«Personne ne veut de cette verrue !»

Un bourg girondin résiste contre une antenne de Free

La cinquantaine d’habitants du bourg de Drouillard, à Coutras, s’est rassemblée dans un collectif pour lutter contre l’implantation de cette antenne.

Informé du projet d’implantation d’une antenne-relais de Free Mobile fin février, le hameau de Drouillard, à Coutras, s’insurge pour préserver son cadre de vie.

Dans le poumon de verdure de Coutras, au lieu-dit Drouillard, les habitants sont ulcérés. Le 28 février, un courrier municipal les a avertis des intentions de Free : l’opérateur de téléphonie prévoit d’implanter un pylône de près de 39 mètres de haut à proximité. «On est une petite bourgade tranquille dans la campagne avec des chevreuils qui se baladent. Personne ne veut de cette verrue ! C’est une énormité ! Une monstruosité !», s’insurge Michel Marque, 68 ans. Dans le hameau girondin, où l’on connaît ses voisins, un mot est sur toutes les lèvres : résistance. Réunie en collectif, la cinquantaine de riverains concernée fait circuler une pétition qui présente plus de 200 signatures.

Ici, le projet de Free Mobile est considéré aussi «ridicule» et «incompréhensible» qu’«absurde» et «dangereux» pour l’environnement : il prévoit de s’installer sur une parcelle boisée. Or, selon ces Coutrasiens, l’endroit est loin d’être une zone blanche comme le suggère l’opérateur dans la synthèse de son projet destiné à contribuer à la couverture de la commune en 3G et 4G. «Mon ami Damien a son téléphone chez Free Mobile, il dit qu’il capte très bien», tonne Michel Marque. Lui, a souscrit à l’offre ADSL de l’opérateur et il prévient : «S’ils le font, je les abandonne !»

Quand on cherche la campagne, on se sent prisonnier avec une antenne près de chez soi.

Jérôme Cosnard, maire de Coutras

Bientôt une sixième antenne-relais ?

«On a déjà cinq antennes dans un rayon de cinq kilomètres», s’agace Laura Ramos, qui a impulsé ce soulèvement local aux côtés de Damien Platel et Michel Marque. Revenue s’installer sur les terres qui ont vu naître son grand-père après le 1er confinement en 2020, l’adjointe au maire chargée de l’environnement n’en démord pas : «Je défends mon patrimoine naturel pour que mes enfants puissent connaître le cadre de vie dans lequel j’ai grandi.»

Pour préserver sa forêt, repère coutrasien des balades dominicales, le collectif d’opposition à l’implantation d’antennes-relais à Drouillard s’aventure sur le terrain légal. Dans une lettre adressée à l’opérateur, il invoque décrets ministériels et lois pour exiger la mutualisation des pylônes d’Orange avec Free Mobile ou, à défaut, «une nouvelle infrastructure érigée à proximité immédiate (des antennes existantes, NDLR) si des raisons impérieuses rendaient ce partage impossible». Contacté à plusieurs reprises, Free Mobile n’a pas été en mesure de répondre à nos questions pour l’instant.

Ces exigences, le maire de Coutras, Jérôme Cosnard les soutient. Il avoue toutefois disposer de peu de leviers pour appuyer la «levée de boucliers» de la Drouillard. Impossible par exemple d’user du principe de précaution pour dérouter le projet malgré les craintes bien réelles des riverains qui, s’ils n’en font pas leur argument phare, s’inquiètent des ondes émises par ces engins. Et par-dessus tout, un désir profond de préserver «leur petit coin de paradis» à une heure de Bordeaux. L’édile en a conscience : «Je comprends que les gens soient inquiets. Quand on cherche la campagne, on se sent prisonnier avec une antenne près de chez soi.»

https://www.lefigaro.fr/bordeaux/personne-ne-ve

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À Névez, une mobilisation déterminée contre la 5G samedi 18 mars Réservé aux abonnés

À Névez, quelque 150 personnes, samedi 18 mars, ont affiché leur opposition à la future antenne 5G. Les habitants ont fait part de leur refus de l’ultraconnexion, accusant également l’opérateur d’avoir négligé la concertation.

Comme ils l’avaient annoncé, les riverains de Kervic, à Névez, rejoints par des habitants de Névez et des alentours, tous opposés au projet d’installation d’une antenne 5 G sur un terrain privé de la zone artisanale, ont manifesté en musique, samedi 18 mars. Si l’ambiance était conviviale, le sujet reste pris très au sérieux. Deux revendications principales sont affichées par les opposants.

Pas d’un monde ultra-connecté et ultraconsommateur

La première porte sur le projet même d’une antenne, de 38 m de haut qui, ici, ne répondrait pas du tout aux arguments des défenseurs de la 5G. « Pas d’amélioration du système hospitalier ou des services publics à attendre dans ce secteur, où ce projet est d’autant plus aberrant que la fibre arrive. La majorité de la population ne veut pas de cette avancée technologique, à l’heure où nous devons tous aller, au contraire, vers plus de sobriété. On ne veut pas de ce monde ultra-connecté et ultraconsommateur », pouvait-on entendre, samedi, dans les conversations.

« Le mépris de Bouygues »

Également dénoncé à voix haute, « le mépris dont a fait preuve Bouygues Telecom, en négligeant la concertation et en n’honorant pas les rendez-vous avec la population ». « La municipalité a fait son boulot. Mais elle a, hélas, été déboutée par le tribunal administratif. Notre action d’aujourd’hui, et ce n’est pas fini, est d’autant plus justifiée », estime une manifestante. Une autre s’insurge : « Les opérateurs eux-mêmes s’inquiètent de cette directive gouvernementale qui consiste à « antenniser » tout l’Hexagone ! ».

Regroupés devant le terrain privé censé accueillir cette antenne, possiblement dès le 4 avril, beaucoup s’interrogent sur le positionnement du propriétaire. « Nous avons essayé d’entrer en contact avec lui pour savoir s’il maintenait ou non son engagement face à la mobilisation, mais sans succès. Ce projet essaie de barrer la route à un pouvoir citoyen, nous ne capitulerons pas ! », ont répondu des riverains, reprenant à leur compte une petite musique bien d’actualité.

Une procédure judiciaire envisagée

Une pétition en ligne sur le site change.org, intitulée « NON à l’antenne relais 5G à Kervic/Névez ! OUI à un débat et processus décisionnel avec les citoyens ! », a été lancée par le collectif La Fabriq. Elle comptait, ce dimanche matin, 573 signatures. Le collectif névézien prévoit d’organiser une réunion d’information le dimanche 2 avril, et les riverains envisagent d’entamer une procédure judiciaire. « Et nous nous reverrons pour définir les actions que nous souhaiterons mener au cas où Bouygues vienne entamer des travaux de construction », ont assuré les participants.

https://www.letelegramme.fr/finistere/nevez/a-nevez-une