Les tout-petits face aux écrans

Un livre indispensable d’Anne-Lise DUCANDA

A mettre entre mes mains des médecins – notamment de PMI -, des parents et …

Sept extraits

Cela fait exactement dix-neuf jours que j’ai totalement arrêté les écrans pour mon fils de 20 mois. Théo a cessé le flapping (battement des mains), il sourit beaucoup plus, il dort (avant, il se réveillait souvent la nuit), il joue avec ses jeux et a délaissé les portes et les placards. Il recommence à babiller doucement alors que, juste avant l’arrêt des écrans c’était le silence radio.

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Si vivre avec son temps veut dire que des enfants de 8 ans ont un accès continu à des contenus pornographiques ou extrêmement sexualisés (je vous invite à voir la vidéo du roi des rats à propos de Tik Tok) ; si vivre avec son temps veut dire qu’on est OK avec le fait que les enfants passent des journée entières à jouer à des jeux vidéo et à scroller sur les réseaux sociaux en laissant de côté tout ce qui fait l’enfance et qui contribue au développement de leur cerveau et de leur corps ; si vivre avec son temps, c’est accepter passivement la domination des GAFAM sur nos vies, alors je préfère ne pas vivre avec mon temps.

Et le pire est que je ne crois pas que ce soit vrai. Je pense que vivre avec son temps, c’est dire non aux smartphones avant l’âge de 15 ans.

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Anatole, 4 ans, entre dans mon cabinet avec le smartphone de sa maman entre les mains ; sur une application, il dessine un joli bateau. Je lui demande s’il serait d’accord pour faire un bateau sur une feuille avec des crayons de couleur. Il est d’accord. Pendant de longues minutes, le voilà qui s’efforce de dessiner un bateau. Les traits ne sont pas droits ; il dépasse quand il colorie ; il appuie tellement fort qu’il fait un trou dans la feuille. Au bout de quinze minutes, il abandonne ; le smartphone de sa maman, lui, ne le déçoit jamais. Pourquoi Anatole persévèrerait-il alors qu’en quelques secondes de doigt sur l’écran il obtient un magnifique trois-mâts ? En faisant à la place de l’enfant, les écrans l’empêchent d’apprendre ce qu’est l’effort, la constance et la persévérance.

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Je confirme ce que vous dites. Enseignante en petite et moyenne section, 29 élèves cette année, de milieux sociaux plutôt moyens et favorisés ; il n’y a jamais eu autant de bruit, de coups, de morsures, de cris, de pleurs, de jouets cassés et livres déchirés dans la classe !

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Une enseignante de maternelle me signale q’un petit garçon a voulu décapiter une autre enfant avec un couteau à la cantine. Heureusement, l’adulte l’a stoppé dans son geste. C’était en 2005, au moment où l’on parlait à la télévision des scènes de décapitation de prisonniers occidentaux par Al-Quïda. Un autre jours, on me signale un enfant qui a pris la tête d’un autre enfant pour la mettre dans les w.-c. et a tiré la chasse d’eau.

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Extrait du rapport de l’Académie américaine de pédiatrie (AAP) sur les jouets

« Les jouets ont évolué au fil des ans et les publicités peuvent donner aux parents l’impression que les jouets dotés d’une plate-forme « virtuelle » ou numérique sont plus éducatifs », a déclaré l’auteur principal du rapport, le Dr Aleeya Healey, dans un communiqué.

« La recherche nous dit que les meilleurs jouets ne doivent pas nécessairement être clinquants, coûteux ou venir avec une application. Simple, c’est vraiment mieux ».

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Témoignage d’une maman sur le groupe facebook « parents unis contre le smartphone avant 15 ans » qui répond à son fils Alexis, âgé de 13 ans, qui lui réclame un smartphone :

« Maman, j’ai bien travaillé ce trimestre, alors tu es d’accord pour m’acheter un téléphone ?

  • Euh … Non justement …
  • Pourquoi alors ?
  • Parce que tu n’as pas de smartphine, tu lis, tu es curieux, tu rédiges bien, tu as du vocabulaire, tu aimes faire des puzzles, de la cuisine, tu joues au foot, aux échecs ; tu regardes des films ou des reportages qu’on choisit ensemble. Je te prête mon portable pour jouer à Blawlstar our pour parler sur snapchat avec tes copains. Ton oncle te prête aussi sa console quand tu le vois. Tu sais utiliser l’ordinateur quand c’est utile … Bref, pour toutes ces raisons, je pense que tu n’as pas besoin d’un portable avant 15 ans ».