Conférence du 26 mars 2022 à la Grange de Floyrac à côté de Rodez
Première partie (1 h 34)
Intervention de Sophie Pelletier, Félix Treguer, Mathieu Amiech et Célia Izoard
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Seconde partie (50 minutes)
Questions-réponses
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Sophie Pelletier, présidente de PRIARTEM-électrohypersensibles de France, qui a lancé plusieurs recours (dont un victorieux récemment) contre la 5G et les satellites d’Elun Musk, aborde la convergence entre la miniaturisation de l’électronique et les technologies sans-fil.
Pour plus de détails sur ses actions, la controverse entourant l’expertise sanitaire, le lobby des industries des télécommunications, écoutez l’entretien du 30 mars (1 h 39).
Le thème :
5G, satellites Starlink, champs électromagnétiques : où en est l’opposition juridique et l’expertise scientifique ?
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Félix Treguer représente La Quadrature du Net. Selon lui la numérisation relève de la raison d’Etat. Il s’agit d’une symbiose entre le capitalisme, l’Etat-nation et l’informatique. Il développe les perspectives stratégiques pour lutter contre cette déferlante numérique, et explique le parcours de militants pour un « internet libre » évoluant vers une critique plus radicale de la technologie.
« on a vu beaucoup des technologies et des logiques de surveillance et des outils sur lesquels on avait travaillé autour de la surveillance d’internet : on a vu ces mêmes outils migrer dans l’espace public urbain. C’est pourquoi ces dernières années l’on présentait La Quadrature du Net comme une association de défense des libertés et des Droits de l’Homme sur internet, et de plus en plus c’est « face au numérique », même si on n’est pas encore tous d’accord pour le présenter de cette manière. On s’inscrit de plus en plus dans le type de mouvement, de stratégie dont Célia et Mathieu vont nous parler. On est tous d’accord, malgré nos divergences pour se présenter comme une association technocritique, et cela nous a amené en 2019 à lancer une campagne contre les technologie de surveillance policière dans l’espace public urbain : police prédictive, drones, vidéosurveillance automatisée à l’aide de l’intelligence artificielle, microphone intelligent pour repérer des bruits suspects et lancer automatiquement des interventions des forces de l’ordre, identité numérique. (…) Ces derniers mois (…) il y’a des camarades qui sont impliqués dans des coordinations de personnes qui sont contrôlées par la CAF et ciblées par des algorithmes (…) on a commencé à lancer une expertise autour du numérique et de la santé, le Health Data Hub, le dossier médical partagé (…) on peut pas dire tout à fait que l’informatique est une technique neutre, elle reflète tout un tas de rapports de force dans la société et de desseins (…) les plans de ceux qui la conçoivent se fracassent en général contre le réel et c’est pour ça que la dystopie numérique malgré la prolifération de cette technologie n’est pas totalement advenue (…) A partir de 2015 (ce type de stratégie politique, d’écrire des amendements, etc.. ndr), sur les questions sécuritaires, il y a eu un verrouillage (…) on était face à des élu.es qui pouvaient nous dire « on est d’accord avec vous, mais on ne peut pas tenir cette position politiquement ». Ce qui nous ensuite mené à développer toute une action contentieuse devant les tribunaux, si on ne peut pas influencer la loi, alors on va faire en sorte que les déclarations des droits de l’homme (…) puissent inspirer les juges pour tenir ses projets de loi en échec. Là après avoir passé 5-6 ans à développer ce type d’action, sans abandonner la première (…) on se rend compte que les rapports de pouvoir politique font que le pouvoir judiciaire est très peu autonome en fait (…) là on en est à un stade de notre réflexion, sans non plus abandonner les recours (…) on se heurte à un sentiment d’inefficacité, ce qui nous pousse à réfléchir à la manière à comment faire des petits guides de survie en régime sur-informatisé. Comment vivre par exemple sans carte d’identité, sans smartphone (…) c’est ce que l’on