La justice fabrique des électrosensibles

Un article de l’hebdo « le point » pas piqué des vers !!

Nota : ce qui est en gras dans l’article (en dehors des questions) est ce que nous contestons.

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La décision, relatée par Le Point, a donné des sueurs froides au spécialiste des champs électromagnétiques et de leurs effets sur la santé. Le 5 janvier 2023, se basant sur un certificat médical délivré par le médecin généraliste du plaignant [en fait il y en a eu trois + 1 IRM + 1 examen dentaire], le tribunal de Saint-Étienne a donné raison à un client accusant son compteur Linky de provoquer ses maux de tête [les accouphènes ne sont pas de simples « maux de tête » : Sensation auditive anormale (bourdonnement, tintement, grésillement) ceux entendus en permanence par Joseph sont d’une intensité de 6000 Hz], et enjoint à la société Enedis de retirer l’appareil. L’électricien a décidé de faire appel.

Pour être rares, ces jugements n’en viennent pas moins troubler ponctuellement l’actualité, en dépit d’un avis très fouillé rendu en 2018 par l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), établissant que rien ne permet aujourd’hui de conclure à l’existence d’un lien entre les ondes électromagnétiques et les souffrances, réelles, de personnes se déclarant électrosensibles. « Et pour cause : il ne peut pas y en avoir, ce sont les lois de la physique » [d’après « Complément d’enquête-L’onde d’un doute » : 68% de 2248 enquêtes montrent des effects biologiques des ondes], s’étrangle Sébastien Point, président de la section Rayonnements non-ionisants de la Société française de radioprotection, également diplômé en Psychologie clinique et psychopathologie. Auteur de La Religion anti-ondes, il dénonce le rôle des médias et des associations dans l’apparition, et l’expansion, d’un phénomène que la physique et la biologie, depuis vingt ans, ne parviennent pas à expliquer : se pensant en présence d’ondes, une faible proportion de personnes développent des symptômes non-spécifiques (fatigue, migraines, nausées…), de nature à leur gâcher littéralement l’existence.

Le Point : Que vous inspire la décision du tribunal de Saint-Étienne, qui a récemment ordonné à Enedis de retirer son compteur Linky pour préserver la santé d’un électrosensible ?

Sébastien Point : C’est aberrant. La décision des juges est à contre-courant de la somme des connaissances scientifiques qui ont été acquises jusqu’à présent sur le sujet. C’est effarant parce qu’en même temps qu’elle rejette ces connaissances, la justice légitime un discours pseudoscientifique ou charlatanesque, de nature à conforter profondément les gens dans leur croyance, et dans leur mal-être ! Les juges ne sont pas physiciens, et cette tentation grandissante des tribunaux de décider de ce qu’est la science me paraît très inquiétante. Cela traduit aussi une profonde absence d’esprit critique des magistrats sur les sujets scientifiques. Lorsqu’ils se basent sur des certificats médicaux que des médecins non-spécialistes rédigent via le témoignage d’électrosensibles, sachant que le témoignage est le plus bas niveau de la preuve scientifique, on est en pleine pseudoscience.

Le sujet n’est-il pas controversé ?

D’un point de vue scientifique, il ne l’est pas. Les études régulièrement mises en avant par les anti-ondes sont des études cas-témoins, au cours desquelles on compare une population se déclarant malade à une population témoin, non malade. Certaines ont trouvé une corrélation entre la survenue de tumeurs cérébrales, par exemple, et l’utilisation du téléphone portable. Mais corrélation n’est pas causalité, et ces études souffrent de biais si importants (l’exposition aux ondes est rapportée de mémoire par les malades, par exemple) qu’elles ne permettent aucune conclusion. Elles sont d’ailleurs contredites par plusieurs grandes études de cohortes, qui ont suivi des centaines de milliers de personnes pendant plusieurs années en évaluant leur exposition. Aucune n’a trouvé de relation claire entre l’exposition aux ondes et une quelconque maladie. En réalité, si controverse il y a, elle est essentiellement sociale et alimentée par des associations anti-ondes, par des politiques, et par des acteurs économiques qui ont un intérêt à ce que cette maladie existe. C’est vrai pour l’électrosensibilité, comme pour les cancers qui seraient liés aux ondes.

Vous soutenez que ces ondes ne présentent aucun danger. Pourquoi ?

