Baisse du prix réglementé, hausse des taxes
Baisse des prix réglementés…
Il est annoncé 15 % de baisse du tarif réglementé de vente d’électricité (TRVE) au 1e février 2025. Ce qui concerne 70 % des ménages français (ceux soumis au « tarif bleu » d’EDF, actuellement 60% des ménages soit 20,4 millions, ou ceux indexés sur ce tarif, environ 4 millions).
C’est une baisse bienvenue (la plus importante depuis 2015) après des mois de hausse vertigineuse des factures énergétiques. Mais en fait très tardive par rapport à celle des cours sur le marché de l’électricité, en forte baisse depuis août 2022.
… et hausse des taxes
Mais, dans le même temps, l’État en profite pour augmenter les taxes par le biais du TURPE (Tarif d’Utilisation des Réseaux Publics d’Électricité) : 7,7% sur le tarif de distribution, incluant l’augmentation de 9,6% du tarif de transport. Il faut rappeler que l’ensemble des taxes sur l’électricité représentait déjà plus de 50% du coût de l’énergie facturée.
Et cette surtaxation nous concerne tous, ceux émargeant au tarif régulé comme ceux s’approvisionnant sur le marché libre. Donc, pour ces derniers, au 1e février il y aura bien un alourdissement de leur facture dues à ces taxes supplémentaires.
Par ailleurs, la fin du « bouclier tarifaire » au 1e février se traduit par une hausse de l’accise (ex-TICFE/CSPE, autre taxe), qui passera de 21€ le MWh à 33,70€. Décision prise par l’ex-gouvernement Barnier, confirmée par Bayrou, qui devrait rapporter près de 3 milliards d’€ de recettes pour l’État…
Ces augmentations correspondent bien à un impôt déguisé, non progressif donc plus durement ressenti par les plus pauvres (pendant que les plus riches, bénéficiaires de l' »optimisation fiscale » – la fraude légale – sont eux très peu imposés : Rodolphe Saadé, PDG de la CGA-CMA, ne serait soumis qu’à un taux d’impôt de 1,25 % !).
Pas de changement pour ceux qui ont refusé le Linky
Pas de changement majeur au 1e février. S’il devait y en avoir un, ce serait plutôt pour août 2025 (lors de l’adoption de la version 7 du TURPE).
Donc nous sommes toujours sous l’obligation de transmettre notre auto relève au moins une fois par an depuis le 1e janvier 2022 selon la procédure ci-dessous. Sinon il nous est facturé 56,68 € TTC par an, soit 4,72 € TTC par mois (ou 9,44 € tous les deux mois).
Suite à la délibération de la CRE du 6 janvier 2025 (p.9), le montant annuel est cependant augmenté de 8,05 % : il passe à 61,20 € TTC, soit 5,10 € TTC par mois (ou 10,20 € tous les deux mois).
Ceux qui sont informés et qui suivent une procédure de déclaration à Enedis au moins une fois par an (comme indiqué ci-dessous) ne paient rien, mais il en est – mal informés ou dans l’incapacité de déclarer – qui paient…
Fiche explicative pour la déclaration de votre consommation électrique depuis le 1e janvier 2022
https://halteaucontrolenumerique.fr/wp-con
Pour la nouvelle taxation applicable à partir du 1e août 2025 :
1° la CRE doit obligatoirement prendre une délibération sur le sujet (qui n’existe pas actuellement !),
2° dans les résultats de sa consultation pour la période 2025-2028 (préparatoire à l’élaboration du TURPE 7), la CRE annonçait une taxation possible de 41,58 € par an (soit 3,47 € par mois ou 6,93 € tous les deux mois) – cette fois-ci sans possibilité d’y déroger -, plus 25,08 € par an (2,09 € par mois ou 4, 18 € tous les deux mois) « si les usagers ne transmettent pas eux-mêmes leur relevé de consommation ou s’ils ne planifient pas un rendez-vous de relève« .
Ce qui, du coup, est bénin face aux contraintes qu’impose le Linky à ses « heureux » détenteurs (ondes, télécommande à distance de son installation par Enedis, surveillance, changement de prix instantané…) !
Vers une refonte des heures creuses / heures pleines ?
Cette refonte n’interviendrait elle aussi qu’à partir d’août. Elle concerne 15 millions de foyer, qui pouvaient bénéficier de tarifs plus bas (heures creuses), principalement la nuit. C’est Enedis, le gestionnaire du réseau, qui fixe les horaires dans chaque localité.
Enedis cherche à s’adapter à l’essor de la production d’électricité solaire. Les jours ensoleillés notamment, la production d’électricité photovoltaïque est abondante de 11 à 16 h), où justement la consommation est faible, les habitants étant le plus souvent au travail. Les cours du kWh sur les marchés chutent à ces heures jusqu’à basculer dans le négatif (au premier semestre 2024, la France a connu 233 h de prix négatifs selon Enedis).
Donc on n’est pas dans la prise en compte de l’intérêt des usagers (ce que voudrait faire croire la CRE) mais dans une histoire de gros sous, Enedis cherchant juste à inciter les particuliers à placer leurs consommations programmables sur ces plages horaires. Le nombre d’heures creuses resterait plafonné à 8 par jour (5 ou 6 heures de nuit, les 2 ou 3 heures restantes étant placées l’après-midi).
La CRE , « régulateur » pervers de la consommation énergétique
On pourrait s’attendre à ce qu’une instance de ce type laisse une large place aux représentant.es des habitant.es mais aussi des collectivités, des acteurs sociaux… Il n’en est rien : la CRE (Commission de régulation de l’énergie) c’est seulement 5 membres, dont Emmanuelle Wargon, sa présidente, ancienne ministre nommée par Macron.
Pour quelle politique ? La vidéo ci-dessous (produite par les élu.es au CSEC d’EDF et d’Enedis) montre clairement que seuls les intérêts de quelques gros acteurs privés (dont Total Energie) sont favorisés. De fait, les tarifs réglementés qui devraient protéger les usagers, notamment les plus faibles, sont manipulés : ce qui conduit à cette baisse très tardive et à ces hausses de taxes ainsi dissimulées, aussi à la volonté d’une relance du programme nucléaire au profit … des big tech qui veulent approvisionner leurs IA massivement énergivores.
RAPPEL : La cour des Comptes a publié un ultime rapport sur le Linky (voir notre analyse et celle de Stéphane Lhomme)
En résumé, celui-ci confirme ce que nous pouvons dire depuis de longues années :
- au prix d’un investissement démesuré et si peu écologique, Enedis y a gagné un outil de surveillance et de commande à distance des installations des usagers
- ces usagers paient l’intégralité du surcoût, sont surfacturés sans aucune économie réalisée sur la consommation et bénéficient, par contre, de la pollution engendrée par l’électrosmog ainsi produit…