Réduire drastiquement le temps d’écrans récréatifs 

Il ne s’agit pas de se lancer dans une campagne bêtement «technophobe».

Tout le monde reconnaît que les écrans sont utiles, et que ce que l’on appelle la «révolution numérique» n’a pas que des effets négatifs. Il faut évidemment enseigner l’informatique à nos élèves. La question importante, c’est que font réellement les gamins avec leurs écrans.

Les usages les plus massifs ne sont pas les plus positifs. Ils s’orientent quasi exclusivement vers les activités récréatives, soit par ordre d’importance: la télévision qui comprend les séries, laudiovisuel, et les films ; les jeux vidéo quand lenfant entre en primaire : les réseaux sociaux au collège et au lycée. Cela représente entre 75 et 90% des activités d’écran des jeunes.

On nous dit que les jeunes n’ont jamais autant lu à l’heure d’Internet. La lecture ne représente que 2 à 3% du temps d’écran, alors que la télévision, au sens large, atteint 40 à 50%. Un jeune consacre l’équivalent de 27 années scolaires au triptyque télévision, jeux-vidéo, et réseaux sociaux, contre un peu plus de 6 mois à la lecture, à savoir blogs, journaux, livres, etc.

Les enfants utilisent les écrans préférentiellement pour des activités récréatives avec une influence malsaine. Cela a des répercussions sur le langage, la concentration, le sommeil, la santé mentale (dépression, anxiété, etc.) et la santé physique (sédentarité, obésité, etc.). Avec, en bout de chaîne, des effets importants sur la réussite scolaire. Il existe une corrélation entre jeux vidéo et réussite scolaire : leurs résultats scolaires diminueront.

Il faudrait, parait-il, «vivre avec son temps». Mais notre cerveau a des besoins précis en termes de sommeil, d’activité physique ou d’interaction sociale (verbale, toucher, etc.). Il s’agit de besoins que les environnements numériques couvrent mal : si vous faites un sourire à un enfant ou que vous attrapez un objet devant lui, des cellules vont s’activer de manière intense dans son cerveau. Mais quand on place cet enfant devant un écran, et que l’on réalise les mêmes gestes à distance, l’activité de ces neurones-là est soit effacée, soit sensiblement inférieure. L’action qu’un jeune enfant reproduit facilement en voyant un adulte la faire «en vrai», comme, par exemple, faire tinter un grelot, ne sera ni comprise, ni imitée lorsqu’elle est vue sur un écran.

Avant 18-24 mois les vidéos dites «éducatives» n’ont aucun effet sur le langage. Ensuite, l’enfant apprend quelques mots, mais beaucoup moins que lors d’interactions humaines effectives. Plus tard, ce n’est guère mieux. L’enseignement en ligne, c’est mieux que rien, mais nettement inférieur à une interaction humaine.

On atteint des temps extravagants d’écran au quotidien : dès 2 ans, les enfants des pays occidentaux cumulent chaque jour presque 3 heures d’écran ; entre 8 et 12 ans, ils passent à près de 4 h 45. Entre 13 et 18 ans, ils frôlent les 6 h 45” ; en moyenne 12 heures d’écrans par jour chez les 16-25 ans

Le vrai risque est d’aller également vers le suicide, et/ou le harcèlement moral. On nous explique que c’est la faute des gamins. Ce serait de la faute des professeurs, qui ne sont pas assez attentifs. Mais qui pointe la responsabilité des réseaux sociaux eux-mêmes?

Le ministère de l’Éducation nationale publie chaque année le nombre d’enfants scolarisés souffrant de handicaps. Les chiffres de 2019 sont inquiétants. En huit ans, les troubles de l’apprentissage ont augmenté de 25 %, les troubles psychiques de 55 % et les troubles de la parole et du langage de 95 %. Pour les professionnels de la santé, ces données sont à mettre en relation avec la multiplication des écrans.

On constate également, ces dernières années, une baisse de la lecture, pourtant fondamentale pour l’orthographe, le langage et l’écriture. On observe la disparition de l’écriture manuscrite alors même qu’il est avéré que l’écriture manuelle favorise le développement du cerveau, engendre une meilleure prise de notes et la mémorisation du savoir.

