Replanter les racines du numérique !

Autrefois les semences circulaient entre les mains des paysans …

… l’eau coulait librement. Puis vinrent les monocultures, les machines connectées à des intérêts qui nous échappent. L’agriculture a été colonisée.

Aujourd’hui c’est le tour du numérique. Nous avons laissé pousser sur nos vies un réseau invisible, tentaculaire, comme un champ mondialisé. Une monoculture numérique s’est installée : quelques multinationales plantent les graines, récoltent les données, contrôlent les flux.

Ce réseau, autrefois promesse d’horizontalité et de partage, s’est refermé. Sous prétexte de connectivité, on y cultive l’isolement. Au nom de l’innovation, on y brûle du vivant. On extrait les minerais comme on a vidé les sols. On exploite des humains à l’autre bout du monde pour nourrir nos clouds. 

Et pendant ce temps, nos libertés fanent, nos relations se délitent, nos outils deviennent opaques. Mais il n’est pas trop tard pour redonner souffle à un numérique fertile, enraciné, résilient.

Il est temps de faire comme les paysans qui gardent leurs semences : se réapproprier les outils, les comprendre, les adapter à nos usages. Il est temps de désherber les dépendances, de composter l’obsolescence, de cultiver des communs numériques sur des terres libres.
Pour planter une graine dans ce sillon-là, Colibris s’engage concrètement ! Le Mouvement lance cet automne le projet Booture : il s’agit d’un petit serveur local, frugal, basé sur des logiciels libres et qui permet d’héberger vos données à l’abri des GAFAM et sans intermédiaire. 

La booture c’est, au fond, comme un terreau local pour semer un numérique désirable, à la portée de chacun·e. Un outil que l’on peut tenir entre ses mains, comme on tiendrait une bêche ou un carnet de semis. Que l’on peut aussi relier au monde. Car il ne s’agit pas de refuser le numérique, mais de le ré-ancrer dans le vivant, dans le local, dans la coopération. De bâtir un internet de bocage, divers, sobre, joyeux. Un numérique où les citoyens ne sont pas de simples utilisateurs, mais des jardiniers attentifs à ce qu’ils plantent et partagent.
Ré-ensauvager le web. Réapprendre à s’y orienter sans GPS. Tendre la main à nos voisins au lieu de liker des inconnus. Et surtout : reprendre le pouvoir sur ce que nous construisons ensemble.

Il n’y a pas de transition écologique sans transition numérique. Et il n’y aura pas de transition numérique sans justice, sans autonomie, sans communs. Et comme ce commun numérique est à nous, c’est à nous d’agir ! Alors rebranchons le réseau sur la terre. Et faisons germer d’autres futurs.
 

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L’equipe du Colibris