appelle entre nous pour l’instant la désobéissance aux injonctions technologiques. tout ce la pour dire qu’il y’a une espèce d’improvisation, de recherche un peu constante et en même temps un sentiment lorsque l’on essaye tel ou tel type d’action de se mesurer à notre impuissance partielle. je crois qu’en fait il faut faire feu de tout bois, et même si je suis très d’accord avec l’horizon révolutionnaire (…) et je penses que c’est très important de continuer à débattre et créer du sens commun sur cet horizon partagé, et là il faut pas hésiter à être radical. Je pense que les forces politiques auxquelles on prend part les uns et les autres sont pour l’essentiel tellement minoritaire que cela serait un peu irresponsable d’abandonner certains modes d’actions (..) ce qui suppose de se critiquer les uns les autres, mais en le faisant avec une certaine bienveillance, une patience, une tolérance, une humilité, continuer à douter de ce que l’on fait et c’est comme cela que l’on peut tenter de renverser la vapeur (…) la smart city est un vocable d’industriel comme IBM, Cisco qui voulant s’ouvrir de nouveaux marchés vont tenter de vendre l’informatique comme une technologie de gouvernance urbaine. Les industriels se sont assez vite mis à parler de Safe city, de ville sûre, pour en fait parler des applications sécuritaires de ces technologies et de ces capteurs (…) il y a des enjeux industriels énormes (…) et en plus la safe city, la raison pour laquelle les politiques encouragent ces programmes -là (…) car c’est dans le domaine sécuritaire que les élu.es consentent à libérer des budgets (…) au mois de novembre à Paris, j’entendais un représentant de la plus grande en entreprise de vidéosurveillance du monde qui s’appelle Genetech, une entreprise canadienne, qui disait « la caméra de vidéosurveillance », on estime qu’il y a environ 90 000 caméras déployées sur la voie publique en France, « la caméra de vidéosurveillance est le premier capteur, la première brique de la smart city ». Et ce que l’on voit se développer aujourd’hui, à la louche, on a du balancer aux alentours de 12 milliards d’argent public dans la vidéosurveillance ces 10 dernières années en France (…) On est dans une phase où les progrès des technologies numériques font faire que l’on va pouvoir automatiser l’analyse, parce que ce que disent les industriels, la vidéosurveillance ne marche pas, parce que l’on a pas assez d’opérateurs humains pour scruter tout ses flux vidéos ou pour même sonder les archives (…) aujourd’hui l’intelligence artificielle, il y’a un saut qualitatif dans l’automatisation (…) Gérard Collomb en 2018 parlait de « comportements bizarres » que l’on pourrait détecter avec l’intelligence artificielles (…) en fait les catégories des comportements jugés déviants qu’utilise déjà la police sont codés dans ses systèmes informatiques et donc aujourd’hui ce que ces systèmes sont censés repérer ce sont du maraudage, de la vente à la sauvette, le fait de rester statique dans l’espace public urbain, et c’est plein de manière de vivre la ville qui sont le fait des classes populaires et des personnes précaires. Donc en fait cette automatisation perpétue une répression accrue des classes populaires. De ce point de vue là il n’ y a pas de grande surprise (…) pour ces technologies, on refuse d’entrer dans le débat de comment les encadrer, parce que l’on sait d’expérience que le droit qui protège les libertés est toujours trop mal appliqué et que les usages que l’on cherche à empêcher trouveront des marges de manœuvre, ou seront légalisé à la prochaine crise (…) clairement c’est pas le modèle de société que l’on veut. Et c’est cela aussi les progrès que je vois dans tout un tas de mouvements c’est d’assumer que on arrête de négocier, et on parle d’un horizon et d’un projet politique, un modèle de sociétés. Et dans tout un tas de débats on en revient à ces questions fondamentales, c’est cela qui me donne quelque motifs d’espoir »
Mathieu Amiech, est co-auteur de « La liberté dans le coma », animateur d’Ecran Total et des éditions La Lenteur qui se démène autour des enjeux sociaux de la technologie. Il pose le problème de la mémoire des luttes.
