La municipalité a des doutes sur la pertinence de la multiplication des antennes-relais sur son territoire
Baisieux est une charmante petite commune du nord de la France. Elle est assaillie par les antennes relais des différents opérateur. Le maire et son conseil municipal ont de grands doutes sur la pertinence de cette multiplication sauvage.
Confronté aux opérateurs, aux Agences d’État, la Préfecture, aux discours lénifiants des médias, le maire de Baisieux a l’impression de se heurter à un mur. Alors, à tout hasard, il a convoqué le journal local pour lui confier sa désarroi. L’article titre : « le coup de gueule du maire contre la pression des opérateurs de téléphonie mobile ». Un coup de gueule, c’est un début. Cela permet de se défouler de la frustration. Mais cela ne change guère la situation. « Je ne dis pas qu’on ne veut pas d’antennes. Mais notre volonté, c’est de les mutualiser pour éviter l’éparpillement », précise l’élu.
Sa position est délicate
Entre la volonté de ses électeurs d’avoir un réseau téléphonique solide à disposition et son devoir de réduire dans des proportions raisonnables les nuisances de la téléphonie sans fil, sa marge de manœuvre est très étroite. Elle est même nulle en réalité ! Le système est ficelé pour que l’on se passe de son avis … comme de celui des administrés ? Le permis de construire, délivré par la mairie, relève de la pure hypocrisie. Dans la pratique, seul l’avis de l’opérateur est pris en compte. Si ce dernier délivrait ses propres permis de construire, ce serait plus efficace. On réaliserait des économies dans le personnel des collectivités locales et dans les services de la justice … ce qui serait très bien vu dans cette période de grand déficit public.
Baisieux est représentatif de ces communes françaises qui se heurtent à la puissance des opérateurs. Il y a quatre ans, SFR a le projet d’installer une antenne de 36 mètres de haut dans la commune. « Nous avons travaillé avec cet opérateur, qui nous a entendus », commente le maire. A leur tour, Bouygues et Free entendent désormais construire de nouvelles antennes. La mairie leur suggère de mutualiser leurs nouvelles installations avec celle de SFR. Mais la position reçoit un refus. L’article du journal ne précise pas les motivations du conseil municipal à défendre cette position de bon sens. En général, élus et collectifs de riverains reprochent aux nouvelles antennes leur nocivité et leur impact visuel.
Une antenne de 36 m de de haut, c’est laid!mais deux antennes, c’est bien plus laid !
Quant à quatre ou cinq antennes … Les antennes en France sont calées sur les normes permissives de l’ICNIRP : 41 V/m ou 61 V/m suivant les fréquences, contre 3 V/m au Luxembourg, ou 6 V/m en Italie. C’est tout à fait déraisonnable. La proposition de mutualisation n’a pas été bien accueillie. « L’opérateur nous a attaqués en justice. Il y a une audience sur le fond en cours et un référé jugé », regrette le maire. Le tribunal administratif a enjoint la commune de délivrer un certificat de non-opposition. C’était couru d’avance, tout est planifié dans les différentes instances nationales et européennes pour produire ce résultat ! Le permis de construire du maire et l’enquête publique , c’est juste pour faire illusion et pour amuser la galerie. La nouvelle installation est exclusivement actée par un contrat de droit privé entre l’opérateur et le propriétaire de la parcelle. Ce dernier perçoit en moyenne 15 000 € de doit d’entrée et 15 000 € de bail chaque année.
Les candidats se bousculent au portillon
Par les temps qui courent, c’est de l’argent facilement gagné. Sauf, vice de forme, la décision n’appartient qu’à l’opérateur. L’autre biais juridique est d’attaquer la nouvelle installation en relation avec la toxicité avérée des ondes radio qu’elle génère. Cela arrive parfois à la campagne où vaux, vaches, cochons, poulets et lapins, plus sensibles que les humains, passent de vie à trépas. Là encore, l’arsenal juridique donne tort aux victimes. Le Conseil d’État, constatant que l’émission de l’antenne est intérieure aux normes légales – stratosphériques – donne toujours quitus à l’opérateur. Il y a un hiatus entre la théorie et la pratique ! Les nuisances constatées en pratique sont invalidées par le fait que, théoriquement, elle ne devraient pas survenir. Mais l’omerta a ses limites. Aux États-Unis, où le réseau 5G a pris de l’avance, sous l’effet du « bouche à oreille », un bien situé à moins de 300 mètres d’une antenne relais perd 20 à 30 % de sa valeur, tandis qu’une propriété à une trentaine de de mètre de la source polluante est carrément invendable. Les implantations des antennes-relais fonctionnent comme un système de vases communicants. Quelques personnes vont pouvoir en retirer le plus grand profit avec l’argent soustrait de la poche du plus grand nombre.
L’idée du maire de Baisieux relève pourtant d’un certain bon sens
Si on poussait au maximum cette logique, on pourrait améliorer la situation existante. Pourquoi polluer quatre fois au lieu d’une ? Mutualiser les antennes-relais permettrait de diviser par quatre les émissions toxiques des champs électromagnétiques. On diviserait aussi par quatre la consommation électrique dans un contexte où la 5G se développant demande 50 % d’énergie de plus que la 4G. Ce serait bon plus la planète, mais contraire au principe de « la concurrence libre et non faussée » qui régit toute l’économie européenne. Les habitants de communes et leurs élus sont les victimes collatérales de la bureaucratie libérale qui a pris en main toute décision dans le domaine des ondes sans se soucier des conséquences sur le terrain.
http://blog.prophoto.fr/la-municipalite-a-des-doute
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commentaire
En Italie, Giorgia MELONI, Président du conseil des ministres italiens est déjà revenue sur sa position initiale. Elle accepte maintenant des antennes avec des normes supérieures à … 14 V/m au lieu de 6 V/m. C’est tout de même déjà mieux qu’en France … mais c’est un premier recul !
Par ailleurs, cela n’empêche pas de poser l’éternelle question : pourquoi tant d’antennes 5G ou 4G ? Pourquoi tant de production électrique s ? …