Les ondes électromagnétiques couvrent un vaste domaine, allant des extrêmes basses fréquences jusqu’aux rayons ultraviolets, X et gamma, en passant par la lumière et les infrarouge. Chacune de ces ondes interagit avec la matière. Seuls les rayons ultraviolets, X et Gamma portent suffisamment d’énergie (qu’on appelle photonique) pour casser les molécules d’ADN, par exemple, qui constituent les briques du vivant, et initier des cancers. C’est un fait avéré, et c’est pour cela qu’on encourage la population à se protéger des UV, ou qu’on fait attention, lorsqu’on expose les gens à des rayons X au cours d’examens médicaux. Ces rayonnements sont dits « ionisants », car ils sont précisément capables d’ioniser (c’est-à-dire de casser) la matière, sous le bombardement de photons UV, X ou gamma très énergétiques. Mais cela implique un niveau d’énergie considérable, de quelques dizaines à quelques milliers d’électronvolts (eV). En deçà, on recense les rayonnements visibles, infrarouges et radiofréquences. Ces dernières représentent une énergie de l’ordre… du millionième d’électronvolt ! Ces rayonnements ne sont pas ionisants. Un exemple est assez parlant : pour ioniser un atome de carbone, qui est un constituant élémentaire de la matière organique, il faut une énergie de 11 eV environ. Un rayonnement radiofréquence ne dépose dans votre organisme que quelques millionièmes d’eV.

Ils ont pourtant bien un effet biologique…

Absolument. Cet effet est lié au fait que, en plus de l’énergie transportée par les photons associés à l’onde, on observe des variations du champ électrique. Or il se trouve que l’eau, qui constitue 70 % du corps humain, est une molécule polarisée qui va donc réagir à ces variations de champ électrique, soit en tournant, soit en vibrant (cela dépend de la gamme de fréquences.) Qu’elle vibre ou qu’elle tourne, le résultat est le même : les molécules s’agitent, et cette agitation provoque une élévation de la température. Il n’y a pas d’autre effet biologique prouvé, et les normes mises en place nous protègent de façon très efficace. Des études ont montré que, pour que la température du corps adulte augmente de 1 degré (comme quand on fait du sport), il fallait être exposé à une source de radiofréquences de 6 W/kg (Watt par kilogramme de masse corporelle). Or la valeur limite des normes d’exposition imposées aux opérateurs de téléphonie mobile, que doivent respecter les émetteurs comme les antennes, est de 0,08 W/kg pour une exposition corps entier, soit 50 fois moins que les valeurs nécessaires à une augmentation corporelle de quelques dixièmes de degrés.

La multiplication des sources de radiofréquences dans notre environnement ne rend-elle pas ces normes obsolètes ?

Ce raisonnement a l’air logique, mais il est fallacieux. D’abord, s’il n’y a pas d’effet, on ne peut pas accumuler des effets, n’est-ce pas ? Ensuite, la 2G, la 3G, la 4G et la 5G s’additionnent très mal, et donc leur superposition n’accroît pas fortement l’exposition.

Vous soutenez que le compteur Linky n’a aucune chance d’avoir physiquement le moindre effet…

Non. D’abord, parce que ce compteur ne communique pas via les ondes : la communication se fait par voie filaire. Il est vrai que comme tout appareil électroménager, il émet des ondes, mais dans le cas de ce célèbre compteur, il en émet moins qu’un grille-pain ! L’argument des opposants au Linky n’est pas consistant, car je ne vois pas de quelle manière vous pourriez faire la différence entre ce qui est émis par votre Linky et ce qui est émis par votre grille-pain. Les dernières mesures de l’Agence nationale des fréquences (ANFR) confirment d’ailleurs que les émissions du Linky sont négligeables.

Néanmoins, de nombreuses personnes se disent sensibles aux champs électromagnétiques, au point que l’OMS a reconnu l’existence d’un syndrome d’hyperélectrosensibilité (EHS).

Bien sûr, les électrosensibles sont là, et on ne peut pas nier le fait que ces gens existent ! L’OMS a donc défini les critères qui permettent de parler d’électrosensibilité : il s’agit de « la perception par les sujets de symptômes non spécifiques, l’attribution par les sujets eux-mêmes de ces symptômes à une exposition à des champs électromagnétiques et l’absence d’évidences cliniques et biologiques permettant d’expliquer ces symptômes ». À aucun moment, l’OMS ne reconnaît un lien quelconque entre les souffrances ressenties par certains et les ondes. De nombreuses études tendent au contraire à prouver qu’il n’y en a pas…

Les plus intéressantes sont les études dites « de provocation ». Elles consistent à soumettre, de façon réelle ou simulée, une personne à un agent physique ou chimique pour enregistrer ses réactions. Dans le cadre de l’électrosensibilité, on place des personnes se disant électrosensibles dans des situations où elles seront exposées à des ondes, ou non, mais sans qu’elles-mêmes ou l’expérimentateur connaissent la condition réelle d’exposition. Leur conclusion : aucune n’a pu démontrer la capacité d’un électrosensible à détecter la présence d’un champ électromagnétique. Certaines personnes, se croyant en présence d’ondes alors que les émetteurs étaient éteints, ont même développé des symptômes violents, les poussant à quitter l’expérience ! Leur croyance et la peur de ressentir des effets ont provoqué les symptômes.