« La technologie est une question politique, elle n’est pas un décors et la politique n’est pas simplement vouée à aménager la technologie. On défend une vision du capitalisme comme celle d’un processus qui confisque l’autonomie aux populations. De l’autonomie politique, morale et matérielle. Le capitalisme est une machine à nous confisquer progressivement nos capacités de produire nos conditions d’existence, nos capacités d’autosubsistance, d’auto production (…) sortir du capitalisme c’est récupérer ses capacités, ce n’est pas simplement lutter contre l’exploitation, lutter contre l’aliénation de la consommation (..) nous on regroupe cela sous une idée de capacités produire nos conditions d’existences et du fait que ces capacités sont continuellement attaquées par la logique de la marchandise et de la technologie (…) En 2004-2005 on a eu le sentiment que l’informatique est un élément qui s’ajoutait à la perte d’autonomie. Informatique qui était présenté comme devant nous rendre plus autonome était en fait quelque chose qui allait aggraver notre hétéronomie et qui allait parachever cette confiscation de produire nos conditions d’existence (…) on a considéré que l’aspect répressif allait avec l’aspect consumériste et l’on s’est dirigé vers une critique du mode de vie numérique dans son ensemble. D’une part ce sont les mêmes acteurs qui développent les différents aspects, c’est la même lignée technologique et on ne sait pas au bout d’un moment si la finalité c’est le sécuritaire et que les aspects consuméristes et ludiques sont faits pour nous faire accepter le sécuritaire, ou est-ce qu’en fait c’est le sécuritaire qui est là aussi pour nous conditionner et créer des conditions pour nous forcer à un certains nombres d’usages qui permettent ensuite du profit dasn l’économie civile. Les deux aspects se nourrissent l’un l’autre. Donc on a produit une critique de l’informatisation de nos existences que l’on a sous nos yeux. (La Liberté dans le coma est une réflexion sur la notion de liberté dans un monde informatisé) l’idée que l’on y développe est que l’informatisation de la société est le succès qu’elle a, et qu’un certain nombre de gens considèrent qu’elle nous donne plus d’autonomie, c’est la victoire d’une certaine conception de la liberté comme délivrance des contraintes matérielles, humaines et terrestres, du temps et de l’espace, l’espoir de pouvoir faire plusieurs chose en même temps (…) L’informatisation de la société nous conduit en tant que telle, et non pas en fonction de telle ou telle application, vers une perte de liberté, vers un recul des libertés civiles et vers une perte profonde d’autodétermination, de capacité à décider de comment on veut vivre et de peser dessus. (Avec l’informatisation depuis 20 ans) on a une emprise accrue des grandes entreprises sur la vie des gens ordinaires (…). Deuxième point on a une société qui est plus centralisée qu’avant (…) Troisième aspect que l’on documente est que l’informatique contribue beaucoup au déséquilibre Capital/Travail, au rapport de force défavorable aux travailleurs depuis une 40aine d’année et que c’est une question qui est largement impensée (…) le rôle de la technologie dans la déformation du partage de la valeur ajoutée et dans tout un ensemble de rapports de force, sur le chômage, sur la capacité de dicter les choix dans les entreprises, sur la privatisation des services publics, etc, etc… (…) c’est très rarement pensé que ce qui permet la mondialisation des entreprises, des multinationales, ce qui permet qu’elles réorganisent constamment leur processus de production à l’échelle mondiale en mettant en concurrence les travailleurs, c’est bien sûr les transports mais c’est aussi l’internet qui permet une gestion centralisée avec des travailleurs qui sont disséminés et d’optimiser le déploiement du capital et l’exploitation du travail. Et enfin quatrième aspect que l’on documente, c’est l’accélération de la catastrophe écologique (…) les objets techniques viennent incarner des rapports de force dans la société, des manières de faire, qui donne un état des rapports sociaux (..) par exemple l’ordinateur descend de la machine à carte perforée qui était une machine à produire des statistiques et qui permettait déjà de gérer des situations de masse, de production de masse, de circulation de masse, de faire des statistiques sur des grandes populations et d’aider à organiser la production d’une usine, que ce soit au service d’une grande administration (…) les objets de la lignée informatique, numérique, sont des objets qui sont liés à une notion de gestion de masse, donc à un certain type de société, organisé à une certaine échelle et avec certaine finalité qui sont, notamment la production (…) sans être dans un déterminisme total, parce que cela serait aussi un erreur, effectivement, les objets technologiques, les technologies ne sont pas neutres, elles portent en elles une certaine vision du monde et certains rapports de pouvoir (…) il y’a souvent des usages qui sont moins pires que d’autres mais cela ne suffit pas comme réflexion (…) il y’a une puissance de fascination de la technologie (car) il y a un désir de délivrance qui est assez transversale dans les différentes cultures humaines qui souvent s’est exprimé du côté de la religion, on se délivre du mal, de la maladie, de la peur de mourir, et la technologie vient en partie sur ce terrain là et devient une religion séculaire (…) quant à certains groupes militant de gauche (…) avec la pandémie s’est réaffirmée l’idée pour un certain nombre gens que la production fonctionne toute seule, pour un certain nombre de gens qui prônent la stratégie dîtes zéro covid on en fait dans l’idée que l’Etat paye tout le monde pour rester chez soi travailler sur internet (…) on voit que chez un certains nombre de gens qui se disent contestataires des gouvernements néolibéraux et du capitalisme, c’est un acquis. Et les mêmes groupes effectivement peuvent dire de manière décorative qu’il y’a n problème quand même avec le numérique, que les gouvernements font beaucoup avec cela et que c’est un outil de domestication des masses, effectivement l’idée passe mais quand tu vois qu’à côté ils estiment que cela serait possible que tout le monde reste chez soi et que la production se fassent quand même (…) tu te dis qu’il y’a un certain nombre de choses qui sont pas bien au clair ».(…) la question du lien avec la colonisation, c’est une question qui me tien à cœur. Si j’ai parlé de la révolution industrielle, j’en ai plutôt une conception assez large. Je parles plutôt d’une confiscation de la subsistance, destruction des économies de subsistance qui s’est faîtes en même temps sur plusieurs siècles et dans les continents éloignés et à l’intérieur des pays d’Europe. ici typiquement on est dans une région, le Rouergue, l’Aveyron, l’Occitanie qui a été à mon sens colonisé par un état central et sa forme d’économie mercantiliste, puis proto industrielle puis industrielle. Et où petit à petit il y a un ensemble d’obstacle qui a été mis à l’autoorganisassions et à l’auto subsistance des communautés paysannes et tout un ensemble de répressions quand ces communautés se sont soulevées (…) Et aujourd’hui la poursuite de la numérisation, l’accélération prodigieuse de l’industrie numérique et de l’extractivisme, c’est la figure de plus en plus centrale du néocolonialisme (…) l’extractivisme (…) aboutit souvent à la destruction des conditions de vie des dernières communautés des derniers peuples qui vivent encore différemment de nous (…) »
Célia Izoard, journaliste à Reporterre et à La Revue Z et co-autrice de « La liberté dans le coma », autrice, entre autres, de « La machine est ton maître et ton seigneur », traductrice pour Agone de 1984. Elle lance la réflexion contre le fantasme de l’abolition de la matière que constituerait le numérique. Si l’informatique avait comme utopie dans les années 70′ le dépassement de la société industrielle, l’ordinateur et le smartphone se retrouvent au final être la quintessence de la production industrielle et de la catastrophe écologique. Comme elle le rappelle, le mantra du dirigeant de l’usine à smartphone Foxcom (350 000 personnes au même endroit…) au sein de laquelle des filets anti suicide ont été installés, est « croissance, ton nom est souffrance ».
« Ce qui m’a frappé en m’intéressant à cette question de l’informatique c’est vraiment même dans l’histoire de la mise en place de l’informatique dès ses débuts, de l’émergence du modèle de la Silicon Valley, la question de la matérialité de ses objets a été complètement évacuée. C’est à dire que tout a été mis en place pour que l’on ne puisse pas voir ce qu’ on avait devant les yeux (…) Cela dure toujours. Si l’on reprend un peu les textes importants qui vont marquer l’histoire de ce que l’on a appelé « la société de la communication » « l’âge de la connaissance » « l’entrée dans le cyber espace », c’est à dire toutes ses utopie qui à partir des années 60-70′ ont réenchanté le capitalisme, c’est à dire donné un nouvel horizon à une société qui était contestée par tout un pan de la jeunesse, par ses anciennes colonies et qui était vraiment un monde en crise, ce qui était contesté c’était la société industrielle. Ce qui a été promu comme rêve, et très sincèrement en partie, c’est l’idée qu’on allait grâce à la technologie et à des utopies de la communication et du cyberespace, on allait dépasser le capitalisme industriel, dépasser l’abrutissement du travail à la chaine, dépasser le problème des cheminées d’usines, le problème des effluents toxiques, le problème de la société de masse et de la marchandisation. C’est sur ses promesses que l’on a remis au travail des générations de classe moyenne ou de la bourgeoisie qui commençaient à déserter. Et si on reprend par exemple des textes comme « la grande charte pour l’âge de la connaissance » qui est rédigée en 1994 par un think tank néolibéral qui est lui-même issu de