La dépendance aux écrans entraîne une addiction, une accoutumance ; il faut donc aller dans des centres de désintoxication, avec une prise en charge de patients qui présentent des symptômes plus graves que pour la drogue : manque, impulsivité, agressivité.

Le cyberharcèlement est devenu un phénomène de masse. D’après l’Organisation mondiale de la santé, 20 % des élèves en sont victimes, soit plus de 2 millions d’enfants.

Il est de plus démontré que la cyberpornographie favorise la cyber prostitution.

Quelques éléments à considérer à propos de la technologie

Les appareils « intelligents » émettent des micro-ondes 24h/24 et 7j/7

Les téléphones portables et les appareils sans fil émettent tous des rayonnements micro-ondes. Les téléphones portables et le Wi-Fi n’ont pas fait l’objet de tests de sécurité à long terme avant leur mise sur le marché.

Les limites d’exposition aux rayonnements sans fil n’ont pas changé depuis des décennies. Et ces réglementations obsolètes sont basées sur un adulte de grande taille, pas sur un enfant.

La santé et la sécurité doivent toujours primer

Pour revenir sur la santé

Aucune étude indépendante n’est parvenue à démontrer à ce jour un effet positif du numérique sur les apprentissages, tout comme aucune étude n’a démontré que l’absence d’écran affectait la réussite scolaire ou le développement de l’enfant ; au contraire.

On peut constater :

1 – Entrave à la maturation cérébrale et au développement de la motricité fine (écriture, dessin),

2 – Régression des capacités intellectuelles et cognitives : entrave à la réussite scolaire, à la construction de l’intelligence,

3 – Troubles de la communication et du langage,

4 – Baisse de l’attention : entrave à la concentration et à la mémorisation,

5 – Baisse de l’activité physique induisant surpoids et obésité juvénile, puis diabète et problèmes vasculaires,

6 – Chute du sommeil,

7 – Isolement et comportement autistique,

8 – Intolérance à la frustration et absence d’empathie.

L’exposition aux ondes de haute fréquence, comme celles émises par les téléphones portables, augmentent la température des tissus biologiques, et pourraient même provoquer des troubles de la vision, des effets sur le système nerveux et des troubles cardiaques.

Peut apparaître également le syndrome d’électrohypersensibilité (EHS) par lequel les individus ressentent des symptômes variés, tels que maux de tête, fatigue, nausées, douleurs musculaires et cutanées, lorsqu’ils sont beaucoup exposés à des champs électromagnétiques émis par des appareils électroniques et des technologies sans fil. 5 % de malades en 2023 ; probablement 30 % en 2030.

Plus grave encore, les personnes qui utilisent leurs portables de façon trop intensive auraient presque trois fois plus de chances de souffrir d’une tumeur cérébrale du côté où ils placent leur téléphone.

L’Académie des Pédiatres Nord-Américains, déjà en 2013, alerte sur le fait que les normes d’exposition aux radiofréquences, non revus depuis 2002, ne prennent pas en compte la vulnérabilité des enfants et des femmes enceintes.

Déclaration internationale sur les droits de l’enfant à l’ère numérique (1er nov. 23)

La transformation spectaculaire de notre monde en un monde de plus en plus imbriqué dans la technologie numérique a un impact important, souvent négatif, sur la vie des enfants. Dans cette déclaration internationale, nous posons trois droits juridiques fondamentaux des enfants concernant le déploiement et l’utilisation de la technologie :

leur droit d’être à l’abri des appareils, plateformes et applications qui créent intentionnellement une dépendance ;

leur droit d’être à l’abri d’une exposition excessive aux rayonnements sans fil ;

et leur droit d’être à l’abri de l’exploitation commerciale.

