Combien d’heures les Français passent-ils sur leur téléphone portable chaque jour ?
Un reportage d’Europe 1
Lisez bien jusqu’au bout ce reportage. La fin de l’article est tellement rassurante !!!!
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En 2023, les Français ont passé un peu plus de 3h30 en moyenne par jour sur leur téléphone, selon le rapport annuel du spécialiste de l’analyse de données mobiles Data.AI. Si les utilisateurs français passent beaucoup de temps sur les écrans, cela reste largement inférieur à la moyenne mondiale de 5 heures par jour.
Et vous, combien de temps passez-vous chaque jour sur votre mobile ? Selon le rapport annuel du spécialiste de l’analyse de données mobiles Data.AI, qui analyse les habitudes des utilisateurs de smartphone dans le monde entier, les Français ont passé un peu plus de 3h30 en moyenne par jour sur leur téléphone. Une durée en léger recul par rapport à l’année précédente. Mais tout de même, les Français passent beaucoup de temps sur leur smartphone. Pour l’occasion, Europe 1 est allée à la rencontre des utilisateurs.
À 22 ans, Matteo passe entre six et huit heures chaque jour sur son téléphone, et il n’a aucun mal à citer ses applications les plus chronophages. « Instagram sinon c’est YouTube en vrai. Maintenant, ils font des longs formats, ça veut dire que ça nous prend vachement plus de temps. Eh, oui, il faudrait que je passe un peu moins de temps. Je le sens, parce que ça joue quand même sur ma santé mentale mine de rien », reconnaît-il au micro d’Europe 1. Lottie, étudiante en parfumerie, s’inquiète aussi du temps qu’elle passe sur Snapchat ou Instagram, mais elle a du mal à se restreindre. « 4 heures minimum. En fait, j’essaye de substituer ce temps-là par la lecture mais c’est une vraie addiction, malheureusement », admet-elle.
Alex, lui, a une règle et il s’y tient. Depuis qu’il a des enfants, il limite son temps d’écran à une heure par jour. « Ils nous voient avec le téléphone, ne serait-ce que pour répondre à un message. ‘Euh, je peux regarder, qu’est-ce que tu fais ? Je veux regarder la Pat’ Patrouille, je veux regarder un truc’. Donc non, négatif », constate le père de famille. Comme Alex, beaucoup de Français sont assez raisonnables avec leurs smartphones. Pour preuve, leur temps d’écran moyen est largement inférieur à la moyenne mondiale de 5 heures par jour.
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En réponse à ce reportage
Extraits d’un document interne au collectif ACCAD
Il n’y a donc pas à s’étonner non plus que le temps d’écran des adultes soit maintenant de 10 heures par jour.
Il faut savoir que cette évolution de la société ne date pas d’hier :
- En 50 ans à peine, la myopie a doublé
- La durée du sommeil a été réduite d’une heure et demie
- 41% des Français consultent leur téléphone la nuit
- En 40 ans, les enfants ont perdu 25% de leur capacité physique
- En 35 ans, le temps de discussion au sein de la famille a été réduite des deux tiers.
- Le temps moyen devant les écrans dépasse aujourd’hui 24 heures par semaine pour les 7-12 ans (en hausse de 20% par rapport à 2016) et 36 heures en moyenne pour les 13-19 ans, davantage que le temps de travail légal des adultes.
Les usages les plus massifs des portables ne sont pas les plus positifs. Ils s’orientent quasi exclusivement vers les activités récréatives, soit par ordre d’importance : la télévision qui comprend les séries, l’audiovisuel, et les films ; les jeux vidéo quand l’enfant entre en primaire : les réseaux sociaux au collège et au lycée. Cela représente entre 75 et 90 % des activités d’écran des jeunes.
La dépendance aux écrans entraîne une addiction, une accoutumance ; il faut donc aller dans des centres de désintoxication, avec une prise en charge de patients qui présentent des symptômes plus graves que pour la drogue et l’alcool : manque, impulsivité, agressivité. Attention : le jeune doit comprendre que c’est le contenu qui produit de l’addiction.
