La solitude face aux écrans

« Tu ne voudrais pas aller faire un tour avec tes copains plutôt que d’être seul devant ton ordinateur »…

Tu as certainement déjà entendu tes parents dire ça !
L’idée que l’écran créerait de la solitude et empêcherait de nouer des relations d’amitié est très répandue. Mais toi, te sens-tu vraiment seul face aux écrans ?

Être seul face à son écran

Même si on parle avec quatre copains en même temps sur un chat’, physiquement on est seul. On n’a ni le regard, ni le toucher, ni la voix, tous ces éléments si importants pour bâtir et entretenir une relation et pouvoir se reconnaître chez l’autre.

L’écran impose un face à face, une relation duelle entre toi et lui. Une relation fusionnelle qui t’empêche de lever le nez, ouvrir les oreilles pour te rendre compte que tu es entouré par d’autres.

Être seul devant un écran peut être très agréable et permet aussi de développer de nouvelles compétences et connaissances. Tout comme lire un livre ou faire du sport, passer un moment devant un écran aide à évacuer ses problèmes, à les mettre entre parenthèses. La solitude est essentielle pour se construire, pour développer sa capacité de rêverie et d’imagination. Ne « rien faire » quand on est seul c’est aussi savourer le temps, penser, rêver, imaginer… Il faudrait alors différencier une trop grande solitude qui isole et des moments passés seul qui sont nécessaires.

Seul mais pas tant que ça…

Internet et les réseaux sociaux nous permettent d’être en lien avec des personnes dans le monde entier instantanément. Des amitiés fortes peuvent se construire grâce au virtuel, vous nous en faites part régulièrement lors de vos appels. Cela te permet également de rester en contact avec des copains et copines à la sortie du collège ou du lycée, ou de jouer en réseau avec eux tout en étant chacun chez soi.

Mais pourquoi ce besoin d’être en lien constant avec les autres ? De peur de rater quelque chose ? De se sentir exclu du groupe ?

Être trop en liens virtuels peut voler la place aux liens réels : la famille, les passions ou les amis qui ne sont pas sur les réseaux sociaux (oui oui ça existe !)…

C’est fascinant de se dire qu’on peut être en contact avec le monde entier tout en restant derrière son ordinateur. Mais il faut savoir faire la part des choses et se poser des limites.

Enfermé par son écran

Pour certains, l’ordinateur devient le meilleur ennemi et même un refuge pour éviter la relation à l’autre. Construire quelque chose en dehors de cette bulle virtuelle est presque impossible. Les écrans favorisent cette solitude, cette coupure d’avec le monde extérieur. Quand on ne se sent pas très bien dans sa peau, on peut s’enfermer et fuir ainsi le monde qui nous entoure. On coupe les liens avec ses proches, ses amis, on laisse tomber les activités que l’on aimait bien et on reste comme hypnotisé par ces images virtuelles.

En effet, l’écran peut être « protecteur » : le pseudo, l’identité créée, le physique masqué… Il permet de s’oublier, de mettre à distance nos problèmes ou nos angoisses.

Avec les écrans, notamment les réseaux sociaux ou les jeux en ligne on peut se sentir exister quand on a du mal à trouver sa place dans le groupe. Derrière son écran et son pseudo,  on dépasse ses complexes, sa timidité, on s’invente un personnage derrière lequel on s’efface.

Si tu as la sensation que ton utilisation des écrans t’isole alors n’hésite pas à en parler pour construire un espace réel où t’épanouir. Les professionnels de Fil Santé Jeunes peuvent t’aider à y réfléchir et à trouver des solutions au 0800 235 236 ou sur le chat’.

https://www.filsantejeunes.com/la-solitude-face-

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L’essentiel sur les usages problématiques des écrans

En 2023, la France compte 92,8%* de foyers connectés et 47,4 millions d’internautes mensuels**. Deux Français sur trois se connectent chaque jour sur les réseaux sociaux et les messageries instantanées. Les usages se concentrent majoritairement sur le smartphone, facilitant la connexion en tout lieu et à tout moment.

Ces pratiques numériques évoluent rapidement et entraînent de profonds changements de nos sociétés (modes de socialisation, loisirs, pratiques professionnelles, essor de nouveaux champs économiques, etc.). Si les écrans sont désormais incontournables, ils entraînent, à tout âge, des risques associés à des usages excessifs ou problématiques. Concernant les adultes, le cumul d’usages personnel et professionnel des écrans, accentué par le développement du télétravail, peut provoquer des impacts négatifs sur le bien-être et la santé mentale. Quel que soit l’âge, la pratique des jeux vidéo peut devenir problématique lorsqu’elle est associée à une perte de contrôle et affecte les autres domaines de la vie du joueur. Une majorité des sondés interrogés dans le Baromètre 2024 MILDECA / Harris Interactive sur les usages d’écrans et les problématiques associées déclare ne pas parvenir à diminuer ou arrêter leurs activités alors qu’ils souhaiteraient le faire***.