À l’explication de « phénomènes inexplicables par la science », vous préférez l’hypothèse d’un « mécanisme phobique »…

En effet. Ces observations rejoignent tout à fait les mécanismes de la phobie, où des gens, par crainte d’être exposés à l’objet de leur phobie, développent des symptômes neurovégétatifs via un phénomène connu, appelé « l’amplification somato-sensorielle ». Un faisceau d’indices tend à montrer que les électrosensibles développent leurs symptômes par eux-mêmes, et par des mécanismes de somatisation. La science n’a pas réussi à prouver un lien de cause à effet réel entre exposition aux ondes et symptômes. Mais elle a pu montrer que, très probablement, il y avait des mécanismes d’origine psychologique liés à la peur d’être exposé aux ondes. D’ailleurs, les symptômes listés par l’OMS pour décrire l’électrosensibilité sont les mêmes que les symptômes communément rencontrés dans les troubles anxieux. Enfin, la proportion d’électrosensibles dans la population ainsi que leur sex-ratio (rapport Homme/Femme) est très similaire, comme je l’écris montré dans mon ouvrage, aux proportions et sex-ratio des phobies…

Vous accusez les médias, les ONG d’avoir fabriqué ces gens qui souffrent. N’est-ce pas un peu excessif ?

Je ne le crois pas. Nous sommes face à une maladie pour laquelle on n’a aucun mécanisme biologique plausible, et qu’on ne peut pas provoquer, toutes les expériences l’ont montré. Il existe pourtant des associations, auxquelles on ouvre les tribunes médiatiques pour défendre les électrosensibles. Des journaux traitent régulièrement de la souffrance d’électrosensibles qui ont dû quitter leur maison, ou ont carrément « faradisé » leur environnement, en créant une cage métallique étanche (à la manière d’une cage de Faraday, l’enceinte utilisée pour bloquer les champs électromagnétiques, NDLR). Mais derrière cette « vitrine », une myriade d’intérêts économiques propagent l’idée que les ondes sont dangereuses et qu’il faut s’en protéger, et pour cela acheter tout un tas d’articles extrêmement chers et inutiles (des chapeaux, des rideaux, des slips anti-ondes, jusqu’à des pierres magiques !), qui vont conforter les gens dans leurs peurs. Je soutiens que l‘électrosensibilité est une maladie psychologique qui est créée, et entretenue, par toutes les informations inquiétantes qui entourent les ondes, véhiculées par les médias, les associations, et par les marchands de ces objets.

Ces phénomènes n’ont-ils pas accompagné tous les progrès technologiques ?

Bien sûr. Au moment du développement du rail, on pensait que les passagers d’un wagon propulsé à 80 km/h ne pourraient pas survivre. Plus récemment, les lampes fluocompactes ont été accusées d’émettre des UV, de provoquer des cancers… Ces craintes ont disparu par la force du principe de réalité, et se sont reportées sur Linky et sur la 5G. Mais le danger, aujourd’hui, réside dans la caisse de résonance formidable qu’offrent les médias et les réseaux sociaux à ces craintes. Or derrière, la souffrance des principaux intéressés ne cesse d’augmenter, car cette attention les conforte dans leur croyance.

Nous devons nous alarmer de cette dérive profonde. La question est : est-ce que les tribunaux, et les médecins qui réalisent ces certificats, se rendent compte qu’ils sont les maillons d’un cercle vicieux qui maintient les électrosensibles dans leur maladie ? Bien sûr, on ne peut pas imposer leurs décisions aux juges. Mais peut-être faudra-t-il que l’esprit critique fasse un jour partie de leur formation.

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Commentaires reçus

Le « spécialiste » a été dégoté par Géraldine Woessner, adoratrice du nucléaire et du numérique, déguisée en journaliste.

La bêtise des journalistes des larbins de Pinault, proprio du Point, n’a d’égal que leur ignorance des problèmes des ondes pour tout le vivant. Si l’humain peut se rendre malade par effet nocebo, que doit-on dire des fourmis, abeilles, grenouilles, lapins, oiseaux, poulets, rongeurs, rats, bovins, qui subissent chaque jour la nuisance des inventions humaines en O.E.M. ? Voir à ce sujet ce lien chez Robin des Toits

https://www.robindestoits.org/ONDES-et-ANIMAUX-15-07-2019_

Celui-là, on en viendrait presque à souhaiter qu’il devienne hyper-électrosensible !Dommage que ne soient pas abordés les marqueurs biologiques qui prouvent le contraire de ce qu’il avance…

Le principe de réalité comprend t-il aussi l’effondrement de la population des abeilles, des oiseaux, de la fertilité, de l’intelligence, l’explosion de maladies et l’apparition de nouvelles pathologies ? Effarent de lire ça !

