Lève les yeux … Mais pas que !
Suite au rapport de la commission des experts
Les associations du Collectif Attention se félicitent des propositions du rapport de la Commission d’experts sur l’impact des écrans, qui prennent acte de la gravité de la situation, et privilégient la santé des enfants face aux intérêts économiques de l’industrie numérique, dont ils dénoncent avec pertinence les stratégies de captation de l’attention.
Plusieurs de nos propositions ont été reprises, ce qui est une très bonne nouvelle pour la jeunesse, et pour la société dans son ensemble : nous proposons depuis 2020 l’interdiction des écrans en crèche et maternelle, un droit à la déconnexion des familles, et une limite d’âge pour l’accès au smartphone fixée à 15 ans, autant de mesures proposées par la commission – en des termes légèrement différents. L’impact environnemental du numérique, que nous dénonçons aussi depuis le départ, est mentionné clairement dans le rapport.
Notons que pour aller jusqu’au bout de la logique de protection des enfants, il faudrait aussi prévoir de mettre fin aux manuels numériques, et de revenir aux livres et cahiers, y compris au collège, à l’instar de la Suède et du Danemark.
Il revient désormais au gouvernement de mettre en œuvre ces propositions, fondées sur l’expertise scientifique et les retours de terrain, en résistant aux pressions qui ne manqueront pas de s’exercer de la part des lobbies du numérique. Les expériences de la Convention citoyenne pour le climat, et de bien d’autres commissions dont les propositions ont été enterrées quand elles ne plaisaient pas aux industriels, nous incitent bien sûr à la plus grande vigilance, et nous appelons le gouvernement à faire preuve de courage.
Ce rapport marque une rupture avec l’ère du déni qui a prévalu jusqu’à aujourd’hui quant aux ravages causés par les écrans sur notre jeunesse, aussi nous remercions les membres de la commission pour leur écoute lors des auditions, le sérieux de leur travail, et la pertinence de leurs propositions.
Pour le Collectif attention :
- Agir pour l’environnement
- Alerte écrans
- Collectif Surexposition Ecrans (CoSE)
- Enfance – Télé : Danger ?
- Halte à l’obsolescence programmée
- Lève les yeux
- Priartem
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Un collectif souhaite assigner TikTok devant la justice
Les associations Lève les yeux, Alerte écrans et CoSE (Collectif Surexposition écrans) qui dénoncent la surexposition des enfants aux écrans, annoncent leur soutien à la création du collectif Algos Victima, une initiative portée par Me Laure Boutron-Marmion, avocate qui représente notamment les parents de Marie, une adolescente qui s’est suicidée en 2021.
Lève les yeux, Alerte écrans et CoSE interviennent régulièrement auprès de jeunes et de parents sur le thème de la surexposition aux écrans et constatent une aggravation sensible des conséquences sanitaires et psychologiques de cette dépendance, notamment chez les enfants et les adolescents. Pour ces jeunes, qui passent désormais près de 10 heures par jour sur écran, l’application TikTok est de loin la plus utilisée et joue un rôle central dans cette dérive, avec son algorithme particulièrement addictif et ses contenus inappropriés visionnés par des enfants de plus en plus jeunes et isolés. Les jeunes sont littéralement « poussés vers les ténèbres » (d’après l’expression du rapport d’Amnesty International publié en 2023) par TikTok, qui les enferme dans un espace numérique toxique et addictif, augmentant leur mal-être et poussant les plus fragiles à des actes extrêmes.
C’est pour ces raisons que les associations ont décidé de soutenir et de faire connaître la démarche d’Algos Victima, premier collectif visant à réunir le plus grand nombre de familles pour assigner TikTok devant la justice civile française.
Le collectif Algos Victima « s’engage à lutter pour la reconnaissance de la responsabilité juridique des plateformes du numérique dans les cas de préjudices infligés aux utilisateurs mineurs » dans la continuité de plusieurs autres actions récentes, dont la première plainte française contre TikTok par la famille de Marie, l’audition des P.-D.G. de plusieurs grandes plateformes devant le Sénat américain ou encore l’enquête ouverte par l’Union européenne en février dernier pour non-respect du Digital Service Act.
Par-delà la reconnaissance de la responsabilité juridique des plateformes, le collectif ambitionne également de sensibiliser le grand public et les responsables politiques à la dangerosité et au caractère addictif des produits proposés par les géants du numérique, afin qu’une véritable régulation soit mise en œuvre.
biocontact
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Soutien de Lève les yeux au manifeste OFF
La technologie peut être un outil merveilleux pour l’humanité à qui elle a permis de surmonter de nombreux obstacles et souffrances au fil des siècles. Cependant, nous considérons que le paradigme qui prédomine actuellement dans le développement technologique n’est pas pleinement aligné avec les intérêts de l’humanité et qu’une prise de conscience profonde de la population est urgente pour conduire à des mesures politiques fermes afin de reprendre le contrôle. Nous souhaitons continuer à tirer parti des avantages que la technologie peut offrir sans devoir souffrir de certaines de ses implications les plus préjudiciables, de par sa conception ou dû à un manque de régulation.
