En mémoire de Christophe MERGAULT

Le lanceur d’alerte, faucheur de concentrateur linky, a mis fin à ses jours.

Il s’est suicidé, victime des ondes et de la justice.

Il était venu dans le Nord et le Pas-de-Calais les 25-26-27 mars pour expliquer son combat… qui est aussi le nôtre.

EHS à cause notamment de son travail, il avait démonté 92 concentrateurs –l’élément qui pollue avec ses ondes électromagnétiques. Il a été dénoncé et la justice a été sans pitié. Il a fait appel de la décision : près de 50 000 € et 6 mois de prison avec sursis. Malgrè cela, il n’a pas pu supporter le poids de cette sanction en premier instance et l’a payé très cher. La personne qui l’a dénoncé devrait s’en mordre les doigts.
Dans nos combats à venir, nous ne pourrons pas, nous ne devrons pas oublier ce combattant qui était tellement agréable dans nos rencontres et nos repas conviviaux.

Voilà ce qui est écrit dans le livre « techno-luttes, enquête sur ceux qui résistent à la technologie » ; à partir de la page 173 -livre récent :

Saboter, détruire, désarmer

« Mon record pour démonter un concentrateur Linky, c’est 1 minute et 5 secondes, mais je pourrais le battre », s’amuse Christophe en nous montrant les outils dont il se sert pour passer à l’action : une clé Knipex, un tournevis à tête plate et un cruciforme. « En tout, il y en a pour moins de 50 €. J’ai même écrit un tutoriel pour expliquer comment faire, c’est vraiment simple ». Et de partir aussitôt à la recherche du document en question. Nous sommes dans une banlieue pavillonnaire de Rennes, un lotissement paisible de pavillons individuels aux pelouses soigneusement tondues. Quelques rayons de soleil filtrent par les volets fermés du salon de Christophe, 58 ans, ancien ingénieur chargé du développement du numérique dans un grand groupe. La pièce est une caverne d’Ali Baba : une immense table recouverte de prospectus, de feuilles éparses, de livres, de DVD, de cartons, de caisses et d’outils en tous genres. Face à nous, une imposante télévision de deux mètres de diagonale est encadrée par des enceintes de home cinéma et plusieurs pieds pour appareils photo. Christophe est passionné de photographie, de cinéma, et « de plein d’autres choses » ». Des bols de méditation sont posés sur la table basse, à côté d’une série de pierres de lithothérapie.

Christophe revient enfin avec le document qui explique, dans les grandes lignes, comment identifier un concentrateur et le démonter. Le concentrateur, c’est « le maillon faible du système linky », précise-t-il. Ce système est composé de trois éléments : le compteur connecté, installé chez les usagers ; le concentrateur qu’on trouve souvent en lisière des agglomérations ; et les centres de traitement des données d’Enedis, bien plus inaccessibles. Mettre le concentrateur hors service ne prive personne d’électricité mais empêche le compteur linky de transmettre les relevés de consommation en temps réel. « Je ne voulais pas d’une action qui pénalise les usagers » prévient Christophe. « En flinguant le concentrateur, on perturbe le système et, surtout, l’environnement électromagnétique redevient normal ».

