Ce maire poursuivi en justice déclare défendre la liberté des citoyens
Un petit village fait trembler Enedis : à Larnas, en Ardèche, le maire a décidé de ne pas céder face à l’obligation d’installer les nouveaux compteurs Linky. Résultat : une procédure judiciaire est en cours. S’agit-il d’un acte de désobéissance isolé ou d’un véritable combat pour la liberté des habitants ?
Un maire face à la justice
Jacques Genest, maire de Larnas, ne s’attendait sans doute pas à être poursuivi pour avoir simplement soutenu ses administrés. Et pourtant, c’est bien ce qui lui arrive. En 2019, il avait interdit par arrêté municipal l’installation des compteurs Linky sur le territoire de sa commune. Une initiative applaudie par une partie des habitants… mais frontalement contestée par Enedis, le gestionnaire du réseau électrique.
Depuis, l’affaire a pris de l’ampleur. L’arrêté a été considéré comme illégal par le préfet, puis annulé par le tribunal administratif. Malgré cela, Jacques Genest continue de défendre sa décision, assumant les conséquences de cette opposition. Pour lui, il ne s’agit pas d’un simple désaccord technique mais d’un véritable enjeu de société : « Je défends la liberté de mes citoyens et leur droit à refuser ce compteur. »
Linky : un sujet qui divise
Depuis son lancement en 2015, le compteur Linky fait couler beaucoup d’encre. Promu comme un outil indispensable pour moderniser le réseau électrique et suivre sa consommation en temps réel, il est aussi décrié pour plusieurs raisons : on lui reproche parfois des problèmes de santé liés aux ondes, des risques pour la vie privée ou encore une installation jugée parfois forcée.
Dans de nombreuses villes, des collectifs citoyens se sont constitués pour alerter sur ces impacts réels ou supposés. Certains refusent l’accès à leur propriété, d’autres demandent le démontage des installations déjà posées. Et certains élus locaux, comme Jacques Genest, prennent fait et cause pour leurs administrés, quitte à braver la réglementation.
Liberté individuelle ou obligation collective ?
La question centrale qui émerge de cette affaire est celle de la liberté individuelle face aux exigences nationales. Peut-on refuser un compteur présenté comme « intelligent » mais imposé à grande échelle ? À Larnas, une proportion importante des habitants s’est opposée à son installation et s’estime soutenue par son maire.
D’un point de vue légal, la tâche est ardue. Enedis rappelle que Linky est un objet d’intérêt général, prévu par la loi, et que son déploiement relève d’une obligation européenne. Pour l’entreprise, bloquer l’installation, c’est faire obstacle à une mission de service public. Une position qui l’a poussée à enclencher des poursuites contre Jacques Genest pour interférence dans ses missions.
Du côté des sympathisants du maire, on affirme vouloir préserver un droit fondamental : celui de choisir ce qui entre ou non chez soi, surtout lorsqu’on estime que cela pourrait nuire à sa santé ou à sa liberté numérique.
Un combat suivi dans d’autres communes
Larnas n’est pas un cas isolé. Ces dernières années, plusieurs dizaines de communes ont tenté d’interdire Linky sur leur territoire. La justice administrative a presque systématiquement annulé ces arrêtés, réaffirmant qu’un maire n’a pas compétence pour interdire l’installation d’un dispositif imposé par l’État.
Mais certains élus refusent de s’incliner pour autant. Ils mettent en avant la pression de leurs administrés, parfois vieillissants ou sensibles aux ondes, et soulignent un besoin d’écoute plus humaine dans la politique énergétique nationale. Pour eux, c’est un combat démocratique.
Les communes signalées comme opposées à Linky partagent souvent les mêmes inquiétudes :
- Risques potentiels sur la santé (hypersensibilité électromagnétique)
- Remise en cause de la confidentialité des données de consommation
- Installations sans véritable consentement
- Dégradations ou dysfonctionnements recensés
Derrière ces préoccupations se cache une question plus profonde : jusqu’où peut-on aller pour imposer une technologie, quand une partie des citoyens ne la souhaite pas ?
Un débat encore très ouvert
Le procès de Jacques Genest pourrait faire jurisprudence. S’il est condamné, cela pourrait dissuader d’autres maires d’emboîter le pas. Mais si au contraire il obtient gain de cause, ce serait un coup de tonnerre pour Enedis et un encouragement pour les collectifs anti-Linky.
Ce qui est sûr, c’est que l’affaire soulève un débat qui ne semble pas près de s’éteindre. Écologie, vie privée, démocratie locale… tous ces enjeux se croisent dans un petit village d’Ardèche, devenu, malgré lui, symbole d’un refus grandissant.
info07.com
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Extraits
« On lui reproche parfois des problèmes de santé liés aux ondes, des risques pour la vie privée ou encore une installation jugée parfois forcée. »
Les problèmes de santé sont réels : on ne cesse de le dire. Pour ce qui est des risques pour la vie privée et pour une installation jugée parfois forcée : C’EST VRAI !
« Enedis rappelle que Linky est un objet d’intérêt général, prévu par la loi, et que son déploiement relève d’une obligation européenne. »
Il n’y a pas d’obligation européenne : l’Europe a simplement conseillé. Et bien entendu, Enedis a traduit : c’est une obligation !