L’existence des droits légaux des enfants est bien reconnue, mais ils ne sont pas appliqués de manière adéquate ou uniforme, en particulier lorsque ces droits entrent en conflit avec de puissants intérêts commerciaux. Nous vous invitons à vous joindre à nous dans cet effort de sensibilisation à ces droits fondamentaux et à encourager les gouvernements et les agences du monde entier à reconnaître ces droits et à prendre des mesures de protection.

les gadgets technologiques, en s’immisçant dès l’enfance, permettent une nouvelle colonisation du capitalisme : celui des enfants en les intégrant tout-petits à la société de consommation, par le bombardement de publicités et d’images qui vont d’une part créer des faux besoins, d’autre part les inciter à consommer plus d’écrans et plus de contenus médiatiques. Le numérique a ainsi envahi l’école. On l’a vu avec le confinement de 2020.

Le mal nous vient des GAFAM (GoogleAppleFacebookAmazonMicroft) et de la Silicon Valley. Ces gens-là ont travaillé sur comment capter l’attention de tous et notamment des jeunes et des enfants, vieilles cibles des publicitaires. Or les dirigeants et cadres des GAFAM ont pris des mesures radicales pour protéger leurs propres enfants des écrans et téléphones mobiles.

Des fabricants de mobiles truquent à une grande échelle les DAS (Débit d’Absorption Spécifique) de leurs appareils, soit à la conception, soit lors des mises à jour. Ceci est encore plus dangereux pour les enfants et jeunes adolescents. Ces fabricants doivent être impitoyablement poursuivis en justice.

D’où l’importance de lire

M. DESMURGET en a écrit un livre récemment.

Des livres offerts aux nourrissons de l’hôpital

Cette opération nationale était organisée par la Fédération nationale des orthophonistes. À Rennes, sous l’impulsion de l’association À propos, treize d’entre eux se sont rendus dans les services de maternité et de néonatalogies de l’hôpital Sud et de la clinique de la Sagesse à Rennes. Ils ont mis sur pied l’opération Un bébé-un livre. Pour vanter les bienfaits de la lecture sur le développement.

L’orthophoniste explique l’importance de parler, chanter et lire, même aux enfants du plus jeune âge : « Notre message, c’est : lisez-lui des livres, même s’il ne sait pas lire ! »

Même opération à Paris : des livres pour accompagner le développement du langage des nouveau-nés : un projet porté par deux orthophonistes de Port-Royal à l’hôpital Cochin.

Loi Abeille (février 2015)

La loi Abeille impose des limites à l’exposition aux ondes électromagnétiques dans certains lieux sensibles comme les écoles primaires, les garderies et les crèches.

La loi Abeille prévoit l’interdiction de l’installation du wifi dans les espaces dédiés à l’accueil, au repos et aux activités des enfants » ; dans les établissements accueillant les enfants de moins de 3 ans (crèches et garderies) ainsi que la désactivation des dispositifs Wifi dans les écoles primaires (en dehors des activités pédagogiques qui les nécessitent).

Que faire ?

– Pas d’écrans avant 6 ans

– 30 minutes/jour de 6 ans à 12 ans

– 60 minutes/jour après 12 ans

– Pas dans la chambre

– Pas une heure avant de dormir

– Pas pendant les repas

– Pas pendant les trajets en voiture

– Pas le matin avant l’école

– Pas de smartphone avant 15 ans ; comme pour les enfants de dirigeants des GAFAM

– En tant que parents ne pas se servir du smartphone de manière prolongée en présence de vos enfants ; voire ne pas s’en servir du tout.

– S’équiper d’un téléphone au DAS le plus faible possible.

– Éteindre le téléphone la nuit ou le mettre en mode avion si l’on ne s’en sert pas ;

– Ne pas utiliser le téléphone dans les endroits où le réseau est mauvais, saturé ou difficile d’accès.

– Ne pas parler longuement au téléphone.

– Utiliser le kit mains libres ; ne pas garder le téléphone trop proche de son corps (poche de pantalon ou de chemise) ; le garder dans son sac à main. En tous les cas, pas dans les poches près des organes sexuels ou des seins.

– Autoriser éventuellement l’usage du téléphone sans internet pour les jeunes de moins de 15 ans afin d’établir un lien avec les parents (heures de sortie scolaire etc.)

– Privilégier le haut-parleur en cas de dialogue. En effet, le contact du téléphone avec l’oreille augmente considérablement l’effet thermique des ondes sur sa peau et peut élever la température actuelle.

– Se servir d’appareils informatiques équipés d’une prise Ethernet par branchement filaire notamment dans les écoles.

