Pourquoi le compteur Gazpar retrouvé sur les lieux du drame est au cœur de l’enquête
Alors que la piste du gaz est privilégiée dans l’explosion de l’immeuble de la rue Tivoli, les enquêteurs attendent beaucoup de l’analyse du compteur de gaz de l’appartement du premier étage retrouvé dans les décombres.
On le reconnaît à sa façade jaune. Le Gazpar remplace depuis 2016 les compteurs à gaz traditionnels dans les quelque 11 millions de logements raccordés à un réseau de gaz de ville en France. C’est cet équipement qui est désormais au cœur de l’enquête après l’effondrement d’un immeuble dans la nuit du samedi 8 au dimanche 9 avril au numéro 17 de la rue Tivoli à Marseille (5e). France 3 Provence-Alpes vous explique en quoi l’analyse des données de ce compteur peut être déterminante pour la suite de l’enquête.
- Parce que le gaz est la seule piste évoquée par le parquet
Du côté de l’enquête judiciaire sur les origines du drame, ouverte pour « homicides involontaires », on travaille toujours « sur l’hypothèse d’une explosion au gaz« , a insisté mardi 11 avril la procureure de Marseille, Dominique Laurens, en précisant que seuls les appartements du rez-de-chaussée et du 1er étage en étaient équipés.
« L’installation des deuxième et troisième étage avait été neutralisée« , a-t-elle insisté. Les images de vidéosurveillance, diffusées par BFM Marseille-Provence et sur les réseaux sociaux, montrent un front de flamme qui se propage dans la rue, ce qui atteste d’une explosion et non d’un simple effondrement.
- Parce que ce compteur Gazpar a été retrouvé dans les décombres
Parmi les décombres, les enquêteurs ont retrouvé le compteur de gaz de l’appartement du premier étage du 17 de la rue Tivoli, celui d’Antoinette Vaccaro, 88 ans. Celui-ci a été transmis à GRDF afin de vérifier une éventuelle « consommation anormale dans les 24 heures précédant l’explosion« , a expliqué la procureure de Marseille devant les journalistes. Il s’agit d’un modèle Gazpar, a précisé le parquet.
- Parce qu’il enregistre la consommation en temps réel
Visuellement, rien ne différencie vraiment ce modèle Gazpar de celui qui équipait les installations auparavant, à part l’ajout d’un boîtier électronique en façade de l’équipement. C’est cette interface qui fait pourtant toute la différence et qui rend le compteur « intelligent ».
Là où un modèle ancien de compteur, mécanique, se contentait de mesurer de façon passive le volume total de gaz qui le traverse, pour en déduire la consommation lors d’un relevé deux fois par an, le Gazpar mesure et enregistre en temps réel le volume de gaz délivré.
Il permet ainsi de voir, dans le temps, l’évolution de la consommation. « C’est comme cela que l’on pourrait déterminer s’il y a eu une consommation de gaz inhabituelle dans l’appartement dans les heures qui ont précédé le drame« , explique un agent de GDF à France 3 Provence-Alpes.
- Parce qu’il fonctionne « un peu comme un Linky »
Le Gazpar est « un peu comme est le Linky pour l’électricité » a vulgarisé la procureure de Marseille lors de son point presse. Il permet l’enregistrement des données du débitmètre en temps réel, conserve ces valeurs dans sa mémoire, mais il les « télétransfère » également. « Le compteur communicant gaz est relevé de façon automatique et à distance quotidiennement. Il transmet deux fois par jour, par radio, sur la fréquence 169 MHz, les données de consommation de la veille à un concentrateur installé en hauteur, sur un toit d’immeuble par exemple« , explique GRDF.
« Les données reçues au niveau national sont traitées quotidiennement par GRDF et vous permettent de suivre au quotidien votre consommation de gaz naturel depuis Mon Espace GRDF et ainsi de mieux la comprendre« , explique le fournisseur.
- Parce que ses données sont stratégiques
On comprendra que les données télétransmises, tout comme celles que les enquêteurs espèrent extraire de la mémoire du compteur, présentent désormais un intérêt particulier. Elles permettront de suivre la consommation de gaz, minute par minute, dans l’appartement du premier étage.
« Une consommation qui s’étale dans le temps plusieurs heures pourrait être le signe d’une fuite ou d’un robinet laissé ouvert. » Un agent de GDF
« Alors que quand on utilise sa cuisinière pour préparer le repas, la consommation ne dure généralement pas longtemps« , explique un spécialiste.
Reste un cas pour lequel l’analyse du compteur ne servira à rien. Le Gazpar mesure ce qui transite par lui. Si la fuite se trouve sur le réseau en amont, il est impossible de la voir.
France3 région