Les ondes électromagnétiques, c’est sa grande affaire. Il faut suivre ce fil pour comprendre ce qui a amené ce quasi-sexagénaire, d’apparence tranquille, à démonter quatre-vingt-douze concentrateurs en quelques mois. Il nous a expliqué son problème avec les ondes en venant nous chercher à la gare et, à vrai dire, on aurait pu s’en douter dès le premier coup d’œil : notre hôte était tapi dans un coin du hall, emmitouflé dans une combinaison intégrale bleu turquoise, capuche rabattue sur la tête, un acoustimètre à la main pour mesurer l’intensité des ondes électromagnétiques qu’il recevait. « Là, on est presque à 2 V », avait-il lancé après nous avoir salués. Il évoque son électro-hypersensibilité dans la voiture, pourtant bardée d’électronique, radars de recul et autres systèmes de guidage. « Le GPS, qui envoie des ondes satellitaires, ne me pose pas de problème » nous dit-il. « Ce qui me cause des maux de tête, de la fatigue et des saignements de nez, ce sont les ondes électromagnétiques ». Ces ondes, il a longtemps contribué à leur développement dans le cadre de son métier, jusqu’à développer un diabète de type 1, qu’il estime avoir contracté parce qu’il passait de longues heures au téléphone. Il s’est alors documenté sur le sujet et en est venu à la même conclusion qu’un certain nombre d’associations et personnes dites électro-hypersensibles (EHS) que nous avons croisées : les ondes électromagnétiques ont potentiellement des effets indésirables sur la santé, l’OMS le reconnaît, l’ANSES l’admet à demi-mot, mais on continue à les multiplier parce qu’elles sont au cœur de bon nombre d’innovations et une source de profit pour l’industrie. En 2015, Christophe a reçu une lettre d’Enedis lui annonçant le déploiement prochain du compteur linky. Craignant le champ électromagnétique que pourrait générer le boîtier, il a décidé de s’opposer à son installation. Il « a expérimenté les voies légales », signifié son refus à Enedis, prévenu le maire, organisé des réunions d’information auprès de ses voisins, obtenu un certificat médical d’électro-hypersensibilité, envoyé une lettre au Premier ministre … Et s’est heurté à chaque fois à un mur. « Je me suis rendu compte que les lois n’étaient plus là pour défendre les gens, mais pour servir les intérêts de l’industrie » affirme-t-il, résigné.
Il a alors réfléchi à un autre type d’action. « Je me suis souvenu des faucheurs d’OGM, et je me suis dit que je pourrais devenir un faucheur de
linky » explique-t-il. « Je n’ai pas fait ça de gaîté de cœur. Je ne suis pas parfait, ça m’arrive de faire des excès de vitesse, mais je suis respectueux du bien commun, des lois, je suis attentif au fait de bien vivre ensemble. Mais là, je n’avais pas le choix ». Il a d’abord démonté un premier concentrateur, avec un certain amateurisme, qu’il confie aisément : il a ouvert le boîtier, s’est aperçu qu’il n’avait pas les bons outils, est parti les chercher chez lui puis est revenu finir le travail. Il s’est ensuite attaqué à un autre concentrateur pour rendre service à une personne EHS qu’il connaissait ; les semaines suivantes, il a multiplié ses actions. Un jour, les gendarmes ont frappé à sa porte. Il a été condamné en première instance à 50 000 € de dédommagement et six mois de prison avec sursis, et attend son jugement en appel « sans trop d’illusion », tout en gardant une lueur d’espoir. « Les faucheurs d’OGM ont été relaxés parce qu’on a réalisé qu’ils avaient raison. Il faudrait que la justice envoie un message à l’État en reconnaissant le bien-fondé de l’action d’un faucheur de linky ».

Le sabotage opéré par Christophe ne confine pas à de la destruction pure mais, comme il le formule, « perturbe le système », court-circuite la collecte des données opérées par les compteurs Linky sans perturber l’alimentation en électricité.

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Message envoyé par « les citoyens éclairés »

Nous avons le grand chagrin de vous annoncer le décès par suicide de Christophe, notre ami qui avait osé s’attaquer aux concentrateurs d’Enedis.
La crémation aura lieu dans la ville des parents de Christophe, à des centaines de kilomètres, mais nous vous proposons de nous retrouver pour une cérémonie dans
l’intimité mais aussi dans un esprit militant, comme il l’aurait souhaité.
A priori nous retenons le dimanche 23 octobre à la chapelle Notre Dame de Lourdes, sur la commune du Saint (Morbihan) à 14 h
https://www.sortir-en-bretagne.fr/visiter-2130/le-saint/chapelle-et-grotte-de-notre-dame-de-lourdes
Vous pourrez apporter vos textes ou chansons à partager…
Celles et ceux qui souhaitent se retrouver pour un pique-nique pourront venir sur mon terrain à Lanvenegen (depuis le Faouet, direction Guiscriff, env. 2 km, prendre sur la gauche « la Croix de Keroual » j’ai mis un panneau « KERGUEN », c’est juste après le pont de pierres sur la droite)

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Nous avons appris la nouvelle avec consternation. Christophe nous a souvent interpellé et nous étions assez démunis. A Nantes, nous avons le plus grand mal à faire retirer les Linky des EHS « certifiés » malgré l’engagement écrit de la Maire, responsable légale du Linky sur Nantes Métropole. Une seule commune/24 les soutient. C’est bien peu. On va essayer d’élargir ça.

Nous avons déjà eu une jeune suicidée, une dame qui ne nous parle que de suicide, et deux plus ou moins évaporées dans la nature, ne pouvant plus vivre en ville. Et il n’y a pas que des dames, la preuve.

Dimanche, lors de deux mes conférences, 3 EHS ont témoigné de leur martyre dont un jeune homme de 21 ans.

Il nous faut créer un groupe spécifique de suivi des EHS dans notre association. Nous avons de plus en plus d’appels de détresse. Nous en avons parlé dimanche avec l’une de nos membres.

Bernard, pour tous les membres et sympathisants de l’association Résistance Nantes

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Christophe Mergault « a choisi de quitter ce monde ».

C’est une grande perte pour notre mouvement. Une personnalité iconoclaste et attachante.