– Désactivez la WIFI et du BLUETOOTH.

– Évitez les objets connectés (montres…) au moins pour le respect de la vie privée au niveau de leurs données qui peuvent être collectées.

– Habiter dans la mesure du possible loin des antennes-relais.

– Privilégier pendant les vacances des endroits dans la nature afin de se ressourcer.

– Respecter les recommandations de l’OMS et des associations de pédiatres en interdisant de vendre ou faire la promotion d’applications pour smartphones pour les enfants de moins de 3 ans.

– Interdire l’accès des mineurs aux contenus pornographiques jusqu’à 18 ans, conformément à la loi.

– Il faut rappeler que le harcèlement numérique est un délit (risque pour les auteurs de harcèlement jusqu’à 3 ans d’emprisonnement et 45 000 € d’amende).

– Le Collectif « lève les yeux » propose aussi la fin des écrans publicitaires dans les lieux publics (rues, gares, stations de transport en commun), y compris les écrans à l’intérieur des boutiques.

Le système scolaire doit remettre en cause sa pratique de l’écran

– Aucun écran présent au sein des crèches, des écoles maternelles et des écoles primaires. Les connexions pour l’administration doivent être filaires et wifi et Bluetooth interdits.

– Aucun écran en dehors de l’enseignement de l’informatique au collège.

– Les écrans utilisés dans le cadre scolaire doivent rester dans les établissements.

– Fin du principe de remplacement des cahiers et des livres par des tablettes numériques coûteuses, souvent détournées de leur usage éducatif.

Aucun écran présent au sein des crèches, maternelles, et écoles primaires

– Aucun écran en dehors de l’enseignement de l’informatique à partir du collège ; donc, comme en Suède, les remplacer par des livres et des cahiers.

– « Droit à la déconnexion » des familles, qui doivent pouvoir échanger avec les établissements scolaires sans passer par internet.

https://www.education.gouv.fr/interdiction-du-telephone-portable-dans-les-ecoles-et-les-colleges-7334

Il appartient à chaque établissement de déterminer des modalités pratiques pour assurer le respect de la loi. Pour cela, il faudra modifier le règlement intérieur.

– le ministre de l’Éducation nationale a assuré que « concernant l’usage des écrans à la maison, nous sommes proches d’une catastrophe sanitaire et éducative chez les enfants et les ados ». Face à ce problème, Gabriel Attal veut proposer « des alternatives » chez les plus jeunes.

Il estime nécessaire d’avoir « au moins deux heures par jour consacrées à des activités autour de la lecture dès le CP » et « de faire lire au moins deux textes de plus de 1 000 mots par semaine dans les classes supérieures de l’école primaire ». L’un des projets du ministre est de réunir « plusieurs fois dans l’année » parents d’élèves et professeurs pour « un temps d’échange », « afin d’expliquer l’impact des écrans avec des professionnels de santé et des associations ».

« Nous allons aussi développer les prêts de livres aux plus jeunes, ainsi que les initiatives autour de l’écoute », a indiqué Gabriel Attal. 

– Interdiction du téléphone portable dans les écoles et les collèges

Une vaste campagne publique de sensibilisation et de prévention au sein des établissements scolaires et structures d’accueil de jeunes sur les effets des écrans et des contenus inappropriés basée sur des études indépendantes de tous conflits d’intérêt.

– Pour beaucoup de collectivités, cela coûte cher d’offrir des tablettes ; et cela nuit aux enfants.

Quelques livres INTÉRESSANTS (liste non exhaustive)

– Nicolas BERARD : 5G mon amour

– Denis BOURGEOIS : le monde de la 5G, la démocratie en péril

– Janine BUSSON : super-héros, plus fort que les écrans

– Michel DESMURGET ; 2 livres : la fabrique du crétin digital ET Faites-les lire

– Anne-Lise DUCANDA : les tout-petits face aux écrans

– Fabien LEBRUN : on achève bien les enfants ; il en prépare un autre

– Yves MARRY et Florent SOUILLOT : la guerre de l’attention

– Éric MARTIN et Sébastien MUSSI : bienvenue dans la machine