L’article montre que les tenants du négationisme sur la dangerosité des ondes n’ont plus que leur esprit de chapelle [physicien…], l’anathème et le rappel jusqu’à l’absurde des normes. Les mêmes ou leurs ancêtres ont pu nier la dangerosité du radium, de l’amiante, du plomb et du mercure, ou des différentes pollutions chimiques.

Géraldine Woessner, déjà connue pour son action parmi les marchands de doute, laisse dire sans réagir que linky ne communique pas via les ondes ; donc par voie filaire …sans aucune mention du CPL et des concentrateurs…

Bien entendu, le « chercheur » rend hommage au travail de l’ANSES qui n’a pas trouvé de lien entre les ondes et l’électrosensibilité. Chacun sait que l’ANSES -organisme soi-disant indépendant- ne regarde que des études françaises et ne s’occupe pas de lire les études nombreuses venant de l’étranger et montrant le lien en les OEM et l’EHS !

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Autre commentaire

C’est toujours le même Monsieur que l’on entend partout sur cette question depuis quelques années dans les médias. Comme Le Dréan, chez nous, présent au grand raout du CIRC/ANSES, qui ne cesse de répéter partout qu’il n’y a pas d’augmentation sensible du cancer du cerveau malgré les données de Santé Publique France et des services de santé britanniques disant que c’est multiplié par 4 en 15 ans. Qu’il finisse dans le Point est normal vu son nom et l’idéologie technolâtre du journal.

Too much comme dirait mon fils.

Nous sommes entrés dans la fabrique du doute industrielle sur ces questions sanitaires. De toute évidence, ces questions dérangent le big business. C’est non seulement ma conclusion quant au Colloque de Paris, mais aussi celle des observateurs étrangers qui l’ont suivi, dont une membre chypriote de l’ICE STOP 5G qui est intervenue 2 fois en anglais.

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Dernier commentaire

Le point ne s’est pas contenté de l’interview du « chercheur » mais a aussi produit un article d’analyse, avec beaucoup de mauvaise foi

https://www.lepoint.fr/societe/enedis-somme-d-enlever-un-c

– citation de tribunaux : principalement ceux qui ont donné un verdict négatif (avec une erreur à Aix où il n’y a jamais eu d’appel et où le compteur a bien été enlevé 3 mois après, dixit le collectif A nos ondes-pays salonnais), et une interprétation minorante à Bordeaux (Enedis s’est retiré de la cassation qu’il avait demandé). Quid de Foix, Grenoble, Tours (et pour Toulouse j’ai un avis inversé) ?

– citation de médecins : OK pour le généraliste, effectivement démuni. Mais aucune citation du second médecin qui a produit le rapport le plus détaillé. Pour le « professeur » F, certes il se base sur un témoignage mais induit que les normes standart sont inappropriées pour apprécier un cas toujours particulier (ce que reprend la juge).

Ce dernier médecin est d’ailleurs intéressant : nous l’avions contacté dès 2018 pour un débat sur « Ondes de choc », mais à l’époque il nous disait qu’il n’y avait pas de preuve scientifique de l’életro-sensibilité. Depuis, progressivement on lui envoie des gens pour obtenir des certificats : certes il n’est pas très tranchant, n’a pas de protocole de détection (à la Belpomme) mais il certifie et donc se mouille ! C’est vrai qu’il a participé aux travaux de l’Anses en 2018, avec un avis neutre. Aujourd’hui il serait certainement plus ouvert.

– toujours les normes « indiscutables », et au final l’amalgame tenté avec les « complotistes » antivax…

Le Point c’est Pinault

https://www.acrimed.org/Francois-Pinault-et-Le-Point-rendez-l-argent

et sans doute des liens (au moins comme annonceur) avec Enedis, c’est le journalisme de complaisance que nous rencontrons à tous les niveaux.

A Saint-Etienne, la ville dont Perdriau est le maire, celui qui voulait des micros dans nos rues et qui monte des sextapes pour contrôler ses adjoints…), le débat fait rage sur les médias

– Médiapart et le Méliès (ciné arts et essais) avaient organisé le 11/10 un grand débat (salle pleine de 350 pers) où la presse locale a pu être mise en accusation pour sa complaisance :

https://www.youtube.com/watch?v=ungg50Ix9kE