Lettre à propos de l’EHS

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Elle a été écrite pour le président de la République par Christophe Bonavita, mari d’une EHS

Sans doute, avez-vous déjà entendu parler d’électrosensibilité ? Il s’agit d’un problème de santé lié aux ondes qui nous traversent. Certains les supportent, d’autres moins, et d’autres pas du tout. Mon épouse fait partie du dernier cas. Elle est E.H.S., soit électro-hypersensible. Cela signifie qu’elle ne supporte aucune fréquence, ni basse, ni haute. Le problème est surtout lié aux hautes fréquences, celles émises par les wifis, les antennes relais et les téléphones portables. En effet, elles sont désormais partout et quasiment inévitables puisqu’une guerre semble désormais être menée par l’États et les collectivités contre les zones blanches. Malheureusement, aujourd’hui, l’état de santé de mon épouse ne lui permet pas de vivre ailleurs que dans ces zones dépourvues d’ondes, ou presque, que vous souhaitez éradiquer. Le problème est donc simple. Son espace de vie se réduit comme peau de chagrin, et la mort se rapproche. Je parle d’abord d’une mort sociale qui aboutira à une mort physique si rien n’est fait pour y remédier. Pour résumer, elle est condamnée à s’isoler pour mourir cachée.

Comprenez-vous donc qu’éradiquer les zones blanches équivaut à éradiquer les populations d’électrosensibles ? Savez-vous qu’ils sont nombreux et que la déclaration universelle des droits de l’homme leur donne le droit de vivre, d’habiter et de travailler, au même titre que toute autre personne ? Mon épouse n’a bientôt plus aucun de ces droits. Elle vit seule la plupart du temps, avec les enfants et moi, lors des week-ends et des vacances, et parfois avec la famille proche lors de rares épisodes. Effectivement, nous avons dû faire le choix de séparer nos chemins de vie en vendant notre logement en en acquérir deux autres. Nous avons eu la chance de pouvoir le faire. Il s’agit d’un logement indépendant sans compteur linky, dans une zone encore partiellement préservée du Finistère, et d’un autre logement invivable pour mon épouse, à Rennes. Cela permet à nos enfants de poursuivre leurs études et leurs activités, indispensables à leur épanouissement que nous leur souhaitons. Cependant, le problème demeure. Malgré ces efforts qui avaient déjà été précédés d’un autre déménagement pour ces mêmes raisons liées aux ondes, nous allons sans doute devoir de nouveau fuir, car la 4G, et même la 5G, vont inonder l’ensemble du territoire, au mépris des personnes électrosensibles.

Où va pouvoir se loger et vivre mon épouse, sans parler de travailler ? Avez-vous déjà imaginé être violemment allergique à l’air qui nous entoure ? C’est à peu près ce que vit mon épouse aujourd’hui puisque les ondes sont partout présentes dans l’air. Éradiquer les zones blanches est donc synonyme d’exterminer une population. C’est pourquoi je pense que vous souhaitez « tuer tous les affreux ». Peut-être ignorez-vous le problème, ou le niez-vous ? Je préfère penser qu’il s’agit d’ignorance ou de mauvais jugement suite à une mauvaise information. Un bon politique est une personne bien informée et à l’écoute de la société.

Vous devez donc savoir que les électrosensibles sont dans une réalité angoissante et stressante qui les tue à petit feu. Vous devez aussi savoir que ce sont des citoyens comme les autres, vos concitoyens, et qu’ils sont victimes, et non coupables, de cette réalité.

Je ne suis pas agriculteur et ne dispose pas de fumier, je ne suis pas cheminot ou routier et ne dispose pas de moyens de pression pouvant paralyser la France, mais je dispose de droits qui feront croire que mon épouse ne mourra pas sans avoir été reconnue comme victime de votre manque d’anticipation, d’écoute, d’humanisme et de clairvoyance.

Vous être président de la République, c’est à ce titre que vous devez vous pencher de manière urgente, en tant que responsable de la sécurité des Français, sur la question, car il s’agit pour l’instant d’un cas de non-assistance à personnes en danger. Les électrosensibles ont besoin de votre aide.

Je demande simplement à ce que mon épouse et tous les électrosensibles puissent vivre dignement sur des territoires préservés, sans qu’ils aient l’impression d’être des reclus ou des pestiférés de la Nation. N’oublions pas qu’une Nation est un ensemble de citoyens prêts à vivre ensemble malgré leurs différences. C’est cette force que nous devons continuer à édifier avec solidarité.
Pouvoir vivre déconnecté doit être un droit. Pouvoir vivre en bonne santé sans se sentir exclu ou exilé est un droit. La France ne doit pas devenir un tombeau pour les électrosensibles. Le XX
è siècle a été le témoin de trop de génocides. Les électrosensibles ne peuvent lutter seuls contre ce rouleau compresseur de l’économie numérique, car les lobbies sont trop puissants. Ils ne peuvent lutter seuls car ils n’ont pas la force physique d’utiliser les réseaux, nouveaux outils du combat médiatique, pour les raisons de santé évoquées précédemment. La plupart d’entre eux fuient, se cachent et meurent en silence.

Ce courrier est donc une bouteille lancée dans l’océan des doléances rédigées aujourd’hui par de nombreux citoyens, mais il se peut qu’il soit l’expression de l’émergence d’une catastrophe sanitaire sans précédent.
Je vous remercie de votre lecture et, je l’espère, de votre compassion ;

** **

A lire absolument sur le même sujet : « vivre avec elle dans l’enfer des ondes », de Frédéric Ballestracci