Des boîtiers de télérelève EAU installés en l’absence d’habitants
Les villes de Gien et de Briare ont autorisé la société Suez à installer des boîtiers sur les compteurs d’eau. Des usagers regrettent que des agents aient posé ces équipements chez eux, en leur absence.
Des usagers de Gien et Briare ont constaté qu’on avait pénétré chez eux pour y installer des boîtiers de télérelève. Ils s’insurgent.
Mauvaise surprise pour une habitante de Briare. Au début du mois de novembre, alors qu’elle s’était absentée de son domicile, elle a découvert avec stupéfaction en rentrant, le soir venu, qu’un boîtier de télérelève avait été installé sur son compteur d’eau, pourtant situé dans un jardin bordé par une clôture et fermé par un portillon. Dans sa boîte aux lettres, un compte rendu d’intervention rédigé par un agent de Suez.
« Une négation de la citoyenneté »
En octobre, cette retraitée, à l’instar des autres habitants de Briare, avait reçu un courrier l’informant que la mairie mandatait Suez Eau de France pour équiper l’ensemble des compteurs d’eau d’émetteurs de télérelève. « Dans cette lettre, il était dit que si le compteur était inaccessible, un avis de passage serait déposé dans la boîte pour fixer un rendez-vous », détaille la Briaroise.
Le 25 octobre, celle-ci avait répondu à Suez par une lettre recommandée avec accusé de réception et copie au maire de Briare, dans laquelle elle expliquait qu’elle ne voulait pas de cet équipement chez elle, en raison des ondes émises. « Il y a quelques années, j’ai eu un cancer. Je ne souhaite pas que ça recommence à cause des ondes. C’est ce que j’expliquais dans cette lettre », indique la retraitée, qui n’a pas hésité à aller porter plainte.
Une plainte qui a été reçue à la gendarmerie de Briare et qualifiée en « violation de domicile par chargé de mission de service public ».
« Ils sont rentrés chez moi sans mon accord. J’ai juste trouvé un mot et la case réservée à la signature du client est restée vide, évidemment. J’envisage moi aussi de porter plainte pour violation de domicile. »
Christelle de Crémiers (conseillère municipale à Gien et vice-présidente du conseil régional)
Nouvelle surprise à peine deux jours tard : la retraitée reçoit un appel de Suez, l’informant qu’il s’agit d’un simple malentendu, que les courriers se sont croisés et qu’un agent viendra démonter le boîtier dès le lendemain. Ce qui sera fait, au grand soulagement de la Briaroise, qui a immédiatement retiré sa plainte.
Elle n’est pourtant pas la seule à avoir trouvé un boîtier de télérelève installé en son absence. À Briare mais aussi à Gien, des usagers se plaignent d’intrusions à leur domicile. Parmi eux, Christelle de Crémiers, conseillère municipale à Gien et vice-présidente du conseil régional. « Ils sont rentrés chez moi sans mon accord. J’ai juste trouvé un mot et la case réservée à la signature du client est restée vide, évidemment.
J’envisage moi aussi de porter plainte pour violation de domicile. C’est scandaleux ; ces pratiques sont une négation de la citoyenneté. On a l’impression de compter pour rien, puisqu’on entre chez nous sans autorisation (*). »
Comble de la situation, Christelle de Crémiers, il y a quelques mois, était intervenue devant les membres du conseil municipal de Gien pour dénoncer la future facturation des relevés aux usagers qui refuseraient la télérelève. Car, à Briare, l’habitante qui n’a pas voulu du boîtier émettant des ondes devra payer 63,29 € à chaque fois qu’on viendra relever son compteur. « Mais la santé, ça n’a pas de prix », défend-elle.
Interrogé hier, Pierre-François Bouguet, maire de Briare, reconnaissait que les compteurs télérelevés ont créé une petite polémique dans sa ville au sujet des ondes émises. Le premier magistrat ignorait cependant les mésaventures survenues chez ses administrés. « Je saurai le fin mot de l’histoire », promet-il. « La société Suez intervient en notre nom, il faut donc être sûr que tout soit fait dans les règles ».
(*) Nous avons sollicité la société Suez. Pas de réponse.
Pascale Auditeau