Rejeter StopCovid

Halte au délitement de nos libertés : l’appli Stopcovid, c’est Non !

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Contactons les députés

Le 27 mai 2020, l’Assemblée nationale dès 15h, puis le Sénat dès 21h30, voteront leur avis sur le projet d’application StopCovid du gouvernement. Cette application risque d’être inefficace d’un point de vue sanitaire (voire contre-productive) tout en créant de graves risques pour nos libertés : discriminations de certaines personnes et légitimation de la surveillance de nos corps dans l’espace public (reconnaissance faciale, drone et toute la Technopolice).

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Nos arguments

L’application StopCovid serait inutile, dangereuse pour nos libertés et pourrait même aggraver la situation sanitaire. L’administration et le Parlement doivent cesser d’investir toute ressource humaine ou économique dans ce projet vain et dangereux. L’urgence est partout ailleurs.

Une efficacité hasardeuse

Utilisation trop faible

  • de premières approximations évaluent que plus de 60%, voire plutôt 80% ou 100% de la population devrait utiliser l’application pour que celle-ci soit efficace, à condition encore qu’elle produise des données fiables ;
  • seulement 77% de la population française a un smartphone et cette proportion baisse à 44% pour les personnes de plus de 70 ans, alors qu’elles sont parmi les plus vulnérables ;
  • beaucoup de personnes ne savent pas forcément activer le Bluetooth et certaines refusent de le maintenir activé en permanence pour des raisons pratiques (batterie) ou pour se protéger d’usages malveillants ;
  • 16% de la population de Singapour a utilisé l’application équivalente – ce qui n’a pas empêché de devoir finalement recourir au confinement.

Résultats trop vagues

  • il faut redouter que la population n’ait pas accès à des tests de façon assez régulière pour se signaler de façon suffisamment fiable (et se reposer uniquement sur l’auto-diagnostic risquerait de faire exploser le nombre de faux-positifs) ;
  • il ne semble n’y avoir aucun consensus quant à la durée et la distance de proximité justifiant d’alerter une personne entrée en « contact » avec une autre personne contaminée ;
  • à certains endroits très densément peuplés (certains quartiers, grandes surfaces, grandes entreprises) on assisterait à une explosion des faux positifs, ce qui rendrait l’application inutile ;
  • le champ de détection du Bluetooth semble beaucoup trop varier d’un appareil à un autre et sa précision n’est pas forcément suffisante pour offrir des résultats fiables.

Contre-efficacité sanitaire

  • en créant un faux sentiment de sécurité sanitaire, l’application pourrait inciter à réduire les gestes barrières, tout en échouant à lancer des alertes suffisamment fiables ;
  • son développement requiert une énergie et un coût qui ne sont pas investis dans des solutions plus efficaces, comme la production de masques, le dépistage de la population ou la promotion des gestes barrières… ;
  • le déploiement de systèmes de surveillance augmenterait le sentiment de défiance déjà important d’une partie de la population à l’égard de l’État. Ne sachant pas s’ils peuvent faire confiance au système mis en place, les potentiels malades pourraient se trouver incités à cacher leurs symptômes aux services de santé par peur de conséquences négatives.

Des libertés inutilement sacrifiées

Discriminations

  • que ce soit en la rendant obligatoire, ou par une pression sociale trop importante, les personnes n’utilisant pas l’application risqueraient de ne plus pouvoir travailler ou accéder à certains lieux publics librement (voir déjà un exemple en Italie), rendant leur consentement non-libre et donc nul ;
  • une hypothèse de discrimination particulièrement grave serait de faciliter l’accès aux tests sérologiques pour les personnes utilisant l’application.

Surveillance

  • dans le cas où l’application serait adoptée par une partie de la population, il faut redouter que le gouvernement puisse l’imposer plus facilement au reste de la population, contre sa volonté ; nous constatons que toutes mesures sécuritaires et liberticides prises dans les temps « d’urgence » n’ont jamais été remises en cause – c’est l’effet cliquet qui participe à la défiance justifiée contre ces solutions de contrôle ;
  • l’objectif de l’application (alerter des personnes ciblées) est par essence incompatible avec la notion juridique d’anonymat – il s’agit au mieux d’un pseudonymat, qui ne protège pas contre tout type de surveillance individuelle ;
  • la publication du code de l’application sous une licence libre, ainsi que l’utilisation de méthodes de compilation reproductibles, seraient des exigences indispensables contre ces abus, mais elles-mêmes insuffisantes.

Acclimatation sécuritaire

  • personne n’est capable de dire à l’avance pendant combien de temps l’application serait déployée ;
  • une fois l’application déployée, il sera plus facile pour le gouvernement de lui ajouter des fonctions coercitives (contrôle individuel du confinement) ;
  • l’application incite à soumettre son corps à une surveillance constante, ce qui renforcera l’acceptabilité sociale d’autres technologies, comme la reconnaissance faciale ou la vidéo surveillance automatisée, qui sont actuellement largement rejetées ;
  • solutionnisme technologique : l’application renforce la croyance aveugle dans la technologie et la surveillance comme principales réponses aux crises sanitaires, écologiques ou économiques, alors qu’elles détournent au contraire l’attention des solutions : recherche scientifique, financement du service public…

L’utilisation d’une application dont les objectifs, les techniques et les conditions mêmes d’usage portent des risques conséquents pour notre société et nos libertés, pour des résultats probablement médiocres (voire contre-productifs), ne saurait être considérée comme acceptable pour nous – tout comme pour beaucoup de Français·es. Le temps médiatique, politique et les budgets alloués à cette fin seraient mieux utilisés à informer et protéger la population (et les soignant·es) par des méthodes à l’efficacité prouvée, telles que la mise à disposition de masques, de matériel médical et de tests.

