
Ils s’opposent à la carte d’identité numérique de Keir Starmer
Des dizaines de milliers de citoyens britanniques ont défilé ce samedi dans les rues de Londres pour dénoncer le projet du gouvernement travailliste d’instaurer une carte d’identité numérique obligatoire d’ici 2029. Un projet perçu par beaucoup comme la première étape vers une société de surveillance généralisée.
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Le cortège, parti de Marble Arch pour rejoindre Whitehall, au cœur du pouvoir londonien, a rassemblé une foule compacte brandissant des pancartes explicites : « No to Digital ID », « Once scanned, never free » ou encore « If you accept Digital ID today, you’ve accepted social credit tomorrow ».
Le message est clair : pour ces manifestants venus de tout le pays, le futur “Brit Card” promis par le Premier ministre Keir Starmer ouvrirait la voie à un système de contrôle social comparable à celui déjà expérimenté en Chine.
Initialement présenté comme un outil pour lutter contre l’immigration illégale — en conditionnant l’accès à l’emploi à la présentation de cette carte numérique — le dispositif pourrait rapidement s’étendre à d’autres domaines : fiscalité, santé, éducation, voire achats du quotidien. Selon plusieurs fuites relayées par la presse britannique, le gouvernement envisagerait même de délivrer des identités numériques à des adolescents dès 13 ans, et de les rendre nécessaires pour prouver son âge lors de l’achat d’alcool dans les pubs.
Une dérive vers l’État-panoptique ?
Pour Silkie Carlo, directrice de l’association Big Brother Watch, cette initiative n’a plus rien à voir avec la lutte contre les trafics de main-d’œuvre : « Starmer a vendu son projet orwellien sur le mensonge qu’il ne servirait qu’à empêcher le travail illégal. En réalité, il s’agit de poser les fondations d’un État de surveillance, où tout — des impôts aux retraites, de la banque à l’éducation — serait contrôlé par un identifiant unique. »
Plus de 2,8 millions de Britanniques ont déjà signé une pétition officielle pour s’opposer à la mise en place du système, forçant le Parlement à ouvrir un débat sur la question. Le texte dénonce une mesure qui « conduirait à une surveillance de masse et à un contrôle numérique des citoyens ».
Le rejet du projet dépasse les clivages politiques traditionnels. L’ancien ministre conservateur Sir David Davis, déjà opposé aux cartes d’identité sous Tony Blair, met en garde contre une « menace directe pour la vie privée et les libertés fondamentales ».
Kemi Badenoch, actuelle dirigeante du Parti conservateur, qualifie le projet de « gadget inutile » incapable d’enrayer l’immigration clandestine.
De son côté, Nigel Farage, leader du parti Reform UK, a promis que s’il accédait au pouvoir, il abolirait immédiatement toute forme de carte numérique obligatoire : « Cela ne freinera pas l’immigration illégale, mais cela permettra de contrôler le reste de la population. L’État ne doit jamais avoir un tel pouvoir. »
Un projet mondialiste importé ?
L’idée d’un système d’identité numérique n’est pas nouvelle au Royaume-Uni. Elle fut déjà défendue par Tony Blair, alors Premier ministre travailliste et partisan d’une gouvernance globalisée.
Le gouvernement Starmer justifie aujourd’hui cette relance en évoquant les économies réalisées par des pays comme l’Inde, l’Australie ou le Danemark grâce à leurs programmes de “Digital ID”. Mais les opposants y voient un copier-coller du modèle européen : l’Union européenne prévoit de lancer d’ici 2026 son propre “portefeuille d’identité numérique”, censé regrouper les données personnelles de tous les citoyens du bloc.
Sous haute surveillance policière, la manifestation londonienne s’est déroulée sans heurts majeurs. Un manifestant brandissait une effigie du Premier ministre Keir Starmer, tandis qu’un autre portait une pancarte proclamant : « Britain doesn’t do “papers, please” », en référence à la célèbre formule des régimes autoritaires.
L’un des organisateurs, le collectif Mass Non-Compliance, résumait ainsi l’esprit du mouvement : « Si vous acceptez la carte d’identité numérique aujourd’hui, c’est peut-être le dernier vrai choix que vous ferez de votre vie. »
Alors que l’Europe entière s’oriente vers la numérisation complète de l’identité et des services publics, la résistance s’organise au Royaume-Uni autour d’un mot d’ordre simple : refuser la fusion entre liberté et traçabilité. Pour une partie des Britanniques, la “Brit Card” n’est pas un progrès technologique, mais le symbole d’un basculement : celui d’une société libre vers une société administrée.
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