l’ANFR se propose de relever le seuil de point atypique de 6 V/m à 9 V/m en milieu urbain
On rêve, ou quoi ? Un peu de pédagogie, si vous le permettez…
Pourquoi il y a des normes sanitaires, et pourquoi l’on doit les respecter.
Il existe, en France et ailleurs, des normes sanitaires destinées à nous prémunir contre des dangers de diverses natures : alcoolémie au volant, constituants mineurs atmosphériques (gaz et aérosols), hygiène alimentaire (produits laitiers, eau potable, …), radiations ionisantes, cosmétiques, normes de bruit, etc…Ces normes, comme toute production humaine, ne sont pas parfaites, et peuvent être révisées au besoin. Ainsi, pour l’alcoolémie au volant, les normes sont devenues plus sévères, pour tenir compte de la montée de ce fléau : 0,5 g d’alcool par litre de sang (réduit à 0,2 g pour un jeune conducteur).
Pourtant, il ne viendrait à l’esprit de personne sensée de proposer des corrections laxistes a ces normes. Par exemple, relever le seuil de tolérance en termes d’alcool par litre de sang, pour satisfaire quelque lobby professionnel, qui ne le demande d’ailleurs pas. Ce serait CRIMINEL !
Rendre plus laxistes les normes sanitaires, voilà votre projet !
Or, c’est bien là votre attitude : rendre plus laxistes les normes en matière de radiofréquence (RF), car vous n’êtes pas capables de résister à la pression des lobbies des télécoms. Ne protestez pas, je vous prie, j’en ai la preuve, vous êtes IMPUISSANTS ! Je témoigne personnellement de six enquêtes ANFR sur un point atypique de passant largement les 6 V/m (avec des pointes bien au-dessus de cette valeur) sans que vous ayez pu arriver à obtenir de trois opérateurs qu’ils diminuent les puissances d’émission, alors qu’ils bombardent un appartement quasiment à bout portant. Des années que ça dure, et les locataires, devenus électrohypersensibles, ne se portent pas bien…et ont dû déménager. Leurs biens sont devenus invendables. Pourquoi continue-t-on à ignorer les études montrant la réalité des effets non-thermiques, qui sont ici en cause ? Je suis fréquemment témoin de la souffrance de personnes EHS, dont de sombres abrutis, dans le milieu médical, prétendaient encore récemment qu’elles relevaient de l’imagination. Non, il y a des malades, des gens en profonde souffrance ! J’y reviens plus loin.
Ouvrez les yeux !
Y a-t-il quelqu’un qui sait lire, dans votre Agence ? Si oui, demandez-lui de se plonger dans l’abondante littérature scientifique qui démontre au contraire l’existence d’un danger suite à une exposition prolongée a des champs nettement plus faibles que les impensables valeurs actuellement légales. Vous voyez, je ne parle même pas des valeurs-seuil de point atypique, mais de sante publique ! Si vous étiez conscients de cela, vous n’oseriez pas présenter une telle proposition, qui semble bien dédouaner les champs électromagnétiques RF (radiofréquences) et tendent à faire croire au public qu’ils sont, à leur niveau actuel, complètement sans danger. Pourtant, j’ai peine à croire que vous ignorez que les normes définies par le décret 2002-775 n’ont aucune valeur scientifique, car elles ne se basent que sur les seuls effets thermiques des champs RF. En réalité , ce décret passe sous silence les effets non-thermiques, que seul un aveuglement pourtant officiel qualifie de « non-avérés ». Vous ne pouvez pas ignorer que ces normes sont la copie conforme des spécifications de l’ICNIRP, officine privée (ONG) pompeusement intitule e « Commission internationale de protection contre les rayonnements non ionisants ». Je ne peux pas croire que vous ignoriez les conflits d’intérêt avec l’industrie des télécoms relevés autour de cette officine, et en particulier de son fondateur, le Dr Michael Repacholi. Juge et partie…Pour quelles mystérieuses raisons la Commission Européenne et l’OMS se sont-elles ralliées derrière de si peu scientifiques préconisations ? Ignorez-vous aussi que les conclusions de la commission Tamino, qui préconisait, en 1998, une limite à 1 V/m pour l’humain, ont e te caviarde es par la Commission Europe enne, qui s’en est tenue aux seules « normes thermiques », les champs électromagnétiques Radiofréquences (RF) pouvant légalement atteindre 61 V/m (au-delà de 2 GHz) ? Qui ou quoi a poussé la Commission Européenne à une telle ineptie ?
