Dix propositions pour une désescalade numérique

Municipales 2026 : ne laissez pas l’intelligence artificielle écrire votre programme

Face à une industrie aux conséquences insoutenables sur l’environnement, la santé et le lien social, des collectifs et associations spécialisés dans l’analyse des impacts du numérique ont uni leurs forces pour élaborer des propositions concrètes : « Municipales 2026 : ne laissez pas l’intelligence artificielle écrire votre programme. »

Depuis 20 ans, à rebours de toutes les promesses qui accompagnent la numérisation, le recours massif à internet, au smartphone et aux réseaux sociaux accélère l’effondrement du lien social. Porté par des multinationales hégémoniques, le numérique a servi à démanteler et à privatiser les services publics, à accélérer les flux de marchandises et à disqualifier nombre de savoir-faire. Les soirs d’élections, nous voilà réduits à croiser les doigts pour que les capacités de surveillance orwelliennes, développées ces 2 dernières décennies, ne tombent pas, prêtes à l’emploi, entre les mains d’un gouvernement d’extrême droite.

Au niveau écologique, l’industrie numérique, avec sa croissance exponentielle, est une bombe climatique et toxique. Des mines aux data centers en passant par la production de semi-conducteurs, elle siphonne des quantités colossales d’eau et d’énergie, réchauffe le climat, accumule des montagnes de déchets. En démultipliant toutes ces tendances, le déploiement de l’intelligence artificielle (IA) promet des lendemains plus sombres encore. Il faut arrêter cette fuite en avant.

© Markus Spiske sur Pexels

Et si les municipalités devenaient les premiers lieux de résistance à l’escalade numérique ? C’est dans cette perspective que nous avons rédigé ce programme dont voici les grandes lignes. Son objectif : proposer des mesures immédiates de prudence, d’économie et de santé publique pour limiter l’emprise numérique. Toutes doivent être adaptées au contexte local et à la taille de la commune, dans un esprit d’urgence écologique et de justice sociale.

1. Sécuriser les services essentiels « hors réseau »

En avril 2025, la péninsule ibérique a été privée de courant pendant 24h. Face aux risques croissants d’intempéries et de cyberattaques, la vie doit pouvoir continuer : eau, écoles, soins, secours… Le plan de sauvegarde municipal devrait prendre en compte le risque de rupture de réseau, la commune limiter sa dépendance aux infrastructures électriques et informatiques.

2. Assurer une gestion municipale sobre et dégafamisée

Les institutions publiques ne peuvent plus se permettre d’adosser leur communication à Twitter ou Meta (Facebook, Instagram, WhatsApp), encore moins de collecter des données pour ces entreprises, pas plus que d’inciter la population à en être cliente. La municipalité devrait diffuser l’information via des canaux maîtrisés (newsletters, affichage, etc.) et utiliser des logiciels libres (en formant son personnel).

3. Garantir un service public humain

En France, plus d’une personne sur six rencontre des difficultés avec le numérique et une personne sur dix n’a pas de smartphone. La municipalité devrait garantir un « droit au non-numérique » avec guichets, téléphone ou courrier. Ce qui implique de revaloriser les métiers des agent.es, piliers d’un service public humain.

4. Favoriser les emplois, pas les IA

De plus en plus d’emplois sont vidés de leur sens ou supprimés par les plateformes et l’IA. La municipalité devrait contribuer à créer des métiers utiles et durables en impulsant ou en soutenant des activités de recyclage et de réemploi. Un guichet de services informatiques aiderait les habitant.es de la commune à faire durer leurs appareils, à se protéger contre les publicités et les escroqueries.

5. Assurer la sécurité sans vidéo-surveillance

La vidéosurveillance, coûteuse, n’élucide que 1% des enquêtes et son effet dissuasif est marginal. La commune devrait refuser lescalade vers la surveillance algorithmique et investir dans des moyens humains : prévention des violences, lutte contre la criminalité, médiation, soutien aux familles.