la silicon valley culturellement, il s’ouvre sur la phrase suivante : » l’évènement central du 20è siècle est l’abolition de la matière ». on pourrait reprendre plein d’exemple de ce type, on est dans le cyber espace, on a vaincu la matière ! (…) Ce qui s’est passé avec cette économie immatérielle c’est qu’on a invisibilisé la production. (…) le problème est structurel : c’est cette production à bas coût qui a permis que ces objets aient acquis ce statut d’objets de consommation de masse (sinon) les smartphones couteraient des milliers voire des dizaine de milliers d’euros, on serait pas là entrain de discuter pour savoir si l’on doit ou non avoir un smartphone (…) c’est la première fois dans l’histoire de l’humanité que l’on a un objet qui contient 60 métaux différents (…) un ordinateur ou un smartphone c’est la quintessence de la production industrielle. C’est à dire que l’on a l’extraction minière, l’extraction pétrolière, on a la chimie lourde, la chimie fine, tout ça concentré à un degré inégalé dans un objet (…) Quelque part j’ai un peu l’impression que la séquence de la pandémie est venue au secours de la crise de ce récit (de l’immatérialité du numérique dont on découvre dans les années 2010 les ravages écologiques-ndr) en donnant une autre dimension salutaire aux technologies sans contact. Finalement, la crise du covid a été la célébration de la dimension salutaire du numérique (…) quelque part le récit qui s’est mis en place avec la pandémie c’est l’idée de la propreté, de l’hygiène, on échappe à la contagion en faisant de la visioconférence (…) c’est frappant parce que cette propreté et cette hygiène, à nouveau vient dissimuler la saleté crasse de la production industrielle de l’électronique (…) donc un renouvellement du mythe qui fait que l’on a tant de mal à aborder ces technologies pour ce qu’elles sont, pour leurs effets (…) c’est seulement la lutte politique qui permet que quelque chose soit changé à cette trajectoire fondée sur l’addiction, elle est très nihiliste, radicale, fanatique (…) Cela fait bien longtemps que les industriels essayent d’avancer sur la question de l’identification électronique et que l’évènement de ce virus a été une opportunité (cet évènement covid ) ouvre des marchés par la contrainte (…) le fordisme est en crise depuis longtemps, là on est en train de s’appauvrir à une vitesse hallucinante donc on peut plus du tout miser sur le marché intérieur, sur la consommation. En revanche avec la violence de la société, avec les choc qui se produisent de plus en plus, qu’ils soient climatiques, qu’ils soient viraux, qu’ils soient militaires, de conflits, dans ses secousses là il y’aura les marchés intérieurs de la sécurité qui vont être ouvert, et c’est des marchés de contrainte. De la même manière que nos corps sont aussi des marchés pour partie inexplorés et c’est l’enjeu des biotechnologies, c’est l’enjeu de la E-santé, c’est l’enjeu des capteurs, des métavers aussi qui sont un travail sur l’exploitation marchande du corps. Puis dernier élément sur l’ouverture de marché à travers l’épidémie, c’est un abandon très très rapide de la médecine clinique (…) qui est fondée sur un rapport physique entre un médecin et un patient. Donc s’il a été possible pour ce gouvernement de maintenir aussi férocement l’idée que bien sûr la meilleure manière de lutter contre cette maladie serait de renforcer les systèmes hospitaliers et les systèmes de soin dans leur ensemble (…) et que non on va pas vraiment faire cela, et on va surtout déployer des systèmes qui avantagent Doctolib (…) La façon dont les soignants réfractaires aux vaccins ont été écarté, c’est aussi une purge, ce sacrifice est fait au détriment de la santé.
Deuxième point sur la technologie et le capitalisme (…) En fait le terme technologie il est assez récent, il remonte à la seconde moitié du 19è siècle (…) on devrait définir la technologie comme le régime préférentiel de la technique dans un monde capitaliste. Qui a des caractéristiques très particulières : le fait de reposer sur l’apport d’énergie extérieure très important, fondé sur le postulat selon lequel il faut limiter la main d’œuvre humaine le plus possible, et la caractéristique de la boîte noire, c’est à dire une technique dont la majorité des gens et des travailleurs et des travailleuses sont dépossédé.es au profit des ingénieurs et des scientifiques (…) Et la boîte noire, même au sens physique et matériel : il y a un réalisateur que j’aime beaucoup qui s’appelle Harun Farocki qui dit « le capital enferme la technique derrière ses murs ». La technologie, il y a quelque chose de cela…vous regardez un appareil. Puisque avant, dans l’histoire de ces mots, la technique désignait plutôt, plus souvent un savoir faire ou quelque chose d’immatériel dont les gens disposent, qu’ils ont en partage, qu’un objet machine. La technologie c’est la machine »
Le collectif du Vallon d’information sur les objets connectés et champs électromagnétiques artificiels.