Osez-vous continuer à affirmer que les effets non-thermiques manquent de preuves ?
Des preuves ? En voici quelques-unes…
Voici des preuves qui, au départ, étaient base es surtout sur des données statistiques, de type épidémiologique, mais cela change, car de plus en plus de connaissances s’accumulent concernant les mécanismes profonds de l’agression des ondes RF sur le vivant. Même le récent rapport de l’ANSES « Radiofréquences et cancer » (hélas, trop pusillanime) ne peut de douaner complètement les ondes RF ! Heureusement, ce rapport contient une annexe en parfait contraste, où certains experts (en nombre il est vrai minoritaire) se prononcent sans ambigüité : « Les RadioFréquences induisent un grand nombre de mécanismes liés au cancer in vivo. On peut en particulier noter les dommages à l’ADN, le stress oxydant, la mort cellulaire, l’inflammation et sans doute l’immunosuppression. Par conséquent, bien que les données in vitro soient moins solides, les données suggèrent fortement l’induction de mécanismes liés aux cancers cérébraux par une exposition aux RadioFréquences ».
De quoi inciter pour le moins à la réflexion, et à un scepticisme cartésien quant aux propos officiels lénifiants qui nient la réalité des effets non thermiques…La vérité scientifique peut déranger, mais doit être respectée, car la sante publique et l’environnement n’ont pas de prix. Qu’en dites-vous, en tant que citoyens ?
Les EHS
Je sais qu’il est de bon ton de critiquer les travaux du Pr Belpomme, qui fut pourtant pendant longtemps l’un des rares praticiens à soigner les personnes EHS. En vérité , certains résultats des travaux qu’il a menés ou auxquels il a participé (ainsi que ceux de certains autres chercheurs) devraient être considérées comme des marqueurs de l’électrohypersensibilité : production faible de sulfate de 6-OHM dans les urines, niveaux accrus d’histamine et de protéines HSDP, de protéine S100B ou de nitrotyrosine dans le sang périphérique. D’autres tests, portant quant à eux sur le système nerveux central, ont révélé des anomalies. Ainsi, une étude par tomosphygmographie cérébrale ultrasonore (TSCU) a mis en évidence un abaissement des pulsations cérébrales chez des personnes EHS. Enfin, des observations par IRM fonctionnelle (IRMf) ont montré un dysfonctionnement de certains territoires du cerveau (Heuser et coll, 2017 ; Belpomme et coll, 2020). Pour compléter ce sujet, notons qu’un tout re cent article, du a Sonzogni et coll (2025) (onze signataires, appartenant à l’INSERM ou d’autres laboratoires de premier plan) a montré que l’auto-diagnostic (du type « Docteur, je suis EHS ») n’est absolument pas dénué de fondement, n’est pas seulement subjectif: ce travail, publie le 25 mai 2025, a permis, en étudiant séparément les réponses à un questionnaire portant sur 26 personnes auto-diagnostique es EHS et un certain nombre de marqueurs biologiques, et via un protocole extrêmement sévère, de valider ces « auto-diagnostics ».
Il faut donc continuer à rechercher dans ce sens, pour éviter peut-être un scandale sanitaire…mais il est surtout urgent de ne plus se boucher oreilles et yeux !
Le rapport BioInitiative (paru en 2007 et mis à jour en 2012)
Il s’agit d’un rapport collectif signe de 29 chercheurs internationaux et experts en santé publique. Ces scientifiques étaient issus de 10 pays, et comprenaient notamment plusieurs membres de la Bioelectromagnetics Society. Le rapport BioInitiative consiste en une me ta-analyse de plus de 1800 études scientifiques. Ce rapport s’est intéressé aux champs RF, mais aussi aux champs de très basses fréquences, du type « électricité domestique » et lignes de transport. Il conclut que l’exposition chronique aux champs électromagnétiques (CEM), même à des niveaux bien inférieurs aux normes officielles, est associe e a un risque accru de leucémie infantile, de tumeurs cérébrales et de maladies neurodégénératives. Ce rapport représente une avancée majeure dans l’étude des effets non thermiques des CEM. Il conclut plus généralement que des effets biologiques significatifs sont observés à des niveaux d’exposition bien inférieurs aux normes officielles. Il s’agit de : stress cellulaire, génotoxicité , perturbations neurologiques, troubles du sommeil, risques accrus de tumeurs cérébrales et de leucémies, ouverture de la barrière hémato-encéphalique, etc. Par conséquent, concernant les champs RF, il recommande des seuils d’exposition beaucoup plus bas, parfois des milliers de fois inférieurs à ceux préconisés par l’ICNIRP.
