Pour un droit universel et imprescriptible à la déconnexion
C’est ce que nous disons depuis longtemps. Il faut le répéter car c’est de plus en plus d’actualité.
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Chaque année, l’emprise des nouvelles technologies se développe et, parallèlement les liens humains sont mis à mal. L’obsolescence de notre humanité est programmée. La généralisation des GPS a réduit notre sens de l’orientation, les encyclopédies en ligne diminuent notre capacité de mémorisation, l’enseignement par les écrans réduit les performances scolaires (selon le rapport PISA de l’OCDE), et l’intelligence artificielle achève de nous mettre k.o. Les perspectives de l’Internet des objets et les délires transhumanistes d’humanité « augmentée » ont de quoi effrayer le commun des mortels.
Les humains sont amenés à dialoguer de plus en plus avec les machines.
La connexion est souvent exigée au quotidien, par exemple pour télétravailler, recevoir un colis, envoyer une lettre, ouvrir une porte d’immeuble, effectuer une opération bancaire, prendre un rendez-vous médical ou auprès des services publics. Se mettent en place actuellement la suppression des billets de trains, la fin des tickets de caisse, l’arrivée de l’euro numérique, tout cela entraînant des mouvements d’informations mensongèrement qualifiées de « dématérialisées » vers les centres de données (« data centers ») énergivores, situés sur plusieurs continents.
La propagande anti-papier (qui aurait été bienvenue à l’époque des montagnes de publicités déversées dans les boîtes aux lettres) a tellement formaté nos esprits que l’on croit en toute bonne foi être vertueux pour la planète en recevant un flot de publicités par internet, oubliant l’énorme empreinte écologique nécessaire pour la fabrication et le fonctionnement des outils électronumériques. Le papier peut être recyclé six fois alors qu’un ordiphone (trompeusement appelé « smartphone ») n’est quasiment pas recyclable !
Nous voulons pouvoir garder des billets de trains, des chèques, des places de cinéma et des passeports en papier si nous le souhaitons ! Nous préférons questionner un fonctionnaire plutôt qu’un robot dans nos démarches administratives.
Avec l’alibi de la commodité et du « progrès », invoquant parfois avec cynisme la transition écologique (!), le système économique, qui ne recherche que l’optimisation des profits à court terme, crée de nouveaux marchés innovants, comme ceux de la voiture électrique ou de la 5G qui nous transformera en troupeau addict facile à surveiller et perdu sans sa prothèse électronumérique.
Cette société du tout-connecté est écologiquement irresponsable et insoutenable : pourquoi charger la barque électrique alors que nous frôlons déjà la pénurie de courant ? Pourquoi développer ces outils qui appauvrissent les ressources limitées de la planète, polluent et détruisent la biodiversité sans limiter notre empreinte carbone ? Il faut 183 kilogrammes de matières premières pour fabriquer un « smartphone » qui pèse 170 grammes, et 32 kilogrammes pour le circuit intégré d’une puce électronique de 2 grammes. La guerre (mondiale) des terres rares et de l’eau a déjà commencé, car de l’eau, il en faudra de plus en plus pour fabriquer les outils numériques et refroidir les centrales nucléaires.
Le constat de la perte des liens humains, concomitant au saccage de la planète, commence à être documenté et vécu comme une catastrophe, y compris par les jeunes générations, pourtant les plus connectées. Ce désastre nous oblige à changer de cap et ce n’est certainement pas en contraignant tout le monde à survivre et à consommer par l’intermédiaire d’un « smartphone », ou même d’une connexion filaire, que nous sauverons l’humanité et le vivant.
Or, le tout-connecté, en passe d’être imposé, peut entraîner un mal-être, la discrimination de personnes peu à l’aise avec Internet et des souffrances pour les électrohypersensibles (EHS), dont les cas sont de plus en plus nombreux à cause de l’accumulation des générations d’ondes téléphoniques et des compteurs communicants.
Les enjeux sanitaires liés aux ondes artificielles pulsées sont sous-estimés sous la pression des lobbies qui manipulent les organismes de régulation, eux-mêmes en proie aux conflits d’intérêts. Le marché ne tient pas compte du fait, avéré, de la vulnérabilité des enfants.
Sont également discriminées les personnes qui, par souci écologique refusent la gabegie énergétique, par manque de moyens refusent d’acheter des objets trop vite obsolètes, par conscience humanitaire refusent l’exploitation d’enfants dans les mines de cobalt au Congo, par conscience politique refusent l’emprise de Big Brother, ou tout simplement refusent le « smartphone » pour être maîtres de leur temps plutôt que d’être « accros ».
Or, la solution existe pour remédier à ce cauchemar qui arrive. Elle est simple, bon marché, porteuse de joie de vivre et à la portée de tout le monde : C’est la déconnexion. Ce pas de côté permettrait le retour de la poésie et du vivre ensemble.
L’ordiphone devient un boulet. Qui n’a pas goûté au bonheur de se déconnecter du travail et des contingences matérielles pendant les vacances ? Pourtant, combien d’entre nous ont sombré dans l’addiction à cette drogue douce qui captive notre attention, nous empêche de réfléchir et de cultiver des liens avec notre environnement tant humain que naturel ? Les réseaux dits « sociaux » nous influencent sans recul et la publicité, de plus en plus intrusive, nous manipule malgré nous.
Afin de soulager les EHS, pourquoi ne pas prévoir une voiture sans wifi dans chaque train et une zone blanche dans chaque département ? La compassion est nécessaire face à leur désarroi, et un peu moins de pollution électromagnétique serait bénéfique pour tout le monde, règnes animal et végétal inclus.
Avant qu’il ne soit trop tard, il est temps de tourner le dos à l’ébriété extractiviste mortifère et à mettre en pratique une véritable sobriété qui commence par une sobriété électronumérique.
Il n’est jamais trop tard, la connexion n’est pas une fatalité, c’est un choix de société. Il est temps de fixer des limites et de ne pas toujours s’en remettre à la machine. Il est encore temps de tisser des liens humains, sans le filtre des algorithmes, et de réapprendre l’autonomie humaine.
C’est une question à la fois de défense des libertés, de protection sociale, de qualité de vie, de reconnaissance des minorités, avec en plus l’aspiration à décoloniser notre imaginaire.
Il est temps de compléter la déclaration universelle des droits humains.
Nous refusons l’obligation de connexion et réclamons un droit à l’objection numérique quand et si nous le décidons.
Nous exigeons que soit institué, pour tout le monde, UN DROIT UNIVERSEL ET IMPRESCRIPTIBLE À LA DÉCONNEXION.
Et nous le voulons gravé dans le marbre de la loi.
Résistance 5G Nantes