Bouygues et Orange fêtent Noël

Ils contournent sans aucune vergogne le code de santé publique concernant les enfants.

« Toute publicité, quel qu’en soit le moyen ou le support, ayant pour but direct de promouvoir la vente, la mise à disposition, l’utilisation ou l’usage d’un téléphone mobile par des enfants de moins de quatorze ans, est interdite. » art. L5131-3 du Code de Santé publique (Partie Législative, 5e partie, Livre II, Titre III, Chapitre 1er – objet concernant les nourrissons et les enfants) – Loi du 12 juillet 2010.

Or, les sociétés Bouygues Telecom et Orange, dans les publicités télévisées qu’elles diffusent en cette période de fêtes, visibles aussi sur You Tube, s’asseyent allègrement, le terme n’est pas trop fort, sur cet article du Code de la santé publique en le contournant de manière plus ou moins perverse selon le cas.

https://lareclame.fr/betcparis-bouygues-telecom-n
https://lareclame.fr/publicsconseil-marcel-orang

La publicité Bouygues, intitulée « A Noël, partagez ce qui compte vraiment » est diffusée à la télévision depuis le 3 novembre 2019. Elle met en scène une petite fille, apparemment âgée de 5-6 ans, qui, pendant 1mn30, l’oreille collée à un téléphone qu’on identifie a priori comme un téléphone portable, communique avec celui qu’elle croit être le Père Noël, mais qui ici n’est autre que son propre père, Noël ou Michel. Le titre de la publicité prend dès lors tout son sens : « ce qui compte vraiment » et l’objet du « partage[z] », ce sont bien, à la voir rapidement, l’achat et l’usage du téléphone portable à mettre entre les mains des enfants, s’ils veulent conserver et entretenir des liens avec leurs parents.

Mais à un visionnage plus précis, on peut voir que le téléphone utilisé par la fillette est un téléphone maison sans fil (DECT). La manipulation est grossière et destinée à contourner la loi en se mettant sur le débat de savoir si un téléphone DECT est un téléphone mobile ou non puisqu’attaché à la maison. On sent bien évidemment la réflexion de l’industriel de contourner la loi en se protégeant juridiquement et, éventuellement, de pouvoir contrattaquer ceux qui oseraient s’élever contre ce procédé, s’étant fait piéger en interprétant, à un visionnage rapide comme c’est la cas en situation réelle, que la fillette utilise un téléphone portable. A cet effet les images montrent brièvement mais très clairement la base du téléphone utilisé ; de même que, brièvement mais très clairement, on peut voir s’afficher « Maison » sur le téléphone du père à la réception du message de la fillette.

Le cas de la publicité d’Orange « On l’a », diffusée depuis le 14 novembre 2019, est légèrement différent. Cette fois, ce n’est pas la fête de Noël, mais le Père Noël qui est à la fête, piégé par une bande de six garnements âgés de huit à douze ans. L’arme secrète, et fatale, est une fois de plus le téléphone portable qui télécommande les objets connectés de la maison où le Père Noël a eu le malheur de mettre les pieds. Les enfants, apparemment plus âgés que dans le premier cas, utilisent un portable mais sans, cependant, le porter à l’oreille pour téléphoner.

Dans les 2 cas, nous avons affaire à des publicités promotionnelles pour de la téléphonie mobile, avec comme personnages principaux des enfants de moins de 14 ans, dont le contenu latent, voire le but clairement affiché, est  de « promouvoir la mise à disposition, l’utilisation ou l’usage d’un téléphone mobile par des enfants de moins de quatorze ans », ce qui est interdit par le Code de santé publique (voir article cité en exergue).

A l’heure où Santé publique France souligne les liens entre glioblastomes et champs électromagnétiques, où l’ANSES (Agence Nationale de Sécurité Sanitaire) publie son rapport sur les téléphones portables après avoir publié en 2016 son rapport « Exposition des enfants aux radiofréquences : pour un usage modéré et encadré des technologies sans fil », très clair sur les effets, notamment sur les fonctions cognitives, où de plus en plus de personnes deviennent électrohypersensibles, gravement atteintes et socialement exclues, où de très nombreuses voix scientifiques s’élèvent, on ne peut que s’indigner du cynisme de ces industriels qui se couvrent de honte en déniant ainsi les conséquences gravement délétères de telles publicités auprès des enfants.

Robin des Toits, condamnant plus que fermement de telles pratiques, a demandé expressément à l’Autorité de Régulation Professionnelle de la Publicité et au Conseil Supérieur de l’Audiovisuel de jouer leur rôle pour un retrait immédiat de ces publicités.

robindestoits.org

Lettre à l’ARPP – 2 dec 2019.pdf  (855.84 Ko)
Lettre au CSA – 2 dec 2019.pdf  (856.09 Ko)