6. Bannir les écrans publicitaires de l’espace public

85% souhaitent interdire les écrans publicitaires. Ils n’ont aucun intérêt collectif, mais des impacts négatifs avérés : gaspillage d’électricité, pollution lumineuse, incitation à la surconsommation. La municipalité devrait interdire ces dispositifs via son Règlement Local de Publicité, comme l’ont déjà fait plusieurs villes.

7. Favoriser une école ouverte et créative

Les enfants passent déjà en moyenne 4h11 par jour sur écran, hors école, avec de graves conséquences sur leur santé. La municipalité ne devrait pas investir dans les tablettes numériques et les Environnements numériques de travail (ENT) à l’école primaire. Elle doit favoriser les sorties de plein air, l’accès à la culture et des séjours de « digital detox ».

8. Lutter contre l’Airbnbisation de l’habitat

En facilitant la location de courte durée, les plateformes comme Airbnb font flamber les prix et raréfient les locations. La municipalité doit s’appuyer sur la loi Le Meur pour fixer des quotas et, si besoin, s’impliquer à l’échelle intercommunale pour limiter les locations touristiques.

9. Refuser l’installation de data centers

Les data centers, qui stockent les données du numérique (emails, vidéos, objets connectés…), consomment désormais chacun autant d’électricité qu’une ville, pompent des millions de litres d’eau, et créent très peu d’emplois. La municipalité devrait refuser l’implantation des data centers de plus de 2000 m2 dans son PLUI et informer le public sur les impacts des services fondés sur la collecte de données et le recours massif à l’IA.

10. Limiter l’exposition électromagnétique

Le déploiement de la 5G fait exploser le nombre d’antennes-relais, aggravant la consommation énergétique et le réchauffement climatique. Les ondes posent également des risques sanitaires mal évalués. La municipalité devrait appliquer le principe de précaution, privilégier les connexions filaires et limiter l’implantation d’antennes, en particulier sur les toits des logements sociaux.

https://www.desescaladenumerique.org/

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Pour en savoir beaucoup beaucoup plus :

https://desescaladenumerique.osuny.org/media/download/eyJfcmFpbHMiOnsiZGF0YSI6ImIwZGI2Yzg3LTJjYmItNDM3MS05OWNkLWFjODMwOTM2YjBkNSIsInB1ciI6ImJsb2JfaWQifX0=–29e24b58b18573eb9d46eb540cb5e93c4b4d2e0a

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Commentaire

Tout à fait en accord avec ce qui a été écrit.
C’est d’autant plus important que, à l’heure actuelle, les élu.es sont tellement technophiles voire technolâtres qu’ils et elles laissent de côté ce drame qu’est le numérique. Elles et ils ne s’intéressent pas à ce problème car, pour ces gens-là, « circulez, y a rien à voir ».
On l’a déjà constaté lorsque de nombreuses associations ont mis l’accent sur le compteur Linky en élaborant un « procès Linky ». Le retour de « nos » élu.es a été navrant : 10 réponses alors que toutes ces personnes avaient été contactées : 10 réponses, sans toutefois accéder à notre demande concrète de créer une commission parlementaire.

Il faudra insister sur ces propositions durant la campagne municipale. On peut accrocher dans certaines communes quand on voit l’intérêt que portent certaines d’entre elles au problème de la surexposition des écrans. On commence à voir certaines réactions et certaines actions sur ce sujet puisque, dans ce domaine, il ne faut pas s’attendre à la moindre initiative efficace de la part de l’éducation nationale.
Dernier point qu’il faut mettre en avant. Tout ce qui est lié au numérique (IA, data center, antenne 5G, Linky …) fait apparaître en clair une pollution totalement ignorée ou au moins laissée de côté : la pollution électromagnétique. Elle n’est pratiquement jamais citée quand on parle de pollution (alimentaire, de l’air, de l’eau, pesticides, métaux rares, uranium …). Ce texte a le mérite de commencer à noter la nocivité.