Les scientifiques signataires, dont dix sont diplômés de médecine, ont continué, dans leur mise à jour de 2012, d’actualiser leur « justification des normes d’exposition du public aux champs électromagnétiques (ELF et RF) fondées sur la biologie » en évaluant les dernières recherches scientifiques et en en rendant compte. Et c’était il y a treize ans !
Ce rapport a été largement médiatisé et a été utilisé par des associations pour défendre le principe de précaution, et il a même cité dans certaines décisions judiciaires. Sans surprise, il a aussi été critique par plusieurs agences sanitaires (ANSES, OMS, Académie de médecine française) pour son manque de rigueur méthodologique selon certains, et notamment pour l’absence de reproductibilité systématique des effets rapportés. Sur la pertinence de ce dernier argument, on sait que l’humain n’est pas un rat de laboratoire, nous n’insisterons donc pas…Certains ont également évoqué un conflit d’intérêts présumé de Cindy Sage, coéditrice du rapport, au prétexte qu’elle propose des services de “protection contre les ondes”. Cette critique est aussi fondée que celle qui consisterait à reprocher à un médecin de publier un livre sur la santé au prétexte qu’il gagne sa vie en soignant… Cependant, si l’on veut en rester au domaine des conflits d’intérêt, alors que dire de l’ICNIRP ? N’insistons pas, ces affaires sont bien connues…
En résumé , les travaux publiés par le rapport BioInitiative montrent que 91 % des études sur les radicaux libres (dommages oxydatifs) rapportent un effet, et 84 % des études sur les effets génétiques des CEM de diverses fréquences montrent des altérations biologiques.
Malgré toutes les critiques qu’il a suscitées, le rapport BioInitiative reste une référence incontournable et ne saurait être rejeté d’un revers de main, au prétexte qu’il « gêne », même si tout scientifique se doit d’être toujours prudent et de « croiser » autant que possible les sources. C’est ce rapport qui a contribué à valider le seuil des 0,6 V/m comme ce qui devrait marquer la limite légale de CEM à ne pas de passer. Soyons clairs : cette valeur de 0,6 V/m n’est nullement un « totem », et aucune loi biologique n’impose un seuil extrêmement précis, mais de nombreuses recherches ont corrobore la validité de cet ordre de grandeur, que nous préconisons pour les lieux habite s et autres lieux sensibles. Sur le plan des télécommunications, ce serait, selon certains, trop faible, peu efficace, cette valeur de 0,6 V/m ? Alors, rappelons un fait scientifiquement établi : nous affirmons, et nous l’avons vérifié , qu’un téléphone portable peut fonctionner en présence d’un CEM inférieur au centième de volt par mètre (0,01V/m). Certes, si cette valeur permet de téléphoner, elle ne permet sans doute pas de regarder un film en streaming dans son hamac au jardin, mais nous n’hésitons pas à affirmer que cela n’est aucunement une raison : la sagesse numérique impose de reconsidérer nos pratiques ! Téléphoner en mobilité , oui ! Enregistrer un film, le regarder tranquillement ensuite sur son écran TV, et quand la mobilité n’est pas requise, se servir de la fibre optique, efficace et sans danger, voilà qui est « vertueux » et respecte la santé et l’environnement.
… et même The Lancet !
Dans un article intitule « Planetary electromagnetic pollution : it is time to assess its impact« , publie dans The Lancet (de cembre 2018), des scientifiques du groupe de recherche australien ORSAA déclarent que sur 2266 études sur les CEM, pas moins de 68 % ont trouvé « des effets biologiques ou des effets sur la sante significatifs ». Des effets biologiques significatifs ne signifient pas nécessairement que la santé humaine sera mise à mal, mais ils constituent un indicateur important pour l’estimation des risques, puis pour l’évaluation des risques par les régulateurs.
