« La voiture électrique est un gâchis de minerais »

Et d’eau !

« La publicité est aux petits soins pour la voiture électrique. Mais savez-vous combien il faut de litres d’eau pour fabriquer les batteries de cette voiture ? De 130 à 270 litres pour un kilo de cuivre, de 100 à 1 700 litres pour un kilo de nickel et 2 000 litres pour un kilo de lithium.

Ces minerais sont extraits dans des pays comme le Maroc et le Chili. Au Maroc, à Imider, une entreprise extrait de l’argent qu’elle fournit à un constructeur allemand et bientôt à un constructeur français. Ne pouvant plus irriguer leurs cultures, les habitants ont occupé le réservoir de l’entreprise. La police les a forcés à évacuer. À 150 kilomètres, à Bou Azzer, la même entreprise extrait cobalt, cuivre et manganèse. Il n’y a plus d’eau pour les habitants ni pour les cultures. C’est à ce prix qu’on roule électrique ici. Au Chili, l’entreprise qui extrait le cuivre a été contrainte, sous la pression des habitants, de construire une usine de dessalinisation d’eau de mer.

En 2018, l’Académie des sciences estimait que le programme français de fabrication de véhicules électriques reposait sur des quantités de lithium et de cobalt qui excèdent, en fait et à technologie inchangée, les productions mondiales, et pour satisfaire ce seul programme. L’Agence Internationale de l’Énergie estime quant à elle que la demande de cobalt pour les véhicules électriques pourrait être multipliée par 14 en 25 ans, celle de cuivre par 10 et celle de cobalt par 3,5. Pour électrifier les véhicules qui circulent sur la planète, il faudrait disposer de 156 fois la production actuelle de lithium, de 51 fois celle de cobalt, de 119 fois celle de graphite et de 2.5 celle de cuivre. De telles augmentations ne sont pas garanties.

Les quantités d’eau nécessaires à la fabrication de batteries recèlent un autre danger. Le pompage excessif des nappes aquifères entraîne l’affaissement des sols. Djakarta s’enfonce de 25 cm par an. Des affaissements ont été détectés en Californie. On prétend même que New York s’enfonce sous le poids de ses gratte-ciel. Lorsqu’une nappe aquifère est entièrement pompée, les roches qui la contenaient s’effritent et se tassent et les sols s’affaissent. Les défenseurs des mégabassines sont prévenus.

La voiture électrique est un gâchis de minerais aussi épuisables que les hydrocarbures et d’énergie, pour transporter une centaine de kilos de passager et de bagages. Mais c’est normal, c’est le Progrès. »

Ouest France