Robin des Toits s’associe à ses proches et amis pour exprimer sa solidarité.

Nous avons souvent échangé par courriel, et aussi par téléphone, à une époque où il cherchait des soutiens techniques pour apporter de l’argumentation en sa faveur lors des procès: scientifique de formation et devenu EHS, il avait choisi de « débrancher » des concentrateurs du système Linky, action qui lui a attiré les foudres d’Enedis;

Une belle personne, qui va beaucoup nous manquer.
Citons en hommage à Christophe, un extrait de l’hommage de notre regretté Jean Jacques Tordjman à Serge Provost (autre lanceur d’alerte, décédé en 2021).

« Les lanceurs d’alerte meurent aussi » et encore une fois « plus vite et plus tôt que les salauds dont ils dénoncent les crimes « .
Les salauds auxquels Christophe avait eu à faire se reconnaîtront  … peut-être.
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Robin des Toits

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J’apprends le décès brutal de Christophe MERGAULT. J’avais eu l’occasion d’échanger avec lui, sous l’étiquette du collectif Stop-Linky de Pont-Péan (35), puis directement, lorsque je faisais signer le message de solidarité après sa condamnation par le Tribunal Judiciaire de Rennes ; enfin à Bordeaux lors de la conférence de presse organisée par Stéphane Lhomme lors du procès pour « vol de linky ». Très déterminé, pédagogue (sur le lien entre exposition aux radiofréquences et diabète) et se plaignant de n’avoir pas eu de soutien de médecins lors de son procès. J’étais en attente des suites (Christophe avait fait appel de sa condamnation, les délais judiciaires sont excessivement longs…). Cette fin est d’une tristesse infinie.

Collectif ‘Linky non merci !’ – Paris Sud

et

Solidarité et Coordination Anti Linky Paris-Ile de France (SCALP-IdF)

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Triste nouvelle ! j’apprends la disparition de Christophe … il a souffert d’ EHS malgré ça, courageux dans ses actions que je suivais, s’attaquer à des concentrateurs fallait-il qu’il soit  si mal dans son corps !!!
Le suicide comme dernière solution …  honte à eux, honte à cette horde de complices, serviteurs obéissants aux ordres débiles,  tous ces artisans du malheur d’autrui qui sont passés maîtres en tra
îtrise de toutes les sortes !
Faudra bien qu’un jour « ils » paient l’addition !
c’est bien triste !
CH

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Nouvelle très triste. On peut dire qu’il a été broyé par le système (dirigeants d’Enedis, d’EDF … et responsables de l’Etat qui soutiennent systématiquement ces industriels). Reste, pour nous, à voir comment mieux soutenir collectivement ceux qui prennent des risques pour notre cause commune.

Pour le collectif Stop Linky 5G Loire

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Pour rappel

Communiqué relatif à la condamnation frappant Christophe MERGAULT, militant anti-Linky de Pont-Péan (35)

La coordination des collectifs anti-Linky d’Ile de France, réunie le 17 janvier 2022 à la Bourse du Travail de Paris, a pris connaissance de la condamnation par le Tribunal Judiciaire de Rennes à six mois de prison avec sursis de Christophe MERGAULT, militant anti-Linky de Pont Péan (35) pour avoir mis hors service 92 concentrateurs à proximité du domicile de personnes souffrant comme lui d’Electro Hyper Sensibilité (EHS). Ces concentrateurs collectent et transmettent par radiofréquences les données personnelles de consommation électrique des compteurs linky au poste central d’Enedis situé à Lyon, avec ou sans l’accord des citoyens concernés et malgré un fort mouvement d’opposition. Enedis, qui gaspille actuellement plus de 5 milliards d’euros au frais des contribuables pour le programme linky, réclame à Christophe 47 165 € au titre du préjudice financier. Christophe a immédiatement fait appel.

Le Coordination régionale SCALP-IdF :

  • exprime sa solidarité avec Christophe et appelle au soutien financier afin de faire face aux frais de justice ;
  • constate que les autorités administratives et judiciaires ignorent délibérément les souffrances exprimées par les personnes souffrant d’Electro Hyper Sensibilité, qui représenteraient, selon l’avis émis en mars 2018 par l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire (ANSES) environs 5% de la population française ;
  • renouvelle son refus du programme linky et réaffirme le droit à refuser l’installation de compteurs communicants dans son lieu de résidence.

Il est temps de mettre fin au programme linky, nuisible sur le plan environnemental, bénéficiant financièrement à Enedis et non aux usagers, dangereux (incendies, ondes), ne permettant aucune économie d’énergie et déjà dépassé sur le plan technologique.

Et Christophe doit être relaxé.

Solidarité et Coordination Anti-Linky Paris – Ile de France ; SCALP-IdF