Le chantage à la vidéo intime a fait l’objet de 12 000 signalements l’an dernier, contre seulement une dizaine il y a trois ans. Les adolescents en sont les principales victimes.
Le cyberharcèlement est devenu un phénomène de masse. En 2015, d’après le ministère de l’Éducation nationale, 12 % des écoliers, 10 % des collégiens et 4 % des lycéens sont victimes de harcèlement à l’école. L’État évalue à 700 000 sur 12 millions d’élèves le nombre d’enfants victimes, chiffre de 2018 sans doute sous-estimé. On en était à une vingtaine d’enfants et adolescents suicidés en 2021 suite au cyberharcèlement.
Il est de plus démontré que la cyberpornographie ou porno-pandémie favorise la cyber-prostitution. Le porno touche en effet les enfants de plus en plus tôt, dès l’école primaire. En France, c’est en moyenne à l’âge de 10 ans qu’un enfant est confronté pour la première fois à la pornographie en ligne, et on estime que 10 % des moins de 7 ans ont déjà eu accès à ces contenus ; au moins 10 000 enfants se prostituent, dans les toilettes des collèges et des lycées, dans la rue ou dans des chambres louées. Des enfants parfois très jeunes enchaînent dix passes par jour sans même que leurs parents n’en aient conscience.
Des réseaux comme TikTok ont banalisé l’acte sexuel et des pratiques prostitutionnelles.
Éduquer par le numérique nuit aux résultats scolaires, notamment par manque de concertation, de mémorisation, de langage et de réflexion.
Aucune étude indépendante n’est parvenue à démontrer à ce jour un effet positif du numérique sur les apprentissages scolaires, tout comme aucune étude n’a démontré que l’absence d’écran affectait la réussite scolaire ou le développement de l’enfant ; au contraire.
La mutation numérique interroge. Sur commande du ministre, le Conseil Supérieur des Programmes (CSP) a rendu en juin dernier un avis sur « la contribution du numérique à la transmission des savoirs ». Il est frappant de constater que le dernier tiers de ce rapport, s’appuyant sur des centaines d’études scientifiques, enquêtes et auditions, remet explicitement en question la numérisation de l’école. Il recense même tous les éléments d’une catastrophe en cours.
Le Conseil Supérieur des Programmes déplore qu’on ait pu « privilégier des logiques économiques ou clientélistes à défaut d’objectifs pédagogiques définis », et recommande de « ne pas considérer l’Éducation nationale comme un marché ouvert aux stratégies commerciales des acteurs commerciaux et notamment des géants du numérique ».
Malgré ces études, le système scolaire continue à utiliser grandement le numérique.
La numérisation n’a fait qu’aggraver les inégalités sociales ; cela a été manifeste lors de la période de confinement en 2020. Les GAFAM ont été très contents de cette période car cela leur a permis de gagner beaucoup de temps pour la numérisation de l’éducation et de la société. Pendant ce temps, beaucoup de jeunes ont décroché, principalement par manque de matériel informatique et, surtout, par manque de soutien en présentiel.
Pourquoi limiter le temps d’écrans ?
Une surexposition à des effets sur :
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Le corps : obésité, sommeil, vue, développement moteur, motricité fine
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Le cerveau : langage, concentration, attention
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L’émotionnel : agressivité, baisse de l’estime de soi, de l’empathie, mal-être
Un nouveau message : le 5-10-15
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Pas d’écran avant 5 ans : en cohérence avec le message de l’Organisation Mondiale de la Santé, invitant au « moins d’écran possible » avant 5 ans
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Pas plus d’une heure par jour avant 10 ans
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Pas de smartphone avant 15 ans, comme pour les enfants des GAFAM : l’accès seul à internet chez les jeunes les expose inexorablement à des contenus inappropriés.