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Quelques textes à lire pour bien comprendre le sujet

http://mjulier.free.fr/pistage.html

Des risques évidents de dérive

En avril 2020, on a vu le gouvernement français passer en quelques jours par les phases suivantes:

  • nous n’utiliserons pas d’application de pistage car c’est contraire aux traditions françaises en matière de libertés publiques
  • des pays comme Singapour ont maîtrisé l’épidémie grâce à ce type d’applications, il faudrait quand même se poser la question
  • nous allons envisager cette possibilité
  • nous proposerons une application de pistage
  • (et grâce à «l’état d’urgence sanitaire», le gouvernement peut instaurer des lois par simple décret, ce qui évite les discussions)

On peut donc craindre les dérives suivantes, parfaitement possibles en l’espace de quelques mois:

  • il sera fortement conseillé d’activer cette application (conseil, incitation,…)
  • cette application deviendra obligatoire pour les utilisateurs des transports publics, pour les fonctionnaires et les salariés des entreprises, pour sortir de chez soi après la fin du confinement, pour entrer dans certains commerces…
  • cette application deviendra obligatoire pour tout le monde
  • cette application sera également utilisée pour lutter contre: le terrorisme, la fraude fiscale, l’écologie radicale, les gilets jaunes, etc…
  • comme en Chine, l’application calculera des scores de «bon citoyen» conditionnant certains droits, le score diminuera en cas de loyer non payé, d’excès de vitesse, ou de consultation d’un site internet d’opposition
  • l’application nécessitera également: l’accès à la caméra et au micro, l’accès au répertoire, etc… (l’accès à l’historique des appels peut être obtenu directement via les opérateurs téléphoniques, si un décret-loi est pris en ce sens)
  • pour vérifier que vous avez bien le téléphone sur vous, l’application sonnera toutes les 15 mn et exigera que vous fassiez un selfie, comme certains pays l’ont imposé dans la lutte contre le Covid-19
  • après la fin de l’épidémie, l’application sera maintenue car, on ne sait jamais, l’épidémie pourrait resurgir, et d’autres épidémies pourraient apparaître (le nombre de maladies menaçant l’humanité est malheureusement élevé), «la vie ne sera plus jamais comme avant»
  • le caractère obligatoire de l’application sera finalement pérennisé par une loi
  • Le site risques-tracage.fr, créé par des chercheurs spécialistes en cryptographie, sécurité informatique et droit des technologies, explique lui aussi tout le mal que l’on peut penser de cette application «Stop-Covid». La page elle-même est courte mais on peut télécharger des explications plus détaillées, expliquant les fausses promesses des applications de pistage «respectueuses de la vie privée», indépendamment des risques évidents de dérive politique et policière, d’une façon claire et non technique.
  • Les partis d’opposition ont été très critiques sur le projet d’application de pistage, et plus encore sur les modalités de sa mise en place (voir plus haut, «État des lieux»).
  • Apple s’oppose à l’utilisation du Bluetooth par les applications en arrière-plan (d’où les difficultés rencontrées par le gouvernement de Singapour), et le gouvernement français fait pression sur Apple pour lever cette restriction (Dépêche Reuters, dans Times of India Technology, 23 avril 2020, en anglais). Apple résiste (contrairement à Google) mais propose une «API» (une fonction permettant aux applis d’utiliser une fonction du téléphone) pour permettre le pistage, en collaboration avec Google (article de Tech Crunch, 24 avril 2020, en anglais). Le gouvernement français s’y oppose, officiellement pour éviter qu’Apple et Google collectent trop d’informations personnelles, mais sans doute également pour que ce soit le gouvernement lui-même qui dispose de ces informations.
  • Dans la presse, beaucoup de personnes ont fait connaître leurs arguments, par exemple:

Si cela devait vraiment tourner mal (scénario catastrophe): comme personne n’est obligé d’être héroïque au point de risquer sa liberté, il peut arriver que vous soyez finalement obligé d’installer l’application. Mais faites-le le plus tard possible, après des relances! Il vous restera alors la possibilité de chercher toutes les possibilités pour la rendre inopérante, mais à ce petit jeu vous n’êtes pas sûr de gagner. Quelques pistes:

  • enregistrer le moins d’informations possibles dans le smartphone
  • cacher les caméras (en particulier la caméra frontale) et boucher l’orifice du micro lorsque le téléphone n’est pas utilisé
  • sortir sans smartphone à chaque fois que c’est possible et tant que c’est autorisé
  • remplacer l’agenda intégré du smartphone par une application indépendante utilisant un stockage chiffré
  • préférer des applications chiffrées de communication par internet
  • lancer des applications consommant tellement de mémoire que l’application de pistage sera arrêtée par le système d’exploitation
  • pour ceux qui sauraient le faire, déconnecter «accidentellement» l’antenne Bluetooth ou le module Bluetooth
  • se lancer dans le développement d’une application utilisant la localisation: ceci justifiera l’installation d’une application renvoyant une position erronée aux applications du portable.
  • utiliser deux smartphones (l’un pour l’appli de pistage, l’autre pour l’utilisation réelle)
  • inciter les autres personnes à prendre le même genre de mesures