Les travaux du Pr Martin Blank (1933-2018)
Martin Blank e tait professeur au département de physiologie et biophysique cellulaire, chercheur en biophysique à l’Université Columbia à New York, et président de la Bioelectromagnetics Society. Ses travaux ont marqué une étape décisive dans la recherche des effets non thermiques des champs électromagnétiques. Il s’est ainsi intéressé aux effets biologiques des CEM, et a notamment montré qu’ils peuvent perturber les processus cellulaires, via des réactions au niveau de l’ADN. Alors que d’autres travaux se basent sur des corrélations, ce qui n’est certes pas sans intérêt, lui a cherché les mécanismes profonds qui conduisent a des effets biologiques. Il avait largement publié ses résultats bien avant 1999, et l’on peut citer :
Blank, M. & Goodman, R. (1984). Electromagnetic fields and cell membranes. Journal of Cellular Biochemistry, 24(S8), 253–258. (A retenir : impact des CEM sur les membranes cellulaires)
Goodman, R. & Blank, M. (1989). Magnetic field stress induces expression of hsp70. Cell Stress & Chaperones. Cette publication est importante, car elle montre que les CEM peuvent induire l’expression de protéines de stress, un marqueur biologique de réponse cellulaire, alors que certains « experts » français continuent actuellement, contre l’évidence, à occulter la question du rôle en carcinogénèse du stress cellulaire…
Blank, M. & Goodman, R. (1992). Electromagnetic fields may act directly on DNA. Journal of Cellular Biochemistry, 51(4), 410–416. Cet article montre que l’ADN pourrait être une cible directe des CEM…
L’avis du CIRC
Rappelons qu’en 2011, le CIRC (organisme pourtant de pendant de l’OMS, laquelle n’a pas récusé les normes ICNIRP !) a classé les ondes RF dans la catégorie 2B, soit « possiblement cancérogènes ».
Reprenez-vous !
Alors, vous pensez toujours que c’est le moment d’augmenter encore le niveau d’exposition ? Car c’est bien à cela que votre proposition va conduire : faire croire aux gens, EHS ou non, que l’on peut augmenter « ad libitum » le niveau des champs RF, puisque (je vous cite) « La valeur de 9 V/m correspond depuis trois ans en milieu urbain au dernier pourcent des valeurs mesurées. Ce seuil permettrait de trouver un nouvel équilibre entre sobriété et satisfaction des besoins des utilisateurs des réseaux mobiles ». Veuillez m’expliquer par quel mécanisme cette augmentation « légale » s’arrêterait un jour. L’accroissement continu du dernier pourcent des valeurs mesurées justifie, selon vous, cette augmentation continuelle… La politesse seule m’impose de ne pas qualifier ce genre de « raisonnement ».
Et, de grâce, ne parlez pas de « sobriété » ! C’est le moment de le dire et le répéter : nous sommes littéralement envahis par les antennes-relais, car chaque opérateur ne se soucie que de sa propre « zone blanche » et de la concurrence…Les antennes sont de plus en plus proches des lieux de vie, des écoles, des lieux de soin, … Parfois une vingtaine de mètres, ou encore sur le toit de l’immeuble…Oui, chaque jour, nous constatons que de nouvelles antennes apparaissent : encore 787 stations autorisées en juillet 2025 (selon le site de l’Arcep). Leur puissance augmente, des PIRE supérieures à 85 kW étant monnaie courante (pour la 5G).
Oui, le niveau d’exposition, vous le dites vous-mêmes, augmente en permanence et face à cela, que proposez-vous ? La fuite en avant ! Courage, fuyons…
Que l’ICNIRP persiste à négliger les travaux que nous venons de citer, et bien d’autres d’ailleurs, qui sont tous des travaux inde pendants, d’une envergure scientifique de très haut niveau, cela interpelle, mais cela reste dans la logique de cet organisme si peu inde pendant…Que la France ait suivi, c’est intolérable !
Revenez a la raison, renoncez a cette aberration et cherchez plutôt à éliminer les points atypiques actuels : il en reste. Et n’oubliez pas : une Agence Nationale est au service des citoyens, pas des lobbies.
En conclusion, sachez que si vous maintenez ce projet de remonter le niveau d’alerte de 6 V/lm a 9 V/m en zone urbaine, l’histoire vous jugera. Sévèrement.
Guy Cautenet, Professeur d’Université (Physicien) en retraite