Et pourtant elle impacte déjà 5 % de la population française par la maladie qui s’appelle l’ElectroHyperSensibilité. Ce n’est pas rien et cela va empirer dans les années à venir … comme l’amiante. L’ironie de cette maladie est que l’ANSES a fini par la reconnaître mais cet organisme qui se veut indépendant (!) ne va pas jusqu’à dire que c’est dû principalement aux ondes !

Il y a encore beaucoup à faire, surtout quand on voit ce matraquage médiatique actuelle qui veut nous faire enfoncer dans le crâne que le « progrès » passe par l’IA.

Le collectif ACCAD essaie de mettre en avant ces problématiques … tout en sachant que l’on agit dans un désert… actuellement. Cela ne veut évidemment pas dire qu’il faut renoncer, au contraire.
https://collectif-accad.fr

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L’association arrasclimactif intervient aussi pour les municipales

Les jeunes et les écrans

Analyser, informer, discuter de l’addiction aux écrans avec les jeunes, et avec leurs parents.

L’addiction aux écrans chez beaucoup de jeunes a déjà des conséquences négatives du fait de leur vulnérabilité et de leur développement en cours. Des dommages sociologiques, sanitaires, et pour leur développement cognitif, sont déjà bien décrits.

Les communes peuvent organiser des rencontres autour de ce thème avec des spécialistes, psychologues, éducateurs et autres, en direction des scolaires et des parents. Elles peuvent aussi proposer et encourager les enseignants du primaire pour l’organisation des 10 jours sans écrans ludiques organisés chaque année au printemps (ou à un autre moment).

Organiser des activités culturelles, sportives, ouvrir les portes des associations le soir des 10 jours sans écrans, pour montrer qu’on peut se passer en grande partie des écrans, tout en se sentant mieux.

Plusieurs communes du secteur mais pas à Lens et Liévin se sont déjà impliquées.

Et en profiter pour réfléchir et s’informer sur les conséquences du numérique, de l’IA, à l’école.

Ci-dessous le lien pour le documentaire – et si on levait les yeux – filmé dans une classe de CM2 sur ce sujet (passé sur Public Sénat) :

https://www.swisstransfer.com/d/e1069c7e-d88e-4cfd-873b-e3629fe0308d

ATTENTION : ce lien expirera le 08/11/2025 à 16:26

Vous aurez la version initiale , celle à 30 minutes et celle à 40 minutes

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l’article initial est paru sur medipart

https://blogs.mediapart.fr/les-invites-de-med

avec quelques commentaires

Bravo. Je vote, signe et soutiens.

Boycottons , déjà à l’échelle locale, les oligarchies et fantasmes technosolutionnistes qui accélèrent le mouvement … droit dans le mur de la crise environnementale. 

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Bravo CQFD, le numérique est devenu le pb numero 1 pour les humains et les démocraties !

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Sujet essentiel. Il est temps d’agir. Les Geeks de l’IA prévoient déjà l’IA générale pour 2030 !!

Geoffrey Hinton, parrain de l’IA, prix Nobel de physique, ex OpenAI : « 𝐍𝐨𝐮𝐬 𝐝𝐞𝐯𝐨𝐧𝐬 𝐞𝐧𝐯𝐢𝐬𝐚𝐠𝐞𝐫 𝐥𝐚 𝐩𝐨𝐬𝐬𝐢𝐛𝐢𝐥𝐢𝐭𝐞́ 𝐪𝐮𝐞 𝐬𝐢 𝐧𝐨𝐮𝐬 𝐧𝐞 𝐟𝐚𝐢𝐬𝐨𝐧𝐬 𝐫𝐢𝐞𝐧 𝐛𝐢𝐞𝐧𝐭𝐨̂𝐭, 𝐧𝐨𝐮𝐬 𝐚𝐩𝐩𝐫𝐨𝐜𝐡𝐨𝐧𝐬 𝐝𝐞 𝐥𝐚 𝐟𝐢𝐧« 

https://www.youtube.com/watch?v=DbCamWzSw4g