Une partie substantielle de la technologie numérique et de l’IA promue actuellement fomentent un environnement dans lequel l’humain est vulnérable et sa liberté ainsi que son intégrité sont susceptibles d’être menacées. Ce dernier court le risque de voir sa volonté conditionnée, de ne pas pouvoir prendre des décisions de façon autonome, sans souffrir des interférences externes, de vivre dans un état de surveillance dans lequel un contrôle intense soit exercé sur lui ou de souffrir une difficulté croissante pour discerner la vérité. Si nous laissons ce modèle se consolider et finir de s’imposer, le monde façonné par une partie de la technologie actuelle peut se transformer, de manière irréversible, dans un environnement dans lequel l’humanité n’ait pas sa place du fait que les logiques en œuvre ne reconnaissent pas son caractère unique et ses propres intérêts. Il pourrait même mener à une extinction de notre espèce.
Face à ce risque existentiel pour l’humanité, nous exposons dans ce MANIFESTE une série de mesures urgentes afin de reprendre le contrôle sur la technologie numérique et garantir que celle-ci se maintienne au service des êtres humains, en contenant au maximum les scénarios les plus adverses qui se profilent.
Manifeste
Reprenons le contrôle sur la technologie numérique
Nous nous trouvons à un moment charnière historique, au cours duquel le pouvoir de la technologie sur les humains croît exponentiellement et représente un défi sans précédent pour notre espèce.
Le déploiement technologique accéléré auquel nous assistons a lieu pratiquement sans contrôle démocratique. Comme les bénéfices à court terme de nombreuses innovations sont souvent plus facilement perceptibles que les risques qu’elles présentent, l’adoption précipitée d’applications technologiques – que ce soit par des particuliers, professionnels, entreprises, administrations, institutions éducatives, etc.– constitue une tentation à laquelle il est difficile de résister en l’absence de barrières et de protocoles clairs qui évaluent leurs implications et s’assurent qu’elles respectent les droits fondamentaux et ne portent pas préjudice à l’intérêt général.
Dans un tel contexte, nous rejetons la vision selon laquelle nous nous trouverions face à un déterminisme technologique inexorable, duquel nous ne pourrions être que de simples spectateurs. Au contraire, nous sommes convaincus que nous devons agir pour convenir d’un modèle et d’un cadre applicables, afin de réduire son emprise sur l’humanité et que le développement technologique soit au service de l’humain et non le contraire.
https://www.offm.org/fr/manifesto
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Soutien de Lève les yeux au Pacte smartphone
Pactes locaux de parents pour un recul de l’âge du premier smartphone au lycée
Lève les yeux soutient l’initiative locale du Pacte de Parents d’Ille-et-Vilaine publié en mars 2024 visant à faire reculer l’âge du premier smartphone au lycée. Ce mouvement entre en écho avec les propositions soutenues par l’association au sein de Collectif Attention, notamment celle portant sur l’interdiction du smartphone avant 15 ans, dont les termes ont été repris par les membres de la « Commission écrans » dans le rapport remis au gouvernement en avril dernier.
Des parents, enseignants et professions médicales d’Ille-et-Vilaine se sont rassemblés pour écrire ce pacte de Parents à l’échelle locale. Ce pacte est une démarche citoyenne qui vise à faire reculer l’âge du premier smartphone. Ces citoyens se sont inspirés de mouvements qui existent dans d’autres villes du monde comme à Barcelone.
Ces parents ont simplement fait le constat que les enfants de moins de 16 ans n’ont, pour la plupart, ni besoin d’un smartphone, ni les compétences pour l’utiliser correctement.
Pourquoi à l’échelle locale ? Parce que si signer un pacte au niveau national peut avoir un impact sur des législateurs, un pacte au niveau local a un impact sur l’environnement directe de son enfant : les parents et grands-parents de ses copains, les écoles primaires, les collèges, les associations sportives… Par ailleurs, il est plus facile de le faire diffuser à une échelle locale : conférence, presse locale, salle d’attente des professionnels de santé, etc.
Cette démarche ne se veut pas culpabilisante mais plutôt une aide pour ceux qui souhaitent dire non mais qui n’y parviennent pas pour de multiples raisons, dont la pression sociale. Le principe est simple : si les copains de mon enfant n’ont pas de smartphone, ce sera plus simple de lui dire non.
Ces parents proposent à ceux qui le souhaitent de répliquer cette initiative dans leur territoire en reprenant des outils disponibles, ou de trouver un pacte près de chez eux. Toutes les informations ici.
Ils sont aussi joignables à cet email : pactesmartphone35@gmail.com