en tout cas pas rapidement, même s’il y a eu des avancées notables et importantes ces deux dernières années dans le cas des EHS. Mais cela ne parvient pas à faire jurisprudence – ne serait-ce que pour TOUTES et TOUS les EHS – et nous risquons d’attendre encore des années, des années de dégâts continus. De plus, Enedis SA n’hésite pas, en toute mauvaise foi, à jouer sur ses victoires si bien que nous piétinons.  

Cependant, des avancées certaines comme celle de Riom devraient nous être très utiles pour le volet santé lors d’une commission d’enquête en nous fournissant des arguments solides. Il y a aussi une étude transmise par nos amis canadiens qui démontre, en s’appuyant sur la littérature scientifique, que l’exposition permanente à de très basses fréquences peut provoquer des effets délétères sur la santé. Et c’est le cas du CPL Linky. 

– L’avis de la CRE est un (relatif) soulagement. Pour nous, si la porte est bien entrouverte, elle n’est pas complètement et définitivement ouverte. Nous demandons d’aller plus loin. Si Enedis ouvre une cellule (coûteuse pour nous) pour piratage à grande échelle qui rajoute donc à la note déjà très salée que nous devons payer, il faut rétablir la relève et visite de contrôle à pied annuelle (déjà comprise dans le Turpe) POUR TOUT LE MONDE, Linky ou pas, pour vérification de l’installation électrique d’autant que le Linky n’est pas fiable, est facilement piratable, s’embrase souvent ou dysfonctionne.  

C’est ce que nous avions demandé dans notre contribution à la CRE, par voie électronique et courrier en RAR, en insistant lourdement sur le 2ème rapport de la Cour des comptes sorti en même temps, et nous le redemandons dans notre « Procès citoyen ». 

C’est ce que réclame aussi la section CGT Mines Énergie d’ENEDIS-EDF. 

Le Linky est donc un scandale politique. C’est à ceux qui nous représentent d’assumer leur responsabilité.  

Certes, avant de nous écouter, il faudra commencer par nous lire attentivement. Les parlementaires pourraient, entre autres questions, comparer l’augmentation de la facture après pose du Linky, les raisons de la fréquence anormale des incendies selon la version explicative d’Enedis puis de la nôtre. 

Et nous avons un pouvoir : notre vote (ou pas) au moment où ils sont toutes et tous dans leur préparation électorale, et donc à la pêche de nos voix. 

Les individus peuvent interpeller aussi leur propre député.e. C’est une bonne chose car pas catalogués comme militants. Les maires courageux qui ont dû s’incliner peuvent être aussi au courant de notre initiative et connaître notre « Procès » (les autres aussi d’ailleurs). 

Merci à Robin des Toits qui relaie le « Procès » sur son nouveau site. Grâce à ce relais, nous commençons à recevoir des messages nous disant avoir fait le boulot comme la Haute-Savoie que nous n’avions pas dans nos listes. 

Nous comblerons début juin les départements manquants par voie électronique comme nous l’avions fait l’an dernier. Et c’est beaucoup de boulot que nous pourrions partager. Merci d’avance aux volontaires qui pourraient le faire pour les départements « vides » avoisinants le leur (État des lieux à ce jour : il y a toujours un grand trou au centre de la carte et un « trou normand » à l’Ouest alors qu’il y a continuité de la frontière belge à la Bidassoa. Verts l’Est, de l’Alsace au Ventoux, l’opération est bien suivie mais s’arrête là. Pas de Sud-Est dont PACA et le Sud-Ouest est assez inégalement réparti). 

Nous avons aussi envoyé le « Procès » et sa synthèse par voie postale aux principaux chefs de groupes parlementaires et quelques députés ciblés (une soixantaine). 

Nous savons que les retours sont lents (voire très lents) et qu’il n’y aura pas 500 réponses. 

Nous avons une échéance : agir massivement avant les vacances parlementaires de cet été et avant… une éventuelle nouvelle dissolution à la rentrée. Soit six semaines seulement pour agir. 

Il est important d’avoir des nouvelles au plus vite car nous mettrons en relation les sénateurs et député.es d’un même parti favorables à notre démarche car il ne semble pas, apparemment, qu’ils aient toujours des liens entre eux. Et, dans un 2ème temps, nous les mettrons TOUTES ET TOUS EN RELATION TRANSPARTISANE.  

Nous comptons mettre Cash investigation et Complément d’enquête dans le coup en insistant sur le (les) scandale(s) d’État que nous soulevons. Et nous le ferons pour nos médias locaux à audience. 

Avoir définitivement « la peau » du Linky, tel est notre but commun. Et ce n’est pas impossible si nous nous y mettons toutes et tous. 

Pour nous signaler vos actions et retours afin de les centraliser et synthétiser : 

CNPSE@protonmail.com ou resistance5gnantes@gmail.com 

contact@listes.collectif-accad.fr 

Prochain point vers le 20 juin.