Le rapport « Enfants et écrans : A la recherche du temps perdu », remis au Président de la République en avril 2024, dégage un consensus sur les conséquences délétères des écrans sur plusieurs aspects de la santé des enfants et des adolescents. Le temps passé devant un écran peut empiéter sur des apprentissages essentiels à leur développement physique, psychique et social. Un usage excessif peut avoir des conséquences sur le développement du cerveau des enfants, leur apprentissage des compétences fondamentales et leur capacité d’attention****. Afin de protéger les enfants et leur bien-être, l’entourage doit être vigilant et s’assurer du bon usage des écrans.

Doter les parents et les usagers de repères et d’outils simples pour mieux maîtriser les pratiques numériques, informer les professionnels sur les ressources fiables pour les accompagner, développer la recherche pour mieux connaître les vulnérabilités, expérimenter des dispositifs innovants de prise en charge des usages problématiques constituent autant de priorités de l’action publique.

* https://www.mediametrie.fr/fr/suivre-levolution-d
** https://www.mediametrie.fr/fr/lannee-internet-2
*** https://www.drogues.gouv.fr/publication-des-re
**** https://www.academie-sciences.fr/pdf/rappor

 Rapport « enfant & écrans : à la recherche du temps perdu » 

Ce rapport, remis par la commission d’experts au Président de la République en avril 2024 fait état d’une hyperconnexion subie des enfants et est favorable au renforcement de la recommandation en vigueur de ne pas exposer les enfants de moins de 3 ans aux écrans, et de déconseiller leur usage jusqu’à l’âge de 6 ans, ou tout au moins qu’il soit fortement limité, occasionnel, avec des contenus à qualité éducative, et accompagné par un adulte. Après 6 ans, le rapport propose de tendre vers une exposition modérée et contrôlée trouvant sa juste place parmi des activités qui se doivent d’être diversifiées et variées pour le développement des enfants et des adolescents.

La Commission estime par ailleurs qu’il n’est pas opportun que les enfants disposent de téléphone portable avant l’âge de 11 ans, soit l’entrée dans le secondaire ; qu’à partir de 11 ans, s’ils disposent d’un téléphone, celui-ci ne puisse pas être utilisé pour se connecter à Internet ; qu’à partir de 13 ans s’ils disposent d’un téléphone connecté, il ne doit pas permettre d’accéder aux réseaux sociaux ni aux contenus illégaux ; qu’à compter de 15 ans, âge symbolique de la majorité numérique, l’accès aux réseaux sociaux soit limité à ceux pourvus d’une conception éthique.

Les recommandations du rapport « enfant et écrans » sont confortés par les résultats du Baromètre 2024 MILDECA / Harris Interactive sur les usages des écrans et des problématiques associées ; il se dégage notamment une forte demande de régulation des écrans au bénéfice des plus jeunes :

9 Français sur 10 sont favorables à l’interdiction des écrans, que ce soit dans les lieux collectifs de la petite enfance (90%) ou dans les écoles maternelles (88%). 

69% des Français seraient disposés à renoncer à l’achat d’un téléphone avant 13 ans, un consensus partagé au-delà du fait d’avoir des enfants concernés ou non.

84% des Français seraient prêts à renoncer à l’achat d’un téléphone portable avec ou sans accès internet à un enfant avant l’âge de 11 ans dont plus d’un sur deux « tout à fait prêt ».

75% des Français souhaitent que les usages soient fortement restreints dans les lycées & 73% sont favorables à l’interdiction des réseaux sociaux aux enfants avant l’âge de 15 ans.

https://www.drogues.gouv.fr/lessentiel-sur-les-us

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L’addiction aux écrans : un danger sous-estimé

À l’ère du numérique, les technologies sont omniprésentes dans nos vies et les écrans en particulier. Conséquence d’une utilisation non maîtrisée, l’addiction aux écrans est devenue un enjeu majeur de santé publique. Les smartphones, ordinateurs, tablettes et télévisions, bien qu’utiles, nous exposent à des risques pour notre bien-être physique et mental lorsque leur usage devient excessif.

Des conséquences alarmantes sur la santé

Les effets néfastes d’une exposition prolongée aux écrans sur la santé physique sont nombreux. Et les troubles du sommeil sont parmi les plus courants. En cause : la lumière bleue émise par les dispositifs électroniques qui perturbe le cycle veille-sommeil en inhibant la production de mélatonine, hormone régulatrice du sommeil, entraînant insomnies et fatigue chronique. Notons également les problèmes oculaires fréquents, avec fatigue visuelle, maux de tête et sécheresse due à la fixation prolongée des écrans.