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La méthode des 4 pas, rédigée et proposée par Sabine Duflo – méthode initiée par le CoSE (Collectif Surexposition Écrans) :
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Pas d’écran le matin
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Pas d’écrans durant les repas
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Pas d’écrans avant de s’endormir
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Pas d’écrans dans la chambre de l’enfant
Lorsque les écrans sont éteints, c’est l’occasion de faire des activités ; par exemple, manipuler, s’éveiller, créer, étudier, expérimenter seul, en famille ou avec des amis : jeux extérieurs, dessins, jeux de société, lecture, mimes, danse …
C’est aussi l’occasion de faire partie d’associations – culturelles, sportives…
C’est l’occasion de lire. Le livre de Michel DESMURGET, « Faites-les lire », le démontre magistralement. On nous dit que les jeunes n’ont jamais autant lu à l’heure d’Internet. La lecture ne représente que 2 à 3 % du temps d’écran, alors que la télévision, au sens large, atteint 40 à 50 %. Un jeune consacre l’équivalent de 27 années scolaires au triptyque télévision, jeux-vidéo, et réseaux sociaux, contre un peu plus de 6 mois à la lecture, à savoir blogs, journaux, livres, etc.
Les parents ont des choses à partager : sourire, geste, chanson, chatouilles, jeu, sortie … En tant que parents ne pas se servir du smartphone de manière prolongée en présence de vos enfants ; voire ne pas s’en servir du tout.
Dans l’enseignement, il est temps de bifurquer pour ne pas aller droit dans le mur
– Aucun écran présent au sein des crèches, des écoles maternelles et des écoles primaires. Les connexions pour l’administration doivent être filaires et wifi et Bluetooth interdits.
– Aucun écran en dehors de l’enseignement de l’informatique au collège.
– Les écrans utilisés dans le cadre scolaire doivent rester dans les établissements.
– Fin du principe de remplacement des cahiers et des livres par des tablettes numériques coûteuses, souvent détournées de leur usage éducatif.
– Aucun écran en dehors de l’enseignement de l’informatique à partir du collège ; donc, comme en Suède depuis cette année, les remplacer par des livres et des cahiers.
– « Droit à la déconnexion » des familles, qui doivent pouvoir échanger avec les établissements scolaires sans passer par internet … notamment Pro note.
– le nouveau premier ministre, ancien ministre de l’éducation, a constaté qu’il y avait une baisse de niveau chez les jeunes. Il en a porté la responsabilité dans l’utilisation massive du portable. Jusque-là, bonne réflexion de départ ; deux remarques tout de même :
– Il y a déjà longtemps que ce constat a été fait par de nombreuses personnes
– Monsieur ATTAL pense trouver la solution au problème en mettant en place des logiciels utilisant l’intelligence artificielle. Depuis février 2024, une « intelligence artificielle éducative » pilotée par le ministère de l’Éducation est mise à disposition d’environ 200 000 élèves de Seconde, afin de les aider à réviser à la maison. Cette proposition est un leurre et ne résoudra rien, bien au contraire.
– Une vaste campagne publique de sensibilisation et de prévention au sein des établissements scolaires et structures d’accueil de jeunes sur les effets des écrans et des contenus inappropriés basée sur des études indépendantes de tous conflits d’intérêt.
– Pour beaucoup de collectivités, cela coûte cher d’offrir des tablettes et de remplacer des tableaux classiques par des TBI (Tableau Blanc Interactif) ; et cela nuit aux enfants.
Il faut en finir avec les théories selon lesquelles les parents seraient « démissionnaires ». Bien des parents sont perdus quant à l’éducation de leurs enfants et aux conduites à adopter pour parvenir à maîtriser l’utilisation des écrans : oui, être parent est un « métier », sans doute plus difficile aujourd’hui qu’hier et il y a urgence à réunir les conditions d’une prise de conscience parentale de l’impérieuse nécessité qu’il y a réduire le temps d’exposition aux écrans de nos enfants comme de nos adolescents. Ce travail doit être mené dans une relation de confiance, de bienveillance et non de culpabilisation et de stigmatisation.
Il faut donc multiplier les lieux et dispositifs de formations et d’informations comme ceux des maisons des parents et autres structures qui de près ou de loin accueillent les familles.