De plus, le temps passé devant un écran favorise une sédentarité accrue, augmentant le risque d’obésité et de maladies associées comme le diabète, les maladies cardiovasculaires et les cancers. Autre conséquence à laquelle on ne pense pas toujours : les douleurs musculo-squelettiques engendrées par les mauvaises postures liées à l’utilisation des écrans qui affectent le cou, le dos et les épaules.

Qui dit addiction aux écrans dit aussi risque accru de répercussions sur la santé mentale. L’utilisation excessive des réseaux sociaux et des jeux vidéo est souvent associée à une augmentation des symptômes dépressifs et anxieux. Le temps passé en ligne nuit à la capacité de concentration, affecte les performances cognitives et réduit les interactions sociales réelles, conduisant à un sentiment d’isolement et de solitude.

Les enfants : des cibles faciles

Les enfants sont particulièrement touchés par ce phénomène. Une exposition excessive aux écrans peut entraîner des retards de développement, notamment dans l’apprentissage du langage. Le temps passé devant un écran limite les activités créatives essentielles au développement cognitif et favorise des problèmes comportementaux, tels que les troubles de l’attention et l’hyperactivité.

On ne le répétera jamais assez : les écrans le plus loin possible des enfants, contrôlés et contingentés par les parents, et tolérance zéro avant 3 ans !

Prévenir pour mieux agir

Il est crucial de reconnaître les signes d’une addiction aux écrans pour intervenir rapidement. Perte de contrôle sur le temps passé devant les écrans, le désintérêt pour d’autres activités autrefois appréciées, sentiment d’irritabilité ou d’anxiété en l’absence d’écrans sont des signes qui doivent alerter.

Pour prévenir l’addiction aux écrans, il est essentiel d’adopter certaines stratégies :

  • contrôler le temps d’écran est une première étape cruciale, avec des limites claires pour soi-même et pour ses enfants,
  • encourager les activités alternatives comme la pratique d’activités physiques ou artistiques sans écrans est également recommandé,
  • établir des zones sans écran dans la maison pour favoriser les interactions familiales. Le plus important est d’en parler. Il ne faut pas négliger le dialogue et le partage autour des dangers liés à une utilisation excessive des écrans afin d’encourager une conduite équilibrée et responsable.

Alors que les écrans sont devenus indispensables dans notre vie quotidienne, il est impératif de rester vigilant quant à leur utilisation. En adoptant une approche équilibrée et consciente, nous pouvons profiter des avantages technologiques tout en préservant notre santé physique et mentale. La prise de conscience collective est essentielle pour faire face à ce défi moderne et garantir un avenir sain pour les générations futures.

https://www.mgefi.fr/magazine-vivre-mieux/addictio

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Commentaires

Tout est de la faute des parents ? des enfants ?

Trop facile comme argumentaire.
Il faudrait aussi et surtout mettre en cause les GAFAM (Google Apple Facebook Amazon Microsoft)
et leurs homologues chinois, les BATX, – sans oublier TikTok – qui utilisent habilement les techniques du numérique pour appâter les jeunes (et les moins jeunes aussi). Cela s’appelle de l’addiction : c’est reconnu comme la dépendance la plus courante chez les jeunes, avant l’alcool et la drogue. Merci les GAFAM et compagnies !

D’autres responsables que l’on ménage : d’abord l’Éducation Nationale. C’est bien ce ministère qui a poussé à l’achat massif d’ordinateurs, de tablettes et de logiciels, qui fait acheter par les mairies des Tableaux Blancs Interactifs. Ce sont aussi les mairies qui, au lieu d’acheter des livres pour l’école primaire, préfèrent leur fournir des logiciels.

Par ailleurs, le fameux rapport remis au chef de l’État le 30 avril a proposé 29 idées. Cela reste dans les placards. Il est vrai que les élus ont d’autres chats à fouetter : il faut d’abord s’occuper de soi !
On
nous fait croire que l’on fait quelque chose en interdisant, dans quelques établissements, les portables. D’une part, c’est de la poudre aux yeux, d’autre part, cela n’empêche pas de prôner l’utilisation a forte dose des ordinateurs.

Et ce problème est une affaire politique, dont ne se préoccupent pas assez – ou pas du tout- les parlementaires.

Il faut rappeler que les gosses de riches vont dans des écoles qui n’ont pas d’ordinateurs avant 14 ans. Cela leur permet de réfléchir avec leur tête … et non pas à partir des machines.

Quand va-t-on devenir sérieux ?

Par ailleurs le premier article en début de ce texte laisse à penser un peu que la solution sera trouvée par le téléphone ou par le chat’ !

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Une petite histoire pour terminer … et pour s’étonner du double langage !

Cela vient d’Orange – l’opérateur et non la ville !

Addiction : notifications, zones sans téléphone… Comment se déconnecter des écrans

https://actu.orange.fr/societe/high-tech/addictio

Commentaire d’une amie : ils sont bien chez Orange, ils nous mettent en garde contre les méfaits de leurs